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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Une vie d'homme dure autant que celle de trois chevaux et tu as déjà enterré le premier".

Revenu en Italie du totalitarisme argentin, meurtri et solitaire, il est devenu jardinier. Il dialogue avec les plantes, lit les arbres, froisse du basilic dans ses paumes, prend ses repas à la cantine du village.
Solitaire toujours, il est abordé par une femme. Il ne résiste pas, il tombe amoureux et sait qu'il va bientôt enterrer son deuxième cheval.

Un amour éphémère et entier.
Une amitié remboursée d'un geste sobre et définitif.
Une vie qui s'allège en s'alourdissant.

L'économie de mots d'Erri de Luca est à son comble.
L'intensité des sentiments à son paroxysme.
Moins il dit, plus on ressent.
Trois chevaux pour une vie.
Que pouvons-nous faire face à notre destin ?

Un roman court de toute beauté où le passé s'écrit et s'inscrit dans le présent, où le présent est vécu dans l'instant. Pleinement.
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Attention ! Ce livre est magique. Si vous prenez le temps d'y entrer, vous en ressortirez transformé. Je le situe au Panthéon de mes livres préférés. C'est d'ailleurs par ce roman que je suis entré dans l'univers d'Erri De Luca. Grâce soit donc rendu à ce livre, Trois chevaux...
Erri De Luca est un auteur dont l'écriture est fine, ciselée, sensuelle et légère. Il peint le quotidien avec justesse et beauté. Les mots deviennent de la lumière sous sa plume. Ce livre est magnifique. Les gestes ordinaires y sont peints avec beaucoup de poésie. Erri De Luca est un peintre, un poète ou bien les deux à la fois. Les mots qu'il touche, qu'il pose sur le papier, deviennent de la lumière, deviennent incandescents. Ils brûlent nos mains, nos yeux, nos pas après cela.
La vie d'un homme dure autant que celle de trois chevaux.
Le personnage principal est un jardinier. Il est italien. C'est lui le narrateur. Il revient d'Argentine, de la dictature des généraux. Là-bas, il a vu sa femme se faire assassiner, son corps jeté à la mer. Elle a payé cher son combat contre la dictature. Alors il a pris la fuite, il est revenu en Italie. C'est ainsi que s'achève sa première vie, le premier cheval.
L'homme est meurtri. Il s'enferme alors dans une forme de solitude. Ce métier l'aide à cela. Un jardinier, c'est quelqu'un qui a une relation simple et direct avec les plantes, il leur parle. C'est sans doute un dialogue. Il comprend les arbres aussi, il entend ce qu'ils disent, ses gestes sont faits de rien, toucher de la terre, froisser du basilic entre les doigts, écouter les étoiles. Parfois il se souvient du corps qu'il a étreint, cette femme aimée, disparue, de l'autre côté de sa vie. C'est dans ce retour en Italie qu'il entame la deuxième tranche de sa vie, le deuxième cheval...
Trois chevaux est un cri de révolte contre la barbarie. Un cri presque silencieux. L'écriture est sobre. C'est ce qui la rend intense, lumineuse.
C'est un roman où l'amour est présent, l'amitié aussi. L'amour vient par la belle Làila, un amour corps et âmes, intense, vibrant. La différence d'âge n'est pas un fossé mais un pont. Peut-on aimer encore après la douleur et la mort ? Il y a aussi l'amitié avec Sélim, un éleveur africain qui vit au rythme des saisons, c'est une magnifique amitié. Le jardinier est quelqu'un qui comprend les saisons.
Dans ce livre, le passé et le présent se côtoient étrangement, harmonieusement. Parfois violemment. Le passé revient comme un écho, c'est comme le bruit d'une barque qui revient du rivage d'en face.
Les mots d'Erri De Luca sont sobres et attachants, sensuels aussi. On voudrait les entendre toujours couler en nous comme des fleuves dociles.
À quel cheval sommes-nous déjà rendus dans nos vies approximatives ?
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Quand je suis arrivée chez Babelio, il y a presque deux ans, Erri De Luca avait le vent en poupe , pas une journée sans citations ou critiques. Un beau jour, j'ai lu la critique de Claire G et j'ai su que Trois chevaux serait mon premier roman de cet auteur.

J'aime énormément ces histoires où des personnes se rencontrent, font un bout de chemin ensemble et puis un beau jour chacun reprend sa route ou ses habitudes. Entre temps ces êtres parfois renfermés, fuyant leur passé ou en quête de sens, évoluent, s'enrichissent l'un l'autre. le personnage principal va redécouvrir l'amour et des émotions refoulées suite à la mort de sa compagne. Mais quand tout le monde se sépare chacun conserve en lui un petit quelque chose de l'autre et est apaisé.

de belles descriptions de jardins. de belles réflexions sur la lecture. Un beau roman peut-être un peu trop court.

La vie de trois chevaux est peut-être le temps qui nous est imparti mais Erri De Luca a l'art et la manière de susciter en nous le désir de saisir l'instant, d'accepter la vie comme elle vient avec ses cadeaux et sa beauté en toute simplicité.
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Portrait d'un jardinier qui passe plus de temps à s'occuper de la terre et des arbres, un livre dans la poche, qu'à côtoyer les hommes. Pourtant les hommes, il les connaît, il les décrit à la façon dont il effleure les troncs, dont il s'imprègne des odeurs de la terre, de la mer et des fleurs, dont il sent la caresse ou la tourmente du vent. Il s'intéresse aux détails plus qu'à l'ensemble. Pour lui, les visages sont écrits, il les lit comme dans les pages des livres qui ne le quittent jamais. Chaque phrase mérite son attention, tout comme un regard, une bouche, un nez, la paume de la main, une voix… Il lit les hommes et les femmes.

Des livres d'occasion, usagés, qui ont voyagé, qui appartiennent à plusieurs vies, tout comme lui avec son visage de « carton d'emballage ». Ses pensées bourdonnent du passé. Il y a la femme qu'il a aimée, l'Argentine, la fuite d'un pays ravagé par la violence. Dans son présent il y a l'Italie et Làela qui lui offre une nouvelle vie. Passé et présent s'entremêlent. Et de quoi sera fait demain ?

« Je vois la ligne rouge du coucher de soleil qui sépare le jour de la nuit, je pense que le monde est l’œuvre du roi du verbe diviser et j'attends la ligne qui viendra me détacher des jours. »

L'auteur emploie des mots qui collent aux sentiments. Ce sont des mots d'odeurs, de vent, de pluie, de terre, de vin, de sauge, de basilic, d'olives, de ciel, de nuages, d'étoiles, de sable, de bois, de feuilles, de carton, de fumée, de sel, de soleil, de nuit... Erri de Luca est un jardinier des mots. Des mots qu'on n'aurait pas pensé employer de cette façon, qui font qu'on se retourne sur leur passage, qu'on relit une phrase, pour ne pas laisser échapper l'image qui se dessine devant nos yeux. Ses mots sont un peu comme des nuages portés par le vent, qui deviennent notes, puis mélodie. On s'échappe du livre, on voit plus loin.

L'histoire de cet homme, de sa sensibilité, de son dénuement, de son regard lent et précis sur les gens et sur les gestes, la géométrie qu'il voit partout, sa façon de ne faire qu'un avec le tout, nous apporte une sensation d'apaisement, malgré les épreuves que l'on devine. Il nous raconte tout simplement la vie qui passe, avec ses choix, ses rencontres et ses adieux, avec tout ce qui s'y mêle de sensations, d'émotions et de souvenirs.
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J'avais déjà lu,il y a plusieurs années. Je viens de le relire et j'en suis émue.
"car il est bon que le temps nous accomplisse"
Trois chevaux est une oeuvre difficile,ou plutôt,exigeante,introspective, qui ne se laisse pas absorber rapidement. Il faut la lire lentement,en scandant intérieurement chaque parole. Ce n'est qu'avec de le patience qu'on pourra recueillir, savourer les nuances colorées et passionnées de la pensée de l'auteur.
Il faut se défaire de la lecture rapide des romans actuels.
C'est un livre qui emporte une part du lecteur et qui réussit à l'émouvoir ; ce lecteur attentif ne sera plus le même.
Erri de Luca parle du vent,de la terre,des arbres,des fleurs et des parfums.
De son amour pour la nature,les femmes,la sagesse, les livres.
(merci à l'ami italien dont je me suis inspirée)
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Je ne connaissais pas du tout cet écrivain et c'est grâce à à des Babeliots de mes amis (Endymion et Marina53) que j'ai eu envie de le découvrir.

Je voulais lire « le poids du papillon », mais mon libraire m'a conseillé vivement de commencer par celui-ci, choix que je ne regrette pas du tout.

Avec beaucoup de pudeur, un italien, devenu jardinier en Italie, amoureux de la terre et des livres, égrène en filigrane les souvenirs de l'amour qu'il a vécu en Argentine et les atrocités qu'il a subit dans ce pays.

Il vit un deuxième amour en Italie, mais quel avenir lui est-il réservé ?

Un roman que j'ai beaucoup apprécié. J'ai vraiment envie de découvrir les autres oeuvres d'Erri de Luca. C'est une très belle découverte.
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Tout petit livre d'à peine plus de cent pages et pourtant il contient tout: toute l'humanité du monde, sa beauté, sa fragilité, son amour, sa stupidité, sa haine, son amitié. L'auteur conte l'histoire d'un italien revenu au pays après avoir vécu les années de plomb du fascisme en Argentine et y être devenu un assassin. Aujourd'hui jardinier, taiseux et lecteur, il vit dans la sobriété de celui qui connait la valeur des mots, des sentiments, de l'amitié aussi.
Ce livre est bouleversant de justesse et de beauté, de simplicité et d'émotions. L'auteur, Erri de Luca, fait passer toute une vie d'homme juste et simple en une poignée de mots choisis, qui font mouche, et qui m'ont profondément touchée - jusqu'à la larme.
J'ai adoré passer chaque page avec cet homme meurtri qui croit encore et qui se laisse choisir par l'amour. Quel qu'en soit le prix.
Livre indispensable.
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Je viens de terminer Trois Chevaux (*). Comme on me l'avait prédit, j'ai beaucoup aimé et pour tout dire c'est un merveilleux livre. C'est un livre qui n'est pas docile, il ne se laisse pas facilement amadouer, il est fier et tendu comme d'ailleurs l'est le narrateur. Si c'était un animal ce serait un cheval sauvage, et pas seulement pour le titre bien-sûr. le récit du narrateur n'est pas linéaire, il tourne et s'enroule, revient, repart, parfois il arrive qu'on perde le fil, le temps d'une page, puis le récit nous embarque à nouveau dans cette étrange histoire, l'histoire d'un homme libre.
M'ont également touché toute la sensualité dont regorge le livre, ces saveurs, ce savoir faire culinaire simple mais essentiel, les odeurs, le toucher de la terre, des métaux, des matières, la connaissance des arbres et des plantes, celles des caresses aussi, tout un monde mi-paysan, mi-ouvrier qui est ici lié à un art subtil et savant de l'écriture.

(*) C'était le 20/03/2004.
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Tandis que je viens de refermer Trois Chevaux d'Erri de Luca, le livre reste ouvert en moi, encore creusée dans mes recets par les sillons d'une sensibilité étonnante. Ce récit me touche, et j'ai bien du mal à dire pourquoi, sans doute parce que l'émotion a ses raisons que la raison ignore.
Il émane du personnage principal une simplicité exceptionnelle. Simplicité qui ne signifie aucunement pauvreté, mais plutôt chaleur, abondance, vérité. Son rapport au monde semble dénué de voiles, de calcul, de manières. Il vit. Il ressent. Il touche, hume et aime sans se poser de questions. Car la vie se prend, se savoure à petites gorgées. Odeurs de sauge et d'ail frotté entre les doigts. Amis qui se livrent. Livres amis. C'est toute une poésie de la terre et du corps qui se nourrit d'immédiateté. Pour un homme qui a vécu le pire (la guerre en Argentine dans les années 80), confronté aux souvenirs lancinants, il faut savoir reconnaître dans la vie sa part de bonheur présent. Et ce jardinier parle aux arbres avant de les planter. Il s'empare d'un sourire avant d'aimer. Il sait donner et recevoir sans peine. Et le style, par sa poésie, sa rugosité parfois, vient formidablement enrober, sublimer, magnifier le caractère puissant et sincère de cet homme. J'y reviendrai comme on écoute un air préféré par un après-midi de silence. Avec cette envie de lire à voix haute pour en imprégner la maison. Cette envie d'en écouter les vibrations. Car l'émotion qu'il suscite n'a pas encore épuisé mon étonnement.
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Immigrant, un quinquagénaire est jardinier. A l'heure du déjeuner une femme l'accoste et l'invite à dîner. Cette femme qui vend son corps aux hommes va faire naître l'amour entre eux jusqu'à épuiser la deuxième vie. Car trois chevaux n'est autre que trois vies...
Le style de l'auteur est envoûtant. Des phrases très courtes et très poétiques. Les objets ont une âme, la terre vibre sous les mots et la géométrie nous accompagne tout au long de ce court roman.
La dictature argentine, l'amour perdu de ses 20 ans et le choix de vie sont les thèmes abordés dans ce livre avec des va-et-vient entre le passé et le présent. C'est une écriture qui caresse l'âme et des métaphores jetées ça et là qui sont magnifiquement écrites.
Je ne connaissais pas cet auteur et je suis ravie de l'avoir découvert car ce livre est un petit bijou, du grand art littéraire.
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