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Critique de BazaR


En général je ne me précipite pas sur les récits de vampires, loups garous et autres momies ; je n'ai même pas lu Dracula de Bram Stoker ou Frankenstein de Mary Shelley. Je suis de plus très sceptique vis-à-vis de la bit-lit. Mais les critiques de certains de mes amis babéliotes m'ont incité à rompre avec mes préjugés. Et je me suis bien régalé, comme quoi…

J'ai beaucoup aimé le décor, cet AlterMonde structuré autour de la société humaine parisienne comme le lierre autour du chêne, ces Meutes de loups garous qui règnent sur les quartiers populaires, ces Cénacles de vampires qui dominent les arrondissements riches, et éparpillés des sorciers et autres « bestiaux » minoritaires, comme Agnès l'héroïne – sorte de Jean Grey / Phénix de l'AlterMonde – et Géraud, son sorcier éternel d'oncle. Tout cela est assez classique (je crois) mais très bien construit.

Là où ça devient original, c'est quand Jeanne-A Debats place l'action dans un cabinet de notaires qui traite les problèmes d'héritage de notre bestiaire plus ou moins éternel et mort-vivant. Imaginez les embrouilles en pelote que peut représenter une succession de vampires millénaires. Sûr ! l'auteur tient là une bonne idée.
Elle la fait fructifier au sein d'une histoire prenante emplie de personnages intéressants et attachants. On ne pénètre pas beaucoup leur psychologie – le seul point de vue du roman est celui d'Agnès – et j'approuve à cent pour cent cette aura de mystère qui se dégage de ses personnages inhumains. On a envie de les connaître mieux en se doutant que c'est impossible. Malgré leurs postures ou leur retenue, ils laissent parfois passer une émotion qu'un humain peut comprendre, et qui devient de l'or du fait de sa rareté même. C'est excellent ! Je préfère largement cela à l'approche humanisante que Damien Snyers avait employée avec ses elfes et ses trolls dans La Stratégie des As.

Mais c'est le ton humoristique, un peu second degré, sur lequel Jeanne-A Debats surfe dans son récit, qui lui donne une saveur proche de celle d'un Gabriel Katz. On se vanne à gogo dans l'AlterMonde ; Michel Audiard était peut-être un loup-garou en fait. Bon, quand on est un vampire de la haute, on essaie de se tenir, mais ceux qui rejettent cet héritage sont franchement frapadingues, de vrais Jokers.

L'héroïne Agnès possède cet humour ; elle manie l'analogie comme le serrurier la radiographie : avec professionnalisme. C'est une ado – ses chaleurs face aux superbes mâles vampires en sont une preuve – mais une ado affublée d'une malédiction qui lui bouffe chaque instant de sa vie. Après avoir partagé un morceau de son existence, vous serez heureux de ne pas être medium : on peut perdre la raison à voir la mort en face. Pourtant elle a du potentiel ; comme je le disais tout à l'heure, la comparaison avec Jean Grey des X-men n'est pas stupide selon moi.

Donc, première pénétration dans l'AlterMonde réussie. Je remercie amplement BlackWolf, Amaruel, Mariejuliet et boudicca qui m'y ont converti. Je compte bien attaquer Métaphysique du Vampire prochainement, en attendant la sortie en poche de la suite de l'Héritière.
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