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Critique de Arimbo


En lisant ce livre, je me suis souvent dit “Que la littérature américaine contemporaine est riche! Que de grandes autrices et auteurs, et dans tant de registres!” Et Don DeLillo, dont je viens pour la première fois de lire un roman, en fait assurément partie!

Et aussi, trottait dans ma tête cette petite phrase si juste de mon amie babeliote Fabinou7. « Comme souvent avec un bon livre, ce n'est pas tant ce qui est narré qui rend l'expérience de lecture singulière et prenante, mais l'art et la manière de réinventer la narration ».
Ce roman, « L'homme qui tombe », c'est tout à fait cela.

J'aurais voulu débuter avec cet auteur par son plus célèbre roman « Bruits de fond », mais celui-ci en prêt dans ma médiathèque, j'ai choisi celui-là dont mon ami babeliote Creisifiction a fait une critique très fouillée, comme toujours.

Avec un thème aussi connu que les attentats du 11 septembre 2001, l'auteur nous emmène dans la vie d'un couple dans lequel cet événement tragique est le déclencheur d'un essai de reprise de vie commune, mais pas que cela.
C'est aussi, sans pathos, ni démonstration aucune, sans parti-pris, le récit d'humains initialement en état de sidération, qui essaient de trouver un sens à leur vie.
A travers une narration si spéciale, faite de phrases courtes, dans laquelle le lecteur passe de façon très fluide d'un protagoniste à un autre, les pensées qui traversent Lianne, personnage le plus sensible, le plus attachant et le plus complexe du roman, son mari Keith revenu chez elle sans s'en expliquer juste après avoir quitté une des tours jumelles en feu, leurs échanges avec leur fils Justin, avec la mère de Lianne, Nina et son vieil amant Martin, et avec quelques autres, témoignent de leur désarroi, de leur volonté de prendre un nouveau départ, sans que cela soit dit, mais aussi, et surtout pour Lianne, de leur questionnement sur la mort, sur l'art, la religion, sur leur mode de vie, et de leurs doutes aussi, entre autres, leur rapport à l'humanité qui habite notre planète et qui leur envoie ce terrible signal de haine. Et les propos de Martin, marchand d'art dont on apprendra qu'il appartint probablement au groupe terroriste allemand de la Bande à Baader, sur la provocation que représentent les tours, exhibition de la puissance du monde capitaliste, sont un des exemples d'un récit tout en nuances, d'une grande richesse.

En opposition à ce monde « civilisé » plein d'incertitude, l'auteur nous donne à voir les certitudes folles d'un des terroristes, Amir, qui participe au commando qui jettera ses avions sur les tours du World Trade Center.

Et en contrepoint, apparaîtra, jusqu'à sa mort énigmatique, « l'homme qui tombe », un artiste « performer » un peu paumé qui saute d'immeubles en saut à l'élastique, tout en prenant la posture de ceux qui chutèrent des tours, une performance mystérieuse qui suscite la controverse.

Et Don DeLillo dit les choses sans vraiment les dire, et ce mode de narration est particulièrement efficace pour nous attacher à ces êtres souffrants et incertains.
Un écrivain unique, dont j'attends avec impatience de lire « Bruits de fond » et bien d'autres livres.
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