À elle seule, la poésie ne changera pas le monde. Mais sans elle, où en serions-nous? Dépourvus de mystère de passion, de tout ce qui nous tient éveillés malgré l'ineptie de nos vies
-...Roberto, lui disait son père, dans la vie, il n'existe que trois événements importants. Tu les connais?
-Oui, répondait Roberto en attendant la suite.
-La naissance, le mariage et la mort. Un point c'est tout. Et tu ne peux en contrôler qu'un! Le mariage! Alors tu as intérêt à bien choisir!
Il ne fallait pas poser certaines questions. Par exemple ne pas demander pourquoi Papa était de l'autre côté du fleuve alors qu'on ne voyait rien d'autre qu'une étendue de ciel.
Pendant l'hiver, au milieu des pluies du mois d'août, Eva découvrit une ruse pour s'évader de la maison sans la quitter: il suffisait de plonger dans les mots.
Expressions magnifiques :
*Pietro, un savetier florentin, le genre d’homme à baratiner une statue et à la faire danser.
*Au moment où le soleil s’agenouillait dans la mer…
*Des mois de janvier si humides qu’on aurait pu nager dans l’air chaud.
*La lumière de la lune devint plus blanche, comme une cascade de lait.
*Le ciel avait la couleur des cheveux d’une vieille dame.
Les feuilles du carnet étaient tachées d'huile et d'alcool, trésors de culture et d'intelligence cachées entre ses seins. Elle utilisait ses notes pour naviguer dans la citadelle des livres où chaque texte était une somptueusue maison aux pièces pleines de sentiments, de saveurs, de surprise, de sensations, de chocs, de substances pour s'endormir et rêver . Elle adorait entrer dans les livres, se sentir comme une discrète intruse au milieu les pages
Mais lire ces poèmes n'était pas suffisant : elle désirait se faire toute petite et ramper à l'intérieur, évoluer entre les lettres, chercher les secrets cachés dans le grenier d'un A,, grimper sur un Y pour écouter ses rêves, glisser le long d'un S vers une chaude source secrète, pénétrer dans un O et goûter son fol éclat ou la folie de sa brillance, entrer en contact avec l'âme d'autrefois,de sa mère, respirer quelque part dans le blanc entre les lettres noires
Leurs histoires tissaient un manteau qui les couvrait, les réchauffait en leur apportant l’espoir de jours brillants.
Elle rageait de ne pas être éternelle, de ne pas avoir mille ans à passer avec son amant, de ne pas connaître le jour où elle aurait dépensé tous ses jours. Elle ne disposait que de quelques piécettes de temps qui se consumaient bien trop vite, polies par leur plaisir, étincelantes de leur jouissance.
Regarder le ciel qui virait du noir au bleu marine, une robe en velours bordée du ruban rose de l’aurore.