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Citations sur Les dieux du tango (34)

Il a joué un chant funèbre qui semblait s'élever tout droit du coeur sanglant de la terre.
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Toutes les créatures sur Terre dorment le jour ou la nuit, mais Buenos Aires ne dormait jamais. C'était donc une créature qui n'était pas de ce monde.
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La musique.
Elle s'éleva des cordes et des doigts dans une communion éblouissante, comme un sanglot de plaisir sous l'archet. Les cordes de la guitare vibraient et intensifiaient ce puits de chagrin.
Carlo se mit à chanter. Il parla de la nuit qui étreignait son cœur, d'une femme, d'une mauvaise femme.
Elle n'arrivait pas à tout comprendre mais le son la tenait captive. Il pénétrait ses os, fouettait son sang. Elle ne se connaissait pas elle-même ; elle ne le comprenait que maintenant et elle n'avait jamais rien su. Jusqu'à ce jour. A présent, elle savait qu'une telle sensation existait, qu'il existait dans le monde un tel son, un tel éveil, une mélodie aussi riche que la nuit.
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Ils jouaient toute la nuit, ils jouaient pour que le soleil se lève au-dessus des toits. Ils jouaient pour les pauvres, pour les riches qui venaient s’encanailler avec les pauvres, pour les femmes payées à danser, et les femmes payées à danser et baiser, et quand ils avaient vraiment besoin d'argent, ils jouaient même pour les femmes payées à baiser, qui baisaient tant qu'elles ne pouvaient jamais danser.
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"Toutes les créatures sur Terre dorment le jour ou la nuit, mais Buenos Aires ne dormait jamais.C'était donc une créature qui n'était pas de ce monde.
Toute la nuit, les cafés restaient illuminés, la plupart avec les lampes à pétrole, certains avec la lueur arrogante de l'électricité.Les hommes dansaient, buvaient et montaient avec des femmes de petite vertu.Dante vit des couples dans un coin ou contre un mur, les jupes de la femme retroussées, une jambe enroulée autour de l'homme en rut...........La vision lui faisait monter le feu aux joues.
De Honte. D'Excitation.De Peur ou de Désir ?"
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Ce son les réunissait et Dante se sentit soudain très proche des autres hommes. C’était presque une fusion, mais plus immédiate qu’avec le sexe, ou en tout cas ce qu’elle en imaginait d’après ce qu’elle avait glané auprès des matrones d’Alazzano, dans les bordels et les bars. Chaque musicien pénétrait les autres en même temps qu’il était pénétré, chaque homme s’exposait: toi, tu souffres comme ça, tu brilles comme ça et voici ce qui te fait vibrer. Et moi, voici ma douleur, mon plaisir. Chaque être humain a sa propre géographie intérieure, bien cachée au fond de lui, mais calez-vous sur le même rythme, et alors tous les secrets enfouis remontent et s’illuminent.
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Elle grimpa sur la passerelle et rejoignit le pont. Elle se rapprochait des Amériques, de Dante, son cousin, son époux, et à présent qu’elle ne marchait plus sur la terre ferme mais sur une longue passerelle suspendue dans l’air, elle se sentit comme une émigrée. Un entredeux, se dit-elle lorsque ses pieds foulèrent le pont. Une épouse mais encore vierge, entre l’Italie et l’Amérique du Sud. Je suis l’impossible et je suis ce qui fait que tout est possible, comme une fuite dans la digue du temps. Cette pensait la rendait confuse et l’excitait tout à la fois. Elle ne savait plus ce que racontait son propre esprit.

[…]

La musique était une flèche qui transperçait les murs les plus épais. La musique faisait oublier les inégalités. La musique transcendait les siècles. C’était le nectar des démons, l’ambroisie de Dieu.

[…]

La solitude la prenait à la gorge comme un fil de fer meurtrier. Personne ne la voyait comme elle était vraiment ; il n’y avait pas d’issue possible à cette mascarade et à son histoire. Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas vivre dans la peau de ce nouveau Dante, mais en cachant la moitié de son histoire elle avait l’impression de devenir invisible, ou à moitié visible, comme la lune quand une de ses faces est voilée. Et il y avait des moments où elle avait envie qu’on la voie, qu’on la touche. Comme ce n’était pas possible, elle repoussait ces idées de son esprit. Elle était heureuse que personne ne puisse la voir, en tout cas, pas toute entière. C’était son salut. Les gens ne peuvent pas voir ce qu’ils ne peuvent pas imaginer, et même à ses propres yeux elle défiait l’imagination. Elle était comme un accroc dans le tissu du réel. Aucune femme n’avait jamais fait ça, si ?

[…]

Ce son les réunissait et Dante se sentit soudain très proche des autres hommes. C’était presque une fusion, mais plus immédiate qu’avec le sexe, ou en tout cas ce qu’elle en imaginait d’après ce qu’elle avait glané auprès des matrones d’Alazano, dans les bordels et les bars. Il n’y avait rien de la relation marie et femme ou homme et putain dans cet échange. Pas de soumission, pas de conquête. Chaque musicien pénétrait les autres en même temps qu’il était pénétré, chaque homme s’exposait : toi, tu souffres comme ça, et voici ce qui te fait vibrer. Et moi, voici ma douleur, mon plaisir. Chaque être humain a sa propre géographie intérieure, bien cachée au fond de lui, mais calez-vous sur le même rythme et alors tous les secrets enfouis remontent et s’illuminent.

[…]

« Le tango est à nous. Rappelle-toi ça, rappelle-toi d’où il vient. Pour chaque personne qui connaît ses racines, il y en a cent qui ne les connaissent pas. Et peut-être qu’un jour ceux qui savent auront tous disparu. Mais le secret vivra toujours, son cœur bat dans les percussions et dans son rythme syncopé. Même quand les percussions auront disparu, il vivra dans les pas des danseurs qui ne sauront même pas qu’ils imitent les pas d’une vielle religion arrivée ici dans le ventre purulent des négriers. Le seul plaisir qui survit à l’enfer. Un dieu et une déesse qui dansent côte à côte comme ils le faisaient avant que le tango ne les fasse se mettre face à face et s’enlacer. Et ces blancs se demandent pourquoi ils se sentent si vivants avec le tango. Ne t’inquiète pas pour ça. N’essaie même pas de le leur dire. Contente-toi de leur donner cette musique et laisse-la faire le reste. »
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Elle avait entendu parler, quand elle vivait à Alazzano, de ménestrels qui, autre fois, en prise avec la nature, mangeaient certains jours, jeûnaient d'autres, et restaient en marge du monde, offrant seulement aux hommes la musique issue de leurs mains infatigables.
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« La musique était une flèche qui transperçait les murs les plus épais. La musique faisait oublier les inégalités. La musique transcendait les siècles. C'était le nectar des démons, l'ambroisie de Dieu. »
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Elle ne cessa jamais de désirer tout ce que cela signifiait: les ampoules, les pieds douloureux, les crampes au bras à force de tenir ce maudit violon adoré, la chaîne interminable de nuits passées à jouer jusqu'à l'aube, comme si seule leur musique pouvait faire revenir le soleil.

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