Le contraire de un

🌋 « Il n'existe ni trahi ni traître, ni juste ni impie, l'amour existe tant qu'il dure et la ville tant qu'elle ne s'écroule pas. Puis il existe les bagages et on redevient réfugiés, sans l'excuse de la malédiction d'une guerre, sans un malheur à partager avec d'autres. de cette addition, tout à déjà été payé et le solde était qu'il fallait se lever de la chaise, de la chambre et de la ville. »

🌋 Erri de Luca fait partie de ces poètes amoureux de la nature, de leur terre, et donc chaque phrase est un vibrant hommage. Dans ce recueil de nouvelles, l'auteur napolitain met à l'honneur sa ville, son histoire, ses femmes, ses dons, ses fuites et ses espoirs, sans en exagérer le trait, sans même les sublimer. Si je n'ai pas été sensible à toutes ses nouvelles, certaines, dont l'extrait ci-dessus fait partie, m'ont parlé. Histoire de rencontres, de non-dits et d'actes manqués, de probabilités et d'imprévus, la vie est une suite de péripéties bien souvent plus inattendues les unes que les autres.

🌋 le contraire de un est un hymne à l'ensemble, aux rencontres, à l'introspection aussi, la soif de se connaître, à tous ces moments d'échange alors que l'on se croyait seul, à tous ces moments où l'on est seuls ensemble.

🌋 « J'en ai mis du temps à me répéter que c'était tout, que ce peu-là portait la plénitude de l'entier. Je ne comprends pas à temps. J'ai besoin d'aller et de repasser sur l'évidence pour l'admettre et l'oublier. »

N°460 - Octobre 2010
Le contraire de un – Erri de Luca – Gallimard.

Le titre de ce recueil de nouvelles est à la fois énigmatique et évident ainsi que le note la 4° de couverture « Deux n'est pas le double de un, de sa solitude. ».
Un recueil comporte toujours une unité que recherche inconsciemment le lecteur. Ici, il présente deux parties et singulièrement c'est la deuxième, intitulée « Les coups des sens » et qui est la reprise d'un recueil publié quelques années plus tôt, où se justifie le plus ce titre. Ces courts textes qui évoquent effectivement les cinq sens sont, selon l'auteur, destinés à défaire «  le temps de quelques pages le noeud lâche et le noeud serré des récits sur l'aventure du deux, le contraire de un ». Ils se réfèrent principalement à des souvenirs de son enfance napolitaine, solitaire sans doute. Il confesse «  Je suis d'un siècle et d'une mer mineurs. Je suis né en leur milieu, à Naples en 1950 ». Plus loin De Luca confie à son lecteur «  Il a bien dû exister pour moi une heure où j'ai connu de quoi était fait l'envers des solitudes, le contraire de un » ou bien encore «  nous sommes deux, le contraire de un et de sa solitude suffisante ». le ton est donc donné.

Le recueil s'ouvre sur un poème à Mamm'Emilia (sa mère?). Il se poursuit par des textes où il est possible de lire la trace de son expérience militante, entre charges de police, gaz lacrymogènes et manifestations révolutionnaires, mais rapidement cette impression se dissipe et laisse place à une vision du monde différente, plus intime bien que fugace, comme en filigranes : « La jeune fille à la jupe bleue s'éloigna ce jour-là et qui sait qui a mérité de l'avoir entre ses bras ». Vient un autre texte, celui qui met en scène une femme qui attend son assassin sans le connaître qui aspire à la mort mais rejoint la vie grâce à une rencontre de hasard. Les femmes (ou les jeunes filles) comptent beaucoup dans l'oeuvre de de Luca, elles accompagnent souvent un parcours intime d'adolescent puis plus tard d'adulte, parce qu'elles sont l'objet de fantasmes, soit parce qu'il en tombe amoureux et qu'elles font un petit bout de chemin avec lui, soit parce qu'elles sont une sorte d'ombre dans sa vie qu'elles ne font que traverser. Que se soit durablement ou non, elles suspendent pour lui le temps et font échec à sa solitude, sont effectivement le contraire de un.

Ce sont des impressions d'enfance et d'adolescence napolitaines, pas vraiment tristes mais empruntes d'une certaine mélancolie. Les phobies ne sont pas absentes non plus (la mort, le noir, l'enfermement, l'étouffement, la peur de l'avenir...) qui sont des variantes de la solitude. Cette impression est prégnante tout au long de ces nouvelles et même lorsque qu'une équipe se forme, il revient toujours à ce concept de l'unique (« la moindre cordée de deux, même si elle s'entend bien, en a toujours un qui encaisse moins bien la retraite, qui voudrait risquer un peu plus » ). Plus tard, c'est sans doute en réaction contre cette enfance solitaire qu'il s'engagera dans des actions collective où l'individu certes agit conformément à un idéal individuel, mais le fait à l'intérieur d'un groupe.

Je ne peux passer sous silence la poésie qui s'attache à l'étrange attraction des mots (« J'observais plutôt la querelle des couleurs sur le marché de la palette qui avait un trou pour le pouce et le sien trempait dans la sauce de l'arc en ciel »).

l'hypothétique lecteur de cette chronique se sera sans doute rendu compte de l'intérêt que je porte à l'oeuvre d'Erri de Luca non seulement par la qualité de son écriture simple et authentique (qu'une traduction fidèle ne trahit pas) mais aussi à cause de son engagement politique, militant et humanitaire sans concession.

Chacun de ses livres est en tout cas pour moi un bon moment de lecture.


 Hervé GAUTIER – Octobre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com

Critique littéraire

Le contraire de un de Erri de Luca
3,5 / 5

«Le contraire de un, tout simplement la recherche d'un équilibre a deux».

Le livre n'est pas un roman classique,il s'agit d'un recueil de récifs autobiographiques.Dès le début de la lecture le «je» nous invite dans les histoires de l'auteur depuis sa jeunesse où il milite, jusqu'à l'alliance à deux personnes:«le contraire de un».



Le livre parle d'engagement politique,de montagne,de rencontre amoureuse.Ces récits retracent quelques épisodes de la vie de l'auteur et on s'identifie dans le choix entre faire face à la solitude ou choisir quelqu'un pour être ensemble, être deux.
Dès le début,on entre dans quelque chose de fort avec le poème dédié à sa mère «Mamm'Emilia» et plus largement à toutes les mères avec la dédicaces «Aux mères,parce qu'être deux commence par elle». Erri de Luca décrit ici un monde où la solitude est faite de moment précieux,d'alliance et de solidarité.On le retrouve par exemple avec le récit «Aide» à partir de la page 46 et qui commence par une interrogation « vous avez besoin d'aide ? ».
L'auteur manifeste une sincérité dans le récit de ses souvenirs. Il raconte avec une écriture sensible des fragments de parcours d'un homme amoureux de la vie
Citation:
«parce qu'être deux commence par elle»