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Critique de Acoun


Acoun
31 décembre 2017
« le tango est une pensée triste qui se danse » 
Il y a quelques semaines, j'ai connu une Cetta qui quittait son Italie natale en 1909 pour l'Amérique. Elle finira prostituée dans l'Upper East Side donnera naissance à Christmas pour un roman qui m'a emballé (voir « le gang des rêves »).
Et voici que Carolina de Robertis me présente une Leda qui quitte son Italie natale en 1913 pour l'Amérique. Elle aurait pu finir prostituée dans une pulperia de Buenos Aires. Elle fait un autre choix... Et son histoire m'a séduit aussi...
Je n'ai pas vu filer les 500 pages, emballées dans une couverture remarquable... Ce roman envoûtant est à la fois une peinture forte des bas-fonds de Buenos Aires, le récit de l'émancipation d'une jeune femme prête à tout pour vivre de sa passion et c'est enfin le roman du tango, qui évolue et quitte ses racines populaires, cesse de d'être la musique des exclus pour devenir une musique à la mode... Cette musique et cette danse qui fascine de par sa sensualité et son érotisme torride.
Les Dieux du tango c'est l'histoire de Leda qui quitte Naples et débarque à Buenos Aires où elle doit rejoindre son cousin et mari, Dante. Malheureusement, Dante vient de mourir. Refusant de repartir en Italie pour se retrouver à nouveau prisonnière de sa famille, Leda choisit de rester en se créant une nouvelle vie. Cette vie, ce sera la musique, le violon confié par son père la veille de son départ, et le tango. Mais cette vie-là, elle ne peut la vivre en tant que femme, elle va donc devenir un homme...
Sans doute inspirée du personnage réel de Billy Tipton  ( quelle histoire fascinante que celle de ce musicien de jazz dont on découvrit à sa mort qu'il était une femme), Carolina de Robertis, mêle à la mutation de cette musique nouvelle, cette transformation de Leda qui devient Dante, cette quête d'amour et de désir, cette sexualité qui se découvre ou s'éveille, cette ligne discontinue, frontière entre deux sexes, deux mondes...
Les Dieux du tango, c'est un magnifique roman palpitant, sensuel, dont les pages se tournent toutes seules. Un très beau récit, exaltant et riche de thèmes, d'interrogations, de symboles. Roman initiatique dans une Buenos Aires multi culturelle, c'est le roman de l'immigration italienne en Argentine, de l'exil, du pays natal à jamais perdu, mais surtout, en nous contant l'histoire du Tango, l'auteur nous parle avant tout de la place des femmes dans la société, avec une belle galerie de portraits féminins , de celle qui se soumet à celle qui s'émancipe. C'est le roman d'une femme qui trouve grâce à la musique les clés d'une porte intime secrète. Nombre de passages sont d'une beauté saisissante d'une sensualité incroyable, sur le tango, sur l'érotisme et le corps des femmes.

Un roman intense passionnant qui vibre de passion, dans lequel la mort et l'amour dansent un tango langoureux...

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« Elle pressait les cordes de son violon et cinquante jolies chevilles de femmes bougeaient en même temps, vingt-cinq adorables dos s'arquaient, vingt-cinq cuisses remontaient le long de jambes de pantalon. Ces corps se pressaient les uns contre les autres comme elle pressait le manche de son doux violon en les regardant depuis la scène. Serre la bien contre toi, compadre, pensait Dante.Glisse ta jambe entre les siennes, guide-la si habilement qu'elle croira que le mouvement vient d'elle, cale ta main dans le creux de ses son dos comme si c'était le siège de tous les plaisirs terrestres et je te donnerai ma musique. Nuit après nuit, ma musique te fera bouger, ma musique te guidera, ma musique, à travers toi, lui fera l'amour. »
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