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Thomas de Quincey est un auteur du XIXème siècle à peu près oublié aujourd'hui et pourtant son style est très accessible ; ou est-ce la traduction d'Alfred de Musset qui fausse mon jugement ?

Quoi qu'il en soit, il n'est pas désagréable de se perdre dans les souvenirs et les confessions du narrateur, opiomane très désireux de nous faire partager son expérience de consommateur averti. Sans fausse pudeur, il raconte et se raconte et sans doute est-il encore quelque peu sous l'emprise du puissant narcotique car sa pensée est aussi volatile que sa narration est décousue. Ainsi, on passe sans crier gare de très intéressants extraits romanesques relatant sa vie dans les bas-fonds ou les brillants bals de Londres, sa relation avec Anna, une jeune fille misérable, son duel avec le séducteur de la belle... à des délires opiacés qui nous plongent dans des rêves d'épouvante où des corps légués à la médecine vous tendent leurs bras scrofuleux.

De la diversité de ton et de l'érudition dans ce témoignage fictif et, semble-t-il, teinté d'auto-portrait. Une plume classique à redécouvrir.


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"... Et, quelquefois, dans un effort pour remettre le cap sur mon logis, en fixant, d'après les principes nautiques, mes yeux sur l'étoile polaire, cherchant ambitieusement mon passage au Nord-Ouest, pour éviter de doubler de nouveau tous les caps et les promontoires que j'avais rencontrés dans mon premier voyage, j'entrais soudainement dans des labyrinthes de ruelles, dans des énigmes de cul-de-sac, dans des problèmes de rues sans issue ..."
C'est à Baudelaire (encore), dans ses « Paradis artificiels » que l'on doit la découverte de cette oeuvre si singulière de Thomas de Quincey, qui mêle avec virtuosité poésie, humour noir, philosophie et érudition ; synthèse miraculeuse à laquelle, seuls quelques auteurs privilégiés sont en mesure de donner vie. On citera ici simplement Swift et Lichtenberg par la sorte de parenté qu'ils ont avec notre auteur. A cette parenté, se rajoute la forme romantique si caractéristique du XIXème siècle, qui fait de De Quincey un auteur profondément « européen », dans un sens qu'il serait bien difficile de saisir en se référant à ce qui constitue la misérable Europe que nous connaissons aujourd'hui. Une époque où tout citoyen anglais cultivé trouvait fort naturel de maitriser la langue française et où un français trouvait lui fort agréable de converser en anglais, n'ayant pourtant en vue aucun profit marchand.
Mais notre prolixe auteur ne s'arrêta pas en si bon chemin et beaucoup se surprendront de le retrouver, cité en référence par Marx dans son Capital, et donc dans un domaine qui a désormais fort peu de lien avec la poésie ; l'explication tient au fait que notre homme avait le sens du commun et de l'universel, justement. Et que c'est peut-être bien cela qui fait les vrais poètes, en finalité …
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Visage marginal de la littérature, Thomas de Quincey crée avec les rêves et les cauchemars qui le hantent. Des rêves provoqués par l'opium, sa déesse noire, auxquels il va donner une valeur esthétique.

Dès le temps de ses études à Oxford, l'auteur prend du laudanum pour calmer ses douleurs. Au XIXème, l'opium n'est pas illégal (c'est un anti-douleur, au même titre que l'aspirine). Cette drogue, l'enchantant et l'asservissant, lui vaudra les plus grands plaisirs et les pires souffrances de sa vie.
Amateur, il prend d'abord l'opium par plaisir et chante ses louanges. Ironique, il décrit alors ses visions avec auto-dérision.
C'est l'accumulation des chagrins et des soucis qui l'amèneront à prendre quelques 5000 gouttes de laudanum par jour. Sans argent et honteux, devenu un paria, il tombe dans une terrible détresse morale, accompagnée de la conviction, cette fois, qu'elle est due directement à l'excès d'opium. Durant cette période, il devient la proie du hasard et nous décrit ses errances, sa souffrance morale et ses cauchemars.

Il est difficile de mesurer l'influence que l'opium pouvait exercer sur l'équilibre de l'auteur et sur les affections nerveuses aigües dont il avait à souffrir ainsi que sur son pouvoir de concentration et sur son imagination créatrice tant les effets de cette drogue sont ambivalents. L'auteur lui-même est plein de contradictions à cet égard, le qualifiant de remède puis de poison.
Car, s'il ne peut pas disculper entièrement l'opium des états d'angoisse, d'abattement voisin du désespoir, il ne peut ni ne veut renier tout à fait ce cher poison. L'opium est trop intimement lié aux fêtes de sa sensibilité, aux riches associations de sa mémoire profonde, à sa manière, indépendante des pièges sensoriels et routiniers, de percevoir et de concevoir ne fut-ce que le Temps.

Difficile de définir un genre : autobiographie, essai ? le texte mêle narration, rhétorique, argumentaire et prose poétique. L'auteur veut prouver quelque chose. Il essaie de capter la bonne volonté du lecteur et de justifier ses projets. Il veut émouvoir, plaire et enseigner.
Son récit manque d'organisation et de pudeur. Sa sensibilité s'introduit dans l'oeuvre et a besoin de la dispersion pour s'exprimer mais avec un ancrage dans le réel. Ici pas d'argument d'autorité, mais des thèses qui s'appuient sur son propre vécu. Sa phrase circule et fait des détours continuels, sa personnalité est désintégrée : il n'y a plus de faculté de jugement ni de sens de la construction et moins encore de sens des proportions. L'imagination a pris le relais et l'homme raisonnable a abdiqué.

C'est un professeur d'anglais qui m'a fait découvrir ce livre à l'université. J'avais adoré travailler sur les extraits qu'il nous avait proposés et j'avais acheté l'ouvrage (en français je dois l'avouer) pour étudier ce texte plus en profondeur. A l'époque, j'avais beaucoup aimé cet écrit. Était-ce dû à mon âge, à mon enthousiasme d'étudiante ou aux cours bien orchestrés de mon professeur ? Je n'ai pas retrouvé le même engouement à ma deuxième lecture, des années plus tard. Il s'agit néanmoins d'un témoignage poignant dans lequel l'auteur nous prend par la main pour nous montrer les tableaux de sa vie, ses rêves teintés d'opium, son errance dans une Angleterre déshabitée et pourtant grouillante et le sentiment d'étrangeté qu'il éprouvait dans propre vie et celle des autres...
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c'est une autobiographie, qui fait référence à son addiction à l'opium, qu'il consomme sous forme de teinture alcoolique (en vente libre à l'époque) pour soigner une douleur. Il référence aussi une consommation de l'opium sous sa forme brut.
Troublantes ses révélations sur le bonheur que lui procure l'opium.....
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Un style un peu lourdo au début mais finalement ça passe. Beaucoup de vielles citations et de références aux auteurs anglais pré XVIII. C'est une autobiographie décousue relatant l'expérience de l'auteur en matière de consommation d'opium et de ses effets à court et long terme. J'ai particulièrement apprécié la fin de l'ouvrage. De Quincey y décrit la décente « dans le trou » engendrée par son addiction à l'opium et notamment l'accroissement de sa consommation.
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Un ancien opiomane (plus exactement consommateur de laudanum) raconte comment il en est venu à cette consommation et décrit ses effets, positifs comme négatifs. Il s'efforce d'être méthodique : il divise l'oeuvre en différentes parties, ce qui précéda cette période de toxicomanie, la période où il fut un consommateur heureux, huit années, et une descente aux enfers ensuite.

Cf. mon avis sur le billet de mon blog dont j'ai joint l'URL ci-dessous :
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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