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Critique de gouelan


Portrait d'un jardinier qui passe plus de temps à s'occuper de la terre et des arbres, un livre dans la poche, qu'à côtoyer les hommes. Pourtant les hommes, il les connaît, il les décrit à la façon dont il effleure les troncs, dont il s'imprègne des odeurs de la terre, de la mer et des fleurs, dont il sent la caresse ou la tourmente du vent. Il s'intéresse aux détails plus qu'à l'ensemble. Pour lui, les visages sont écrits, il les lit comme dans les pages des livres qui ne le quittent jamais. Chaque phrase mérite son attention, tout comme un regard, une bouche, un nez, la paume de la main, une voix… Il lit les hommes et les femmes.

Des livres d'occasion, usagés, qui ont voyagé, qui appartiennent à plusieurs vies, tout comme lui avec son visage de « carton d'emballage ». Ses pensées bourdonnent du passé. Il y a la femme qu'il a aimée, l'Argentine, la fuite d'un pays ravagé par la violence. Dans son présent il y a l'Italie et Làela qui lui offre une nouvelle vie. Passé et présent s'entremêlent. Et de quoi sera fait demain ?

« Je vois la ligne rouge du coucher de soleil qui sépare le jour de la nuit, je pense que le monde est l’œuvre du roi du verbe diviser et j'attends la ligne qui viendra me détacher des jours. »

L'auteur emploie des mots qui collent aux sentiments. Ce sont des mots d'odeurs, de vent, de pluie, de terre, de vin, de sauge, de basilic, d'olives, de ciel, de nuages, d'étoiles, de sable, de bois, de feuilles, de carton, de fumée, de sel, de soleil, de nuit... Erri de Luca est un jardinier des mots. Des mots qu'on n'aurait pas pensé employer de cette façon, qui font qu'on se retourne sur leur passage, qu'on relit une phrase, pour ne pas laisser échapper l'image qui se dessine devant nos yeux. Ses mots sont un peu comme des nuages portés par le vent, qui deviennent notes, puis mélodie. On s'échappe du livre, on voit plus loin.

L'histoire de cet homme, de sa sensibilité, de son dénuement, de son regard lent et précis sur les gens et sur les gestes, la géométrie qu'il voit partout, sa façon de ne faire qu'un avec le tout, nous apporte une sensation d'apaisement, malgré les épreuves que l'on devine. Il nous raconte tout simplement la vie qui passe, avec ses choix, ses rencontres et ses adieux, avec tout ce qui s'y mêle de sensations, d'émotions et de souvenirs.
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