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Critique de berni_29


Le Tour de l'oie est le roman autobiographique d'un auteur qui m'est cher, Erri de Luca. Dans ce récit parfois exigeant, le narrateur invite à la confidence, invente aussi, le temps d'un soir, le fils qu'il n'a jamais eu, qu'il n'aura peut-être jamais. De surcroît, l'auteur imagine aussi la mère de cet enfant, l'invite à son tour dans ce récit. Mais tout l'intérêt du livre réside dans ce dialogue invité, qui convoque le passé, le présent, le futur.
C'est un récit autobiographique mais aussi romanesque. Erri de Luca utilise un procédé narratif pour dire ses faiblesses, les manques dans sa vie, ses regrets... Comment le dire mieux que jamais en inventant et convoquant ce fils imaginaire...
Cette conversation se passe le temps d'une soirée. Au fil de l'échange où Erri de Luca parle au fils qu'il n'a jamais eu, j'ai été attentif et touché par l'émotion qui transpire à petites touches, même si l'auteur cherche à se cacher derrière la pudeur, les silences, des choses difficiles à dire...
Tout se passe sur le ton d'une confidence. Nous sommes au plus près d'un père et d'un fils. Le père que je suis a forcément été touché...
Le narrateur évoque des thèmes politiques, culturels, personnels aussi...
Lire, écrire, ce sont pour lui des actes fondateurs, passant de l'un à l'autre comme on traverse le gué d'une rivière...
Dans ce récit, Erri de Luca, au travers des mots du narrateur, crie son âme rebelle, l'indignité qui fonde son existence, mais forcément aussi son œuvre.
J'ai aimé les mots évoquant sa mère, le passé, la passion de la montagne, la beauté du monde, le ressac de la mer qui a bercé son enfance, la langue différente entre le napolitain et l'italien, son corps qui vieillit. J'ai aimé ces mots touchants.
Ici chaque phrase de l'auteur est un plaisir indicible qui se déplie à l'infini.
Comment transmettre l'idée d'un engagement littéraire, culturel, politique, en quelque sorte le pouvoir des mots, si aucun enfant n'est présent pour prendre le relais ? D'ailleurs, si l'enfant était là, saurait-t-il, voudrait-t-il saisir ce relais ?
C'est une nuit offerte à la confidence où le père devient fils, où le fils devient père... C’est un vagabondage sans concession, une conversation consolatrice, une traversée vers l’autre de part en part, une invitation à une confrontation aussi, parfois le ton monte. Ces deux-là s'inventent tour à tour, s'inventent des espaces où exister enfin, ce père éphémère n'aura jamais autant existé que le temps d'une nuit où il s'invente un fils, se donnant une raison d'exister, un sens à sa vie, un fil conducteur dans cette existence chaotique...
"Ta présence suffit ici et ce soir pour créer ma paternité".
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