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EAN : 9782072822544
176 pages
Gallimard (07/02/2019)
3.54/5   183 notes
Résumé :
Un soir d'orage, un homme lit un conte pour enfant à son fils, dans la pénombre. Le narrateur rêve cette scène et un fils qui n'a jamais existé. Il imagine qu'il lui parle de sa vie, de son enfance napolitaine et, au fur et à mesure, la parole intime donne consistance à ce fils imaginaire.
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 183 notes
Haute voltige
Erri de Luca, l'immense Erri de Luca.
Chacune de ses phrases, aussi courte soit-elle, est un véritable moment de grâce.

L'auteur se fait tardif, d'enfant, il n'en a pas eu, n'en aura probablement jamais. Alors dans ce court roman à la densité incandescente, il s' invente un fils, lui donne corps un soir d'orage sans électricité, à la lumière rougeoyante d'un feu de cheminée et à la flamme apaisante d'une bougie. Et il en a une image précise de ce fils fantasmé, idéalisé, miroir de lui-même. S'engage aussitôt un dialogue passionnant marquant, et étourdissant de poésie.
Un face à face avec ce fils imaginaire, non de bois mais de mots, aux liens d'encre à défaut de sang, qui, sans ménagement va le pousser dans ses retranchements, le contrer, le contraindre au bilan, à une réflexion sur la vie, à l'aveu de ses failles et de ses limites, à un questionnement sur la transmission.
L'écrivain retrace sur un fil sensible des morceaux de vie, non sans une certaine hauteur et sagesse. Une analyse lucide de l'existence et un regard subtil sur son passé (son statut d'ouvrier, son militantisme, son amour de la montagne, de la solitude , la temporalité et surtout sa passion de la littérature et de l'écriture)

Ce loup solitaire invoque aussi des disparus qui s'extraient momentanément de leur gangue évanescente : son père fuyant et sa mère surtout, dont il a manqué de tendresse, pour retourner presque aussitôt dans « la coquille de l'absence ».

Sa nostalgie et sa mélancolie sont contenues, son récit sobre, sans pathos mais lumineux.

Et puis il y a...Naples, la rebelle l'anticonformiste, la théâtrale, l'intemporelle Naples. Grouillant de personnages bruyants aux tempéraments aussi explosifs que le volcan qui les domine, Naples, « leur système nerveux ».
Enfin, la métaphore du jeu de l'oie et son lancer de dés hasardeux , jeu de vivre, spirale de l'existence dans laquelle on passe et repasse.
La fin du roman est une perle d'émotion…
Absolument sublime
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"Quelle puissance la vie, elle passe au-dessus de tout. (p. 85)"

Un dialogue imaginaire entre l'auteur ... et un fils inventé; l'occasion
pour Erri de Luca, de revisiter sa vie, son parcours, ses engagements
politiques,son amour pour ses parents, un père vénéré, la Guerre ,
sa passion pour la montagne ,les mots et les langues , la solitude !...

Texte très personnel qui nous offre comme un bilan de vie avec ses joies,
ses peines, ses engagements, ses idéaux, ses envies d'améliorer
le monde ! de beaux passages sur la ville de Naples , ville aimée et
quittée !
Erri de Luca nous raconte ou plutôt relate à ce fils imaginaire
sa vie d'ouvrier, les durs métiers manuel pour subsister, et enfin la
reconnaissance pour ses écrits et son travail d'écrivain, l'amour de l'italien,
langue de son père, etc.!

"L'exil serait pour moi d'écrire dans une autre langue.
Je peux en parler d'autres, les lire, mais l'italien est ma patrie, littéralement, parce que c'est la langue transmise par mon père." (p. 99)

Entre les réflexions, anecdotes, questionnements de l'écrivain, d'autres passages en caractère gras alternent... : les réponses ou observations du dit- fils imaginaire....
Et comme toujours dans les écrits d'Erri de Luca, une simplicité confondante et la poésie des mots, omniprésente qui nous "bercent"...








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Si je l'ai vu à la télévision plusieurs fois, je n'ai rien lu de lui. Ce livre a été traduit par Daniele Valin. L'espace d'un tiers de seconde et je suis avec lui. Je ne peux rien dire du mien. Je parle sinon à une assiette qui joue avec les mots. Il s'appelait Pinocchio. Fils d'un menuisier, il l'avait fait en bois. Dans les vieux livres, les chevaux pleuraient leurs cavaliers. La clepsydre vient du verbe voler. Je me dénonce , c'est moi qui l'ai volé. Mes yeux sont secs. Je suis d'une époque révolue et je pleure pour rien. Je parle tout seul. Les femmes que j'ai tenu dans mes bras,n'ont pas voulu de moi ni de me faire un enfant. Mais j'ai eu les mots. unun peintre faisait voler un violoniste comme Chagall. Je respecte ceux qui ont des livres bien ranges .
O mon amour mon beau mon merveilleux amour de l'aube clair. Tu me regardes avec résignation. Celui qui domine ses propres désirs est le maitre de lui- meme. je ne connaissais pas de variante. Un bréviaire de la beauté, je m'extasie. je n'aurais pa pu t'elever,, je ne pouvais à peine m'occuper de moi. J'ai été de temps en temps superstitieux. Ce n'est qu'un début continuons le combat. le vent est ce qu'hier nous entendions grincer des dents. le rythme binaire des vague me seduit. le grondement de l huis également.
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Le Tour de l'oie est le roman autobiographique d'un auteur qui m'est cher, Erri de Luca. Dans ce récit parfois exigeant, le narrateur invite à la confidence, invente aussi, le temps d'un soir, le fils qu'il n'a jamais eu, qu'il n'aura peut-être jamais. De surcroît, l'auteur imagine aussi la mère de cet enfant, l'invite à son tour dans ce récit. Mais tout l'intérêt du livre réside dans ce dialogue invité, qui convoque le passé, le présent, le futur.
C'est un récit autobiographique mais aussi romanesque. Erri de Luca utilise un procédé narratif pour dire ses faiblesses, les manques dans sa vie, ses regrets... Comment le dire mieux que jamais en inventant et convoquant ce fils imaginaire...
Cette conversation se passe le temps d'une soirée. Au fil de l'échange où Erri de Luca parle au fils qu'il n'a jamais eu, j'ai été attentif et touché par l'émotion qui transpire à petites touches, même si l'auteur cherche à se cacher derrière la pudeur, les silences, des choses difficiles à dire...
Tout se passe sur le ton d'une confidence. Nous sommes au plus près d'un père et d'un fils. Le père que je suis a forcément été touché...
Le narrateur évoque des thèmes politiques, culturels, personnels aussi...
Lire, écrire, ce sont pour lui des actes fondateurs, passant de l'un à l'autre comme on traverse le gué d'une rivière...
Dans ce récit, Erri de Luca, au travers des mots du narrateur, crie son âme rebelle, l'indignité qui fonde son existence, mais forcément aussi son œuvre.
J'ai aimé les mots évoquant sa mère, le passé, la passion de la montagne, la beauté du monde, le ressac de la mer qui a bercé son enfance, la langue différente entre le napolitain et l'italien, son corps qui vieillit. J'ai aimé ces mots touchants.
Ici chaque phrase de l'auteur est un plaisir indicible qui se déplie à l'infini.
Comment transmettre l'idée d'un engagement littéraire, culturel, politique, en quelque sorte le pouvoir des mots, si aucun enfant n'est présent pour prendre le relais ? D'ailleurs, si l'enfant était là, saurait-t-il, voudrait-t-il saisir ce relais ?
C'est une nuit offerte à la confidence où le père devient fils, où le fils devient père... C’est un vagabondage sans concession, une conversation consolatrice, une traversée vers l’autre de part en part, une invitation à une confrontation aussi, parfois le ton monte. Ces deux-là s'inventent tour à tour, s'inventent des espaces où exister enfin, ce père éphémère n'aura jamais autant existé que le temps d'une nuit où il s'invente un fils, se donnant une raison d'exister, un sens à sa vie, un fil conducteur dans cette existence chaotique...
"Ta présence suffit ici et ce soir pour créer ma paternité".
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«  La littérature parvient à sauver une langue même de l'usage qu'en font les bourreaux » .
«  Les mots sont l'instrument des révélations » ….
«  Quelle puissance la vie, elle passe au - dessus de tout » .
«  Quelles tâches ingrates doivent accomplir les mots: tout remplacer » .

Quatre très courts extraits de cette autobiographie déguisée , à travers un fils inventé l'auteur—— en un dialogue imaginaire ——-revisite sa vie, ses engagements, son amour pour ses parents , sa passion infinie pour les langues, la solitude , la montagne , les combats politiques et culturels , les durs métiers manuels pour y substituer son travail d''écrivain et l'importance de la littérature .

Il dit aussi ses faiblesses , ses manques , ses incertitudes .

Le procédé d'écriture très original est un dialogue permanent , ininterrompu entre deux personnes avec le fils qu'il n'a jamais eu.
«  Ta présence suffit ce soir pour créer ma paternité » …
En s'inventant un confident étonnant ,à travers un récit - bilan il milite à travers ses mots pour la nature, les migrants, la liberté ,la justice sociale .

Ce procédé inédit permet au lecteur de se projeter et de réfléchir à chaque ligne ,c'est un texte intime très personnel , récit exigeant , profond , poétique qui nous berce, doté d'une écriture précise , d'une incroyable densité , les mots sont simples, puissants, percutants à la fois .
«  L'exil serait pour moi dans une autre langue » .

Malgré tout , je préfère l'auteur romancier : «  Trois chevaux » , » «  Montedidio » « Le tort du soldat » , «  le jour avant le bonheur » «  Noyau d'olive » , «  le poids du papillon » et tant d'autres que j'oublie ….
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critiques presse (9)
Liberation
15 avril 2019
Il s’agit ici d’une œuvre très intéressante durant laquelle on ne peut cesser de réfléchir à chaque ligne écrite. C’est un roman qui se différencie des autres par son procédé d’écriture qui est un dialogue permanent et ininterrompu entre deux personnes inconnues et pareilles à la fois.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeJournaldeQuebec
09 avril 2019
Dans ce lumineux roman autobiographique, l’auteur de Montedidio s’est inventé un étonnant confident.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Lexpress
01 avril 2019
Dans Le Tour de l'oie, roman autobiographique, l'auteur napolitain confesse ses faiblesses et ses forces, et l'importance de son éducation dans ses engagements.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Bibliobs
13 mars 2019
Dans le Tour de l'oie, l'écrivain italien s'adresse à l'enfant qu'il aurait pu avoir et fait le bilan de sa vie de combats.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
21 février 2019
Erri De Luca offre au lecteur un récit conçu comme le face-à-face elliptique d'un homme avec le fils qu'il n'a pas eu.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
15 février 2019
Il est Napolitain, alpiniste et militant écologiste. Autant de traits qui font la matière de ses ouvrages, et particulièrement du Tour de l’oie, son nouveau livre, récit-bilan où il se raconte au fils qu’il n’a jamais eu.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
14 février 2019
Avec ce Tour de l'oie, Erri De Luca publie sans doute son livre le plus intime, une mise à nu, en forme de tour de passe-passe, d'illusion ("du latin "in ludere", entrer dans le jeu", le narrateur aime ça). A travers la confrontation avec ce fils inventé, c'est toute son existence, toute sa vie d'homme et d'écrivain que questionne l'auteur.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
14 février 2019
Le tour de l’oie, le nouveau livre d’Erri De Luca, 68 ans, poursuit ses réflexions sur sa propre vie. Il est comme une suite, aussi merveilleuse, à Le Plus et le Moins. Récit poétique et profond sur notre liberté, nos engagements, la paternité, les mots.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
12 février 2019
Son dernier livre, Le Tour de l’oie, prend la forme d’une autobiographie. Le romancier italien y raconte, avec humilité, une vie d’engagements. Pour la justice sociale, pour la nature, les migrants et, bien sûr, la littérature.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Je sais que tu lis Proust. (...)
Moi je ne l'ai jamais ouvert.
Je pratique des abstinences littéraires de grandes signatures du XXe siècle. J'ai abandonné Joyce, Beckett, Musil, Brecht, Sartre dès les premières pages.
Je lis à la manière des navigations, je passe au large de certains promontoires. Je crois que seul Borges est obligatoire.
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Je me suis aperçu que j'étais dénué du sentiment de la jalousie.
Une femme me mentait sur certaines de ses sorties le soir. Elle laissa un indice par étourderie. Je le trouvai par hasard.
Désemparé, je cherchai en moi la colère du jaloux et elle n'y était pas. J'étais pris d'un abattement inconnu.
Peut-être ai-je peu aimé, sans arriver à la température de la possession.
Je n'ai pas la prétention de suffire à une femme, l'exclusivité ne me concerne pas.
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Quand mon coeur s'est arrêté sur le brancard des urgences, j'ai senti le noir, ce n'était pas une couleur mais une densité.
J'étais comme une goutte dans de l'encre. J'ai eu juste le temps d'une seule pensée : alors c'est ça la fameuse mort.
Puis le défibrillateur a rouvert ma circulation sanguine et mes yeux (...)
Les jours étaient des points de suture entre la vie d'avant, terminée, et le prolongement ajouté à la dernière seconde.
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Dans chaque ville où je vais, je goûte l'eau d'une fontaine. Je bois et je deviens un hôte en ingérant le mélange local qui change de saveur, de consistance.
Il y a des eaux légères, des eaux de pluie, qui coulent vite, et des eaux de puits, de citernes qui sont reposées et qu'il faut boire à petites gorgées.
Je vois un rapport entre la langue d'un endroit et son eau.
J'ai lu quelque part qu'environ une vingtaine de langages s'éteignent par an.
Une dernière personne meurt et la fontaine d'un vocabulaire s'assèche.
La dernière syllabe prononcée coïncide avec la dernière goutte.
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La page est l' aujourd'hui dont j'ai besoin. (...)
L'écriture est mon aujourd'hui et je suis content qu'elle soit , quelque part, l' aujourd'hui d'un lecteur.
Les lecteurs suivants auront leurs auteurs suivants, car je reste persuadé que, tant que l'espèce humaine existera, elle continuera à se faire raconter des histoires.
Les enfants sont plus gourmands, ils naissent avec une sarabande de terreurs à calmer par les histoires. (p. 113-114)
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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