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Ce roman policier de l'Argentin Pablo de Santis (2007) est brillant. Mais est-ce vraiment un roman policier ? Oui mais pas seulement. Les lecteurs qui attendraient un récit policier historique bien réaliste et bien ficelé se déroulant à Paris à la veille de l'inauguration de L'Exposition universelle de 1889 seront déçus. Ce roman aux allures de policier à énigme est purement artificiel et parodique. Il rend un dernier hommage avec malice et subtilité aux Mystères de Paris et plus largement aux conventions du roman d'aventures policières du XIXè siècle. Pendant que le modernisme et le scientisme étincellent, le meurtre considéré comme un des beaux- arts vit ses derniers feux et les aristocrates décadents de la déduction s'éclipsent.

Le narrateur Sigmundo Salvatrio est le fils d'un humble cordonnier de Buenos Aires. Il a passé son enfance à reconstituer des puzzles et à dévorer La Clé du Crime, un illustré qui relate les exploits légendaires des douze plus grands détectives du monde. Ces histoires extraordinaires sont relatées par leurs assistants. Et justement en février 1888, le fameux Renato Craig, l'Argentin solitaire, fait paraître une annonce dans les journaux. Il se propose d'exposer pour la première fois son immense savoir à un groupe de jeunes gens. Ils sont très nombreux à postuler. Salvatrio est retenu pour des raisons qu'il ignore mais que le lecteur devinera facilement. A l'issue d' une première aventure, celle de l'infâme mage Kalidan, aussi trépidante que macabre dont il n'est pas du tout le héros, Sigmundo Salvatrio se retrouve seul à demeurer auprès du maître, honteusement diffamé et malade du cerveau. Or en mai 1889 doit avoir lieu l'inauguration de l'Exposition universelle de Paris et le Cercle des Douze a été invité à y participer. Salvatrio s'y rend non pas pour remplacer son maître mais pour transmettre un message secret et servir d'assistant à Arsaky le célèbre détective parisien d'origine polonaise et co-fondateur du Cercle. Mais bientôt le cadavre de l'un des Douze est retrouvé au pied de la Tour Eiffel…


Ce roman se déguste plus qu'il ne se dévore. L'atmosphère "Fin de siècle" est délectable. On est baladé entre de grands pavillons lumineux et des ruelles obscures. Dans l'arrière salle d'un café étroit, un garçon de petite taille, presque un nain, transforme un liquide vert en absinthe. Une maison labyrinthique ressemble à un livre ouvert. Des pièces imprévues surgissent et sur les murs blancs s'étalent des écritures, des phrases énigmatiques et un mur entier est dédié au très ésotérique Desdichado de Nerval. D'excentriques personnages y circulent, s'intoxiquent en humant de vieux grimoires, une Sirène apparaît. Ce sont les derniers magiciens, alchimistes ou occultistes qui abhorrent l'infâme Tour Eiffel. On suit l'intrigue policière au premier degré dans les pas de Salvatrio, jeune homme naïf et dilettante et, dans le même temps, on joue au détective en remarquant des artifices bien connus du roman à énigme. Les lettres volées, les chambres closes, les phrases à décrypter. A l'intrigue principale se greffent d'autres récits enchâssés et on s'y perd avec délectation. Les récits extraordinaires sont racontés avec emphase par des assistants pittoresques et ne correspondent en rien avec la -fausse-réalité de l'enquête. Dans l'enquête, les policiers officiels locaux sont tous stupides, bien entendu. Les détectives n'en savent pas plus long mais se donnent de grands airs. Par exemple Renato Craig le mentor de Salvatrio réputé pour harceler les suspects jusqu'à leur faire commettre l'erreur fatale, se révèle bien incapable de confondre le Mage Kalidan et se laisse convaincre par un piteux mensonge. Les Détectives adorent s'embarquer dans des théories fumeuses et polémiquer. Ils trimballent des loupes gigantesques, des microscopes énormes, de grosses fioles et d'épais dossiers enrubannés avec eux qui impressionnent beaucoup. Mais ils ne voient pas ce qui est sous leurs yeux d'énormes phrases qui donnent la solution aux énigmes. Les clichés nationaux sont détournés. Les assistants viennent souvent des colonies. On y trouve un Hindou pour le Détective anglais, un Sioux pour l'Américain etc. Ils sont vêtus en costumes traditionnels qui passent bien entendu inaperçus dans l'Exposition. D'autres proviennent de « petits » pays et font semblant de ne pas comprendre quand on leur adresse la parole. Salvatrio le dilettante prend souvent un air affairé pour donner le change et faire croire à son maître qu'il a compris. Les femmes n'ont pas le droit d'être assistante et les assistants ne peuvent pas devenir détectives à moins que...

C'est sûr je lirai la suite : Crimes et Jardins
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Douze détectives sont rassemblés à Paris à l'occasion de l'exposition universelle de 1889. ils viennent du monde entier, les récits de leurs succès font la gloire des journaux et l'un d'eux va être assassiné sur la tour Eiffel à peine achevée.
L'histoire nous est racontée par l'un des assistants de ces célèbres détectives, Sigmundo Salvatrio un jeune argentin, qui va aider Viktor Arkazy, le détective français à résoudre cette enquête complexe.
Plus qu'un roman policier, cette histoire nous fait découvrir les dessous de l'exposition universelle, avec ses innovations technologiques et ses détracteurs, un milieu où les secrets sont nombreux.
Cette enquête est tortueuse à souhaits, pleine de mystères et de rebondissements avec une pointe d'ésotérisme.
Au passage, les détectives en prennent pour leurs grades, car même s'ils ont parfois de bonnes techniques, leur ego est souvent bien démesuré.
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Je tente la métaphore mécanique, inspirée par la célèbre silhouette qui figure sur la couverture. Telle l'ascension (pedibus, bien sûr) de la Tour ne laissant voir, au cours de l'effort, qu'un entrelacs de poutres et de rivets, la lecture de ce Cercle des douze laisse une sensation d'avancée un peu laborieuse avant d'en arriver au dénouement, à la résolution de l'énigme, sauf que, dans mon cas, la vue panoramique promise est restée quelque peu brumeuse.
Le point fort de ce livre est sans nul doute le contexte qu'il puise dans l'Exposition universelle de 1889, devenue culte grâce à sa création emblématique, la Tour Eiffel. Construction incroyable et singulière, elle exerce un pouvoir d'attraction qui n'a pas échappé à la maison d'édition et a motivé le choix de la couverture. Si l'on ajoute qu'il s'agit d'une histoire de détectives donc d'énigmes, les ingrédients sont réunis pour intéresser le lecteur. Sauf que le lecteur a intérêt à être motivé pour aller jusqu'au dénouement. Il doit déjà supporter une première partie assez longue où d'emblée il faudrait croire que les détectives (du XIXème siècle) exercent de part le monde une forme de fascination au point de susciter la publication de revues, lues avec empressement par des sortes de fans. Cet enthousiasme plaqué m'a semblé quelque peu artificiel. L'histoire qui débute à Buenos Aires (l'auteur est argentin) nous est présentée par Sigmundo Salvatrio, grand admirateur des détectives, qui trouve une occasion en or de s'approcher du plus célèbre enquêteur privé de son pays, Renato Craig lorsque celui-ci, rompant ses habitudes de solitaire, lance une académie où il se propose d'enseigner son savoir et par là même, choisir enfin un assistant. Si le lecteur doit être motivé pour poursuivre sa lecture, ce n'est pas tant en raison du propos qui nous est proposé (après tout, il est courant d'avoir une impression d'artificialité au début d'un livre quand l'empathie avec les personnages n'est pas établie, quand le liant n'a pas encore pris) mais en raison du style, bien trop pesant (trop de phrases avec un groupe nominal suivi de deux points, utilisation des "il y a", "il y avait"...). Je ne sais pas si c'est une question de traduction car je suis perplexe quant à la capacité (ou le droit..) d'un traducteur à transcender un texte au point de lui donner une finesse littéraire si, initialement, celui-ci en est dépourvu. Heureusement, la qualité du style va en s'améliorant au cours de la lecture.
Sigmundo est envoyé pour représenter Craig, compromis dans une affaire, à la réunion du Cercle des douze dans le cadre de l'Exposition universelle. En effet, l'art de la déduction se doit d'être représenté au même titre que les autres arts et métiers. Chacun des détectives présents y va de son interprétation du métier. Certaines exégèses sont un peu embrouillées mais elles ont l'avantage d'être illustrées par une sorte de "digest" d'énigmes emblématiques dont chacune pourrait servir de source d'inspiration à un roman policier.
Alors que la conférence bat son plein, l'orgueil de ces fins limiers est provoqué par l'assassinat de l'un d'entre eux. Darbon, détective de Paris qui enquêtait sur les ennemis de la Tour Eiffel a basculé, à grands renforts d'huile, dans le vide depuis le deuxième étage. C'est l'un des aspects les plus intéressants du livre. On apprend ou on réapprend que la Tour, loin d'avoir suscité l'unanimité, a eu des détracteurs féroces (et pourtant, elle devait être démontée !). Au passage, l'auteur rétablit un peu la paternité de Koechlin, l'assistant d'Eiffel, dans la silhouette si particulière qui caractérise l'édifice. Ce livre, c'est la revanche des gens de l'ombre, des assistants...
Arzaky, l'autre détective parisien s'empare de l'enquête, aidé par Sigmundo. Leurs pas les mènent dans le milieu d'une secte d'hermétistes (mais plusieurs autres noms sont employés) qui considèrent comme un outrage ce symbole triomphant du positivisme (si j'ai bien compris...). Puis, nous les suivons dans l'intéressante Galerie des machines, l'autre grande attraction de cette exposition. Au cours de cette enquête, le jeune Sigmundo apprend, fait ses armes et éprouve à plusieurs reprises sa loyauté. Les ressorts compliqués de l'énigme rendent ce parcours initiatique cependant moins saillant qu'il ne le mérite, ce qui est regrettable car il est assez finement mené.
Un livre qui aurait gagné selon moi à faire quelques choix. Déjà servi par un contexte historique prégnant, il n'avait peut-être pas besoin d'être étoffé encore par autant d'idées, de rebondissements et de personnages (on est quasiment à la vingtaine...). Je l'aurais davantage apprécié un peu éclairci, gracieux comme la Tour Eiffel...

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Buenos Aires, mars 1888, le jeune Sigmundo Salvatrio fils d'un cordonnier d'origine italienne, rêve de devenir l'un des détectives dont les aventures sont relatées dans la revue « La clé du crime » qu'il dévore depuis qu'il est enfant.
Aussi, lorsque parait une annonce publiée par le célèbre détective Renato Craig informant qu'il va créer une école d'assistant de détective, Sigmundo tente sa chance.
Avec la vingtaine d'autres garçons retenus, il se rend vite compte que l'un d'entre eux nommé Alarcon, est au-dessus du lot et que sans aucun doute Craig le choisira comme assistant.
Lorsqu'Alarcon est assassiné par le tueur en série qu'il surveillait, tout change alors pour Sigmundo qui sera le seul à rester auprès de Craig empêtré dans le tourbillon créé par ce meurtre.
Craig ne peut alors se rendre à la réunion du Cercle des douze, cercle regroupant douze des meilleurs détectives du monde, qui va se réunir à Paris en mai 1889 à l'occasion de l'ouverture de l'Exposition universelle.
Il va donc y envoyer Sigmundo pour le représenter.
Mais très vite, cette réunion va virer au drame lorsque l'un des détectives français est retrouvé mort au pied de la Tour Eiffel en construction.
Suicide ? Accident ? Meurtre ?
Sigmundo va devenir l'assistant de Viktor Arzaky un autre détective français, pour enquêter sur cette mort et sur celles qui suivront.
Un bon polar historique qui nous replonge dans le Paris du début 1889 dans l'effervescence des semaines précédant l'inauguration de l'Exposition universelle.
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C'est une histoire policière originale puisque plusieurs détectives (12 exactement) sont mis à contribution. L'histoire est bien écrite sans temps morts d'un style assez fluide.
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Enquête sur l'illusion. Derrière le pastiche des déductions de détectives philosophes, le cercle des douze livre, derrière le trompe-l'oeil d'un très brillant exercice de style, une très fine réflexion sur l'accompagnement de la fiction. Pablo de Santis captive par son appropriation d'un Paris disparu, par ses pastiches d'un pari sur une rationalité illuminée.
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Voici une lecture que j'ai trouvé un peu trop lourde en détails et trop riche en personnages, rendant la lecture quelque peu confuse.
Pourtant, le matériel était intéressant et la qualité de l'écriture de de Santis en espagnol est très bonne.
Un argentin, Renato Craig, est un des fondateurs d'un groupe international de 12 détectives.
Ils doivent se réunir à Paris au moment de l'Exposition Universelle de 1889 avec une Tour Eiffel en pleine construction et en plein débat car les détracteurs font légion.
C'est la partie intéressante avec le descriptif du Paris d'alors ainsi que des méthodes de travail de ces limiers.

Un crime est commis auprès de l'un des douze détectives, le détective parisien qui plus est !
Et ce sera le jeune et inexpérimenté assistant de Craig qui aura le dernier mot. Il pourra revenir à Buenos Aires chargé de gloire ce qui lui vaudra la succession de son maître Craig et aux lecteur un Tome 2, que j'espère, sera plus palpitant !
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Trop long, très fouillis, trois bouquins en un, me semble-t-il et une traduction sans charme.
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Moi, Hercule Poirot, ça me détend. Je trouve cela reposant. Cette quête rassurante d'un mobile inévitable. Non ce n'est pas la future victime que l'on aperçoit, elle est déjà morte et c'est son meurtrier grimé qui tente de feinter Poirot. L'inconscient.
Avec son monde bien ordonné, de napperons bien rangés et de théières symétriques, il ferait une sacrée tronche de nos jours, l'Hercule. Il serait bien désemparé devant un Hannibal Lecter ou un Charles Manson. Il se tortillerait la moustache en grommelant que ce monde n'est pas pour lui...
Toute une époque. Celle des grands détectives, qui fort de leur puissance de déductions se passaient fort bien de test ADN et de preuves matérielles.
C'est à cette littérature que rend hommage l'auteur argentin Pablo de Santis dans son court roman LE CERCLE DES DOUZE. Un pastiche astucieux, nostalgique, sur un monde qui meurt, où les Grands Détectives seront balayés par les tueries de masses des guerres mondiales, remplacés par les progrès de la science...

"La science n'est plus un ensemble de réponses, mais la mise à mort des questions."

... Désarmés face à une violence sauvage, inexpliquée et sans but.
LE CERCLE DES DOUZE est un ouvrage délicieux, parsemés de petites énigmes malicieuses, de meurtres en pièce close etc.
D'une écriture mélancolique et précise, sous le patronage hautement recommandable d'une Agatha Christie pour l'enquête improbable, d'Eugène Sue pour le feuilletonesque parisien et de Doyle pour la faconde de ces détectives arrogants, DeSantis nous file entre les mains un livre irrésistible.
Il met surtout à l'honneur les assistants des Grands Hommes, les soutiers, les Watson Hastings and co ; le lumpen prolétarien de la chasse aux criminels. Riche idée !
Bien évidemment le crime sera résolu, mais la solution compte finalement moins que cette peinture de ce Paris fin de siècle, de cette Tour Eiffel inaboutie, de cette lutte entre Spirites et Scientistes.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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2 avr. 2016 11:53:19
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