Eugène Boudin a peint des plages, des ports, des dunes, des marées hautes et basses, des bateaux échoués, des pleines mers. Il aime à reproduire le va-et-vient des barques de pêche, parfois aussi un beau navire à voiles entrant dans le port. Il connaît suffisamment la technique du métier, car il est fils de marin et a passé sa vie au bord de la mer. Mais son oeuvre demeure inférieure à celle de Jongkind. Elle trahit trop souvent une grande inexpérience de dessin et de l'art de peindre. Pour en sentir le charme, il faut la regarder à distance, les défauts disparaissent dans un ensemble un peu confus. C'est pour cela probablement que Boudin, qui n'a jamais gagné sa vie à l'aide de sa peinture, trouve tant d'admirateurs après sa mort.
L'éducation d'un peintre de marines est des plus rudes et des plus pénibles. Pour peindre la mer, il faut avoir navigué en toutes saisons, avoir passé des journées et des semaines au large, avoir fait des études entre le ciel et l'eau, et quand on a tous les documents nécessaires on peut, au retour dans l'atelier, exécuter des œuvres vraisemblables.
Les peintres de marines se divisent en trois catégories:
1° Ceux qui vivent à la mer, avec la préoccupation de rendre fidèlement le spectacle qu'ils ont sous les yeux.
2° Ceux qui habitent une plage plusieurs mois de l'année et copient du rivage ou du quai d'un port les effets ou les incidents qui les frappent.
3° Les paysagistes qui peignent par hasard la mer ou s'en servent pour agrémenter un tableau, lui donner de la profondeur
Les peintres de marines deviennent rares, parce que la peinture de mer est très ingrate et qu'elle ne profite guère à son interprète.