L'histoire de Juliette remet en question cette première nuit d'amour tant idéalisée dans les films américains. Il s'agit selon moi d'un récit difficile à croire et duquel on retire une morale importante.
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Très bon livre préventif! Belle histoire sur un sujet tabou
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Un livre très juste sur la découverte de la maladie par une ado qui se pensait loin de tout risque, sa réaction, l'annonce aux autres, l'avenir envisagé... tout est très réaliste.
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À partir du moment où je me jugeais assez mature pour me donner à un garçon, je devais prendre mes responsabilités et me montrer digne de l’éducation qu’ils m’ont donnée. Mais non, pauvre idiote ! J’ai voulu croire que ça n’arrive qu’aux autres. Comme tous mes amis. On se croit invincibles. Tout le temps. On peut fumer, voyons, le cancer ne nous touchera pas ! On peut conduire vite, pfff, ce sont les autres qui causent des accidents. Et le sida, bien sûr, c’est aussi pour les autres ! C’est difficile, à notre âge, d’imaginer ce qu’on sera dans vingt ans. On vit presque au jour le jour. Et puis, il y a cette fameuse pensée magique… On croit qu’elle peut empêcher certains événements malheureux de se produire, de nous atteindre.
Jamais je n’avais menti à mes parents, même pas pour des niaiseries comme le font la plupart des enfants. J’ai toujours pu leur dire la vérité sans craindre les remontrances, les jugements. Ils m’ont toujours fait pleinement confiance, totalement convaincus que je ne la trahirais jamais. Et pourtant, après seize ans de confiance, je m’apprêtais à leur raconter n’importe quoi, en sachant très bien qu’ils me croiraient, parce qu’ils n’avaient aucun motif de mettre ma parole en doute.
« Pauvre papa ! Il a toujours su qu’un jour un homme viendrait m’enlever à lui. Eh bien, ce vandale est là, dans son salon, il a même bu une de ses bières et s’est assis dans son fauteuil préféré. Et sa petite fille adorée va bientôt lui jeter de la poudre aux yeux afin de filer pour sa première nuit d’amour. »
Pascal. Ce garçon que j’ai tellement désiré. Je voulais lui donner mon amour et, sans le savoir, je flirtais avec la mort. Mes sentiments pour lui sont confus. Certains jours, j’ai envie de l’étrangler et, parfois, j’angoisse terriblement pour lui. Je suis partagée entre la rage et la compassion. Qui aurait pu savoir que Pascal se droguait ? Pas moi, en tout cas. Je n’ai rien vu. Je le désirais trop, sans doute… L’amour est aveugle, dit-on. Et je l’avoue, j’étais aussi très naïve.
Nous ne nous sommes fréquentés que trois mois, avant que je découvre qu’il vendait de la drogue pour s’offrir la moto de ses rêves… un rêve qui l’avait déjà entraîné vers les abîmes. De vendeur, il était rapidement devenu consommateur… et de consommateur, il était devenu… ASSASSIN !
La mort, je n’y ai jamais pensé. Jusqu’à aujourd’hui. Oh ! bien sûr, il m’est arrivé parfois de me dire que j’en avais assez de cette vie de chien, mais pas au point de vouloir mourir, jamais. J’aime trop la vie pour ça. J’ai encore tellement de choses à faire ! Justement, je dois commencer mes cours de conduite le mois prochain. Est-ce que ça en vaut la peine maintenant ?
C’est drôle, on dit que lorsqu’on côtoie la mort, on voit toute sa vie défiler en quelques secondes. Moi, non… Je ne pense pas à ce que j’ai fait l’année dernière, mais plutôt à ce que je ne pourrai pas faire dans dix ou douze ans, parce que je ne serai peut-être plus de ce monde.
J’ai peur de respirer. J’abrite un oursin au fond de moi. Un monstre ignoble m’habite et attend la plus petite faiblesse de mon organisme pour me piquer à mort. Il se nourrit de mes cellules et attend l’instant propice pour m’assassiner. Comment parvenir à vivre, alors que je sais qu’il est là, tapi dans le noir, en attente ? Parce que c’est une des particularités de ce virus, il peut rester là à attendre pendant des années, comme s’il était gelé, avant de se réveiller pour détruire mon système immunitaire en se multipliant sans cesse à la vitesse grand V.