AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de boudicca


Avec « Métaphysique du vampire », Jeanne-A. Debats quitte pour une fois le domaine de la science-fiction pour ceux du fantastique et de la bit-litt. Connaissant déjà un peu le style percutant et très cynique de l'auteur, ce mélange des genres me semblait prometteur, et le résultat ne m'a pas déçu. Il faut dire que l'auteur a le don pour dépoussiérer tous les vieux clichés qui collent malheureusement souvent à la peau de ce type de roman : cette fois, nous sommes dans les années 1960, alors que se poursuit la traque des criminels de guerre nazis ayant échappé à leur procès après la Seconde Guerre Mondiale, et le protagoniste n'est pas une fille canon et grande gueule trimbalant de gros pistolets (comment, je caricature ?) mais un vampire séculaire cynique, solitaire... et travaillant pour le compte du Vatican. Avouez que le pitch de base change un peu de l'ordinaire, et c'est ce qui fait l'un des principaux attraits de ce roman dont le véritable sujet n'est pas le surnaturel mais plutôt la monstruosité : de quoi s'agit-il réellement et dans quelle mesure peut-on la détacher de la définition de ce qu'est la nature humaine ? Qui a dit qu'on ne pouvait pas réfléchir grâce aux littératures de l'Imaginaire ?

Parmi les autres points forts du roman figure évidemment l'univers élaboré par Jeanne A. Debats, univers d'ailleurs déjà existant et auquel l'auteur a consacré plusieurs nouvelles parues dans diverses anthologies et recueils : « Gilles au bûcher » dans « La Vieille Anglaise et le Continent » où on en apprend davantage sur le « créateur » du héros du roman ; « Le Blues du Vampire le soir au-dessus des paraboles » dans « Fiction 2011 » ; ou encore « Eschatologie d'un vampire » dans « Elfes et assassins ». La volonté de l'auteur est claire, il s'agit de mettre en place une vaste fresque dans laquelle coexisteraient tous les genres de l'Imaginaire, de la fantasy à la SF en passant par le fantastique, la fantasy urbaine, la bit-litt... Un projet de grande ampleur mais qui ne manque pas d'attraits. Parmi les autres points forts du roman, citons également la plume de l'auteur, pleine d'humour et toujours aussi incisive et mordante. Une seule ombre au tableau, mais hélas de taille : la trop grande brièveté de l'ouvrage (un peu moins de deux cent pages). L'intérêt du lecteur pour les personnages et l'histoire en pâtit, et c'est d'un oeil presque distrait que l'on suit l'avancée de l'intrigue, bien trop vite résolue.

« Métaphysique du vampire » avait au départ été pensé par l'auteur comme une nouvelle, et cela se ressent malheureusement un peu trop. le cadre, les personnages et certains éléments de cet univers sont cela dit intéressants et c'est avec plaisir que je poursuivrai ma découverte des textes de Jeanne A. Debats qui, décidément, semble aussi à l'aide en SF qu'en fantastique ou en fantasy. Ne vous laissez donc pas rebuter par la brièveté de l'ouvrage, la réflexion qu'il propose ainsi que l'ironie et la brutalité qui imprègnent chaque réplique valant à elles seules le détour.
Commenter  J’apprécie          292



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}