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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les poissons ne ferment pas les yeux ; c’est ce que va faire le petit garçon de l’histoire, pour ne pas perdre une miette de sensation. Le petit garçon de dix ans, en vacances sur une île au large de l’Italie, a tant de sensibilité qu’il vit dans son monde intérieur. Son corps d’enfant le gêne, il ne correspond pas à ce qu’il vit à l’intérieur. Il s’évade avec les mots qu’il rencontre dans ses lectures.

Sa rencontre avec une petite fille sur la plage va le faire grandir. Il ne connaissait pas encore le sens du mot amour et du mot justice. Les deux sont liés :

« Aujourd’hui je sais que sans l’élan de l’amour la volonté de justice fait défaut. »

C’est un roman émouvant car il laisse entrevoir la sensibilité de l’enfance, ses petites blessures, sa difficulté à appréhender les sentiments, à analyser ses impressions. Il les met de côté, pour plus tard, quand il aura passé le cap de l’enfance.

L’écriture est merveilleusement poétique et rend hommage à la douceur féminine :

« Elle, à cette heure –là, était la volonté en personne. C’est normal que ce soit un mot féminin, comme « eau » ou « justice », et que ‘sang » soit masculin… »
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Et, je reviens écouter la musique d'Erri de Luca, sa poésie, sa langue chantante, imagée et sensuelle ! Elle me transporte pour une centaine de pages inoubliables ! Ses phrases sont légères, ses mots chargés de sens :
Une caresse pour l'âme ! Une volupté de l'esprit !

« Les poissons ne ferment pas les yeux » raconte un moment précis de l'enfance de ce petit garçon Napolitain : Il a dix ans !
Dix ans, ce lieu commun ! La mue de l'enfance ! L'enfance muette !
Des questions sans réponse, des définitions non appropriées.
Il ressent ce besoin irrépressible d'ouvrir cette carcasse d'enfant, obliger son corps à changer !
Dix ans : la première fois où on écrit son âge avec un chiffre double
 « L'enfance se termine officiellement quand on ajoute le premier zéro aux années. »
Dix ans, le moment où le cocon s'ouvre sur l'extérieur
"À dix ans, on est dans une enveloppe contenant toutes les formes futures. On regarde à l'extérieur en adultes présumés, mais à l'étroit dans une pointure de souliers plus petite."

C'est un été initiatique : il observe les adultes, s'interroge sur le verbe aimer qu'il ne comprend pas et trouve que les adultes exagèrent ce mot à l'excès. « Au plus fort du verbe, les adultes se mariaient, ou bien se tuaient. »
Maintenir : son verbe préféré à dix ans
« Il comportait la promesse de tenir par la main, maintenir ! »
Il passe ses vacances avec sa mère, son père parti en Amérique à la recherche d'un sort meilleur. Sur l'île « une main ouverte », il retrouve le monde des pêcheurs, observe leur travail, les accompagne.
C'est un solitaire, il ne partage aucun loisir avec ceux de son âge, préfère les rébus et mots croisés. Il lit.
Sur la plage cet été là il y a aussi la fillette . Elle lit des polars à toute vitesse. Il la regarde avec curiosité
"J'étais sous le charme quand elle parlait, je la regardais en face, carrément dans la bouche."
C'est elle qui va prendre l'initiative en lui prenant la main :
« maintenir » "mon verbe préféré était arrivé ! "
Et puis tout se met en marche : la découverte de l'amour, le désir de liberté, la violence, la jalousie que peut provoquer cette amitié.
Il découvre « les antipathies », devenu la cible de trois garçons, les combats de mâles.

L'auteur qui est aussi le narrateur nous offre un puissant récit d'initiation d'une écriture somptueuse et simple.
Un récit à lire ou relire
Un petit bout d'enfance ! ...

🎶 🎶 🎶 🎶
J'ai dix ans
Je vis dans des sphères où les grands
N'ont rien à faire, j'vois souvent
Dans des montgolfières, des géants
Et des petits hommes verts
Si tu m'crois pas, hé
T'ar ta gueule à la récré
J'ai dix ans
Je sais qu'c'est pas vrai mais j'ai dix ans
Laissez-moi rêver que j'ai dix ans
Ça fait bientôt quinze ans que j'ai dix ans
Ça paraît bizarre mais
Si tu m'crois pas, hé
Tar' ta gueule à la récré
🎵. 🎵. 🎵. 🎵





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A chaque roman de Erri de Luca la magie opère : ses mots me collent aux tripes et me prennent au coeur grâce à sa poésie lyrique et enchanteresse.
Dans la trame épaisse des émotions, l'auteur aborde la découverte des sentiments et de leur complexité pendant l'enfance. L'amour, la lecture, les choix qui se présentent, ponctuent notamment les souvenirs de ses dix ans.

Peintre impitoyable du quotidien l'auteur se livre avec tendresse et philosophie à des divagations lyriques sur le temps qui passe et qui brasse des vies, des époques, des pays.

Les poissons ne ferment pas les yeux fait partie de ces trop rares livres qu'on a envie de rouvrir à peine refermés, tout simplement parce qu'ils font du bien.


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J'ai dix ans aujourd'hui. Dommage !
Ca va devenir sérieux

Un seul chiffre disait mon âge
A présent il en faudra deux

Deux chiffres ! La même frontière
Que les gens les plus importants

Deux chiffres pour la vie entière...
A moins d'aller jusqu'à cent ans !
Poème de Lucie Delarue-Mardrus

Voilà, Erri de Luca a eu lui aussi 10 ans… il y a quelques années.
Aujourd'hui, il a « l'âge des archives » et se souvient de ce moment, de ce passage à deux chiffres. Mais c'est aussi pour lui l'occasion de s'envoler ailleurs et de nous faire partager des moments d'intimité avec son père ou sa mère.

Souvenirs, réminiscences…
A 10 ans, il sent que quelque chose se passe en lui, mais son corps ne le reconnaît pas, son corps ne change pas. Comment peut-on prouver, à ses parents ou amis, que l'on évolue si notre propre corps nous trahit et ne montre pas la différence ?
A 10 ans, c'est aussi la première fois qu'il rencontre l'amour. Son père est parti aux Etats-Unis chercher du travail et un meilleur avenir. Sa mère, sa soeur et lui sont en vacances, sur l'île d'Ischia, au large de Naples.
Enfant, silencieux et solitaire, il est toujours plongé dans la lecture ou les mots croisés. Une fois, sur la plage, son regard est attiré par une fillette qui lit un roman policier. Et c'est ainsi qu'ils vont faire connaissance. Elle, elle fait de jolies phrases et connaît des tas de choses sur les animaux. Elle l'intrigue, mais elle intrigue aussi une bande de garçons qui jalousent Erri.
Finalement, l'affrontement aura lieu. Il ne reculera pas face à ses trois adversaires. Il acceptera les coups et les blessures. C'est pour lui le seul moyen de faire exploser la chrysalide dans laquelle son corps est enfermé.

C'est de sa belle écriture qu'Erri de Luca nous fait partager ses réflexions d'enfant, sur l'amour, la justice, le passage de l'enfant à l'homme. C'est aussi pour lui l'occasion de réaffirmer la valeur des mots. « Tenevo 10 ans », dans la langue italienne, « le verbe tenir est plus précis pour dire l'âge ». Son verbe préféré d'alors était « maintenir », « il comportait la promesse de tenir par la main. »

Voilà, encore un livre d'Erri de Luca qui nous livre une part de la poésie des mots, de sa poésie. J'aime sa parole, comme une caresse…
Mais je serai injuste, si, ici et maintenant, j'oubliais de remercier Danièle Valin pour sa traduction.
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Au soleil couchant d'une lumineuse beauté, Erri de Luca écrit sur ses parents et l'enfant qu'il était quand « tenevo 10 ans ».
En langue italienne, « le verbe tenir est plus précis pour dire l'âge ».
Cette précision est importante pour l'auteur très attaché aux valeurs de l'engagement défini par « maintenir », son verbe préféré.
« Dix ans, c'était un cap solennel, on écrivait son âge pour la première fois avec un chiffre double. L'enfance se termine officiellement quand on ajoute le premier zéro aux années ».
Pourtant, dans la tête et le corps d'un enfant de cet âge, le changement n'est pas si rapide. Ni enfant, ni adolescent , il est à ce passage « dans une enveloppe contenant toutes les formes futures » de sa vie d'adulte en devenir.
Alors comment vite grandir, comment casser ce corps comme une coquille devenue trop petite face au déferlement des émotions ?
Cet été des 10 ans passé sur l'île des pêcheurs dont il admire le silence et les gestes simples, sera l'été des premières fois pour l'auteur.
Enfant aimant la solitude et la lecture, Il va délibérément donner son corps aux coups d'une bande de garçons et va connaître le verbe « aimer » avec une fillette de son âge, un amour pur comme « une neige qui ne fond pas même en plein mois d'aôut, qui reste dans le souffle comme la mer dans une coquille vide ».
J'ai beaucoup aimé ce puissant récit initiatique : un temps d'arrêt pour se retrouver et ne pas oublier qui l'on est.

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C'est l'histoire d'un enfant, un enfant de dix ans, qui est déjà un homme dans sa tête, alors que son corps est celui d'un enfant.
Pendant l'été de ses vacances dans une île italienne, il va chercher à grandir, ou plutôt à faire grandir son corps, en le soumettant à diverses épreuves. Mais le corps ne grandit pas si vite, tout au plus un petit centimètre. Alors l'amour va apparaître, inattendu, et va prendre au dépourvu deux êtres, tellement vivants, tellement vibrants.
"Eve et son époux, sortis du jardin, avaient déjà eu tout le bien du monde. La vie ajoutée ensuite, loin de cet endroit, n'a été que divagation."
C'est un roman autobiographique, qui prend à la fois le point de vue de l'enfant qu'il était et celui de l'homme qu'il est devenu.
L'écriture de Erri de Luca est d'une force incroyable, sa musique persiste dans notre tête longtemps après la lecture.
Ici, pas de redondance, les mots sont choisis avec soins, précision, peut-être avec douleur parfois.
C'est un auteur de la famille de Christian Bobin ou René Fregni.
Je conseille vivement ce livre, y compris à de jeunes adultes.
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Dans le Naples des années 50 Erri de Luca nous livre ses souvenirs d'enfance, durant un été, sous le soleil lumineux d'Italie. Dans ce récit initiatique, ce passage de l'enfance à l'adolescence, on erre, on vagabonde entre passé et présent, souvenirs, réalités et rêves.
Dans un style vif, bien scandé par des phrases courtes, le récit est tout en pudeur et sensibilité. de petits mots nous mènent vers de grands thèmes : l'enfant découvre la réalité cruelle des adultes : guerre, souffrance, mort, violence, il se « frotte » à la jalousie des copains mais ne sort jamais les poings, la bagarre, lui semble-t-il est un mal nécessaire pour entrer dans la cour des grands. Il pressent « l'inutilité de la haine et du sang », l'incapacité de la justice à réparer ses blessures… Son refuge c'est le monde des pêcheurs ici tous se respectent dans le silence…
Au-dessus… il y a cette fillette, ils se regardent levant les yeux de leur bouquin, il entre déjà dans ce jeu de l'amour. Avec elle, Il va apprendre à conjuguer le verbe « aimer », à sentir trouble et émoi devant la féminité, à s'enivrer des odeurs et senteurs de la mer sous ses baisers.
Ce petit garçon solitaire, doux et généreux est très attachant, j'aime tous ces petits codes qui l'amène à découvrir le mot aimer :
- sa main - « je lui dis que la paume de sa main était mieux que le creux d'un coquillage »,
- son sourire - « parti des coins de sa bouche, son sourire gagna le reste de son visage et descendit le long de son corps jusqu'à ses pieds, qui sourirent aussi »,
- sa démarche - « elle se leva… sa robe blanche la suivit, elle me rappela le Vésuve. »
- son corps, « près d'elle je percevais mon corps de l'intérieur : le battement du sang à fleur de poignet, le bruit de l'air dans le nez, le mouvement interne de la machine coeur poumons. Près de son corps j'explorais le mien… »
- ses lèvres - elle était si belle tout près ses lèvres entrouvertes. Les lèvres d'une femme s'émeuvent quand elles s'approchent, nues, pour un baiser, elles se déshabillent entièrement, du haut des mots jusqu'en bas. »
« Ferme ces maudits yeux de poissons » Bref …
Ce livre, ce petit bijou, sous des airs de légèreté est d'une incroyable richesse, une belle découverte grâce à Babelio
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Première rencontre avec Erri de Luca et je sors bouleversée de cette lecture. En une centaine de pages, l'auteur revient sur l'été de ses 10 ans. Il passe les vacances avec sa mère, au bord de la mer et partage son temps entre les mots croisés et la pêche. Enfant solitaire, qui se suffit à lui-même, il est encombré par son corps et ne sait comment rentrer dans l'âge adulte.
Sa petite voisine de plage réussit à le faire sortir de son isolement. Avec elle, il découvre ce qu'aimer veut dire : "Je comprenais après coup ce qui se passait dans les livres, lorsqu'une personne se rend compte de la singularité d'une autre et concentre exclusivement son attention sur elle."
L'enfant, dont l'attitude différente et sa complicité avec la fillette excitent la jalousie de 3 autres gamins, va aussi faire l'expérience de la lutte au corps à corps et de ce que peut être la justice - les menus événements de cet été là, on le comprend, vont laisser en lui une trace indélébile.
C'est un écrit dense, plein de poésie, on lit et relit certains passages pour s'en imprégner, pour être certain de se saisir de la profondeur des sentiments qui agitent l'enfant. Cet été marque une étape dans sa vie, il n'y a pas vraiment d'événements majeurs mais une autre façon d'être en relation, de comprendre le monde et les adultes, le pressentiment que ce qui se joue là constitue les prémisses des combats qu'il mènera plus tard : la guerre, les luttes syndicales, la recherche de l'amour...
A ne pas louper donc.
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Erri de Luca nous livre ici un très beau récit initiatique » Les poissons ne ferment pas les yeux » nous dévoile toutes les émotions de l'enfance. Pendant l'été, sur l'île, la liberté s'installe, la vie en compagnie des pêcheurs, l'attente, l'apprentissage des gestes mais également la justice, grandir et s'échapper de ce corps d'enfant de 10 ans peut-être parfois violent. Il va en faire l'expérience après un face-à-face avec trois garçons de son âge jaloux, mais également par la punition qui va leur être infligée par la petite fille pour qui bat le coeur du jeune garçon..

Enfin découvrir le verbe aimer… Une émotion totalement inconnue malgré de nombreuses lectures de livres, « L'amour l'énergie la plus puissante du corps humain ».

Je n'en dirais pas plus, « Les poissons ne ferment pas les yeux » est un véritable moment de grâce de par la qualité de l'écriture et la musicalité des mots.

Erri de Luca nous incite tous à faire revivre le passé et apprécier le présent… Les poissons ne ferment pas les yeux

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J'ai lu dans "Les poissons ne ferment pas les yeux" qu'"En lisant, on rencontre des phrases sismiques". Et bien avec Erri de Luca c'est exactement ça, un auteur qui écrit des phrases sismiques. On pourrait trouver des citations à chaque page de ce roman publié en 2010, tellement les phases sont belles.
Alors qu'il a soixante ans, l'auteur italien raconte son enfance, celle d'un petit garçon de dix ans qui croit tout ce qu'il y a écrit dans les livres et c'est pour ça qu'il en lit beaucoup. Il apprend le monde en lisant, surtout celui des grands. Mais il y a un mot qu'il ne comprend pas, c'est le verbe aimer. Comme il le dit très bien "C'était une friandise obligatoire pour moi indifférent à la pâtisserie".
Sur la plage où il est en vacances (on reconnaît l'île d'Ischia dans la baie de Naples), il rencontre une petite-fille qui écrit des livres sur les animaux. Pour elle, il veut grandir et se fait rosser par une bande de voyous sans se défendre pour mettre son corps à l'épreuve.
L'histoire de son enfance en famille est récurrente chez Erri de Luca mais il a beau déjà l'avoir racontée dans son premier roman «Une fois un jour » je trouve que c'est toujours aussi passionnant. Cela fait partie de son oeuvre, cette façon de tourner autour d'un sujet comme le fait d'ailleurs Marguerite Duras que j'adore (mais pas uniquement).
Et puis, il y a un clin d'oeil admiratif à l'écrivain Vasco Pratolini qui est à signaler.
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