•POLITIQUE DÉCHUE•
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🦊 Sortir de sa zone de confort et affronter l'inconnu. La Birmanie. Ce pays tiraillé entre minorités, extrémistes et bouddhistes.
Frédéric Debomy et
Benoît Guillaume en sont des spécialistes et font de ce roman graphique, un modèle de pédagogie pour comprendre tous les tenants et aboutissants de ce conflit. Les rohingyas, minorité musulmane, sont persécutés dans leur propre pays. Depuis des années, chaque partie se renvoyant la balle dans ce pays à grande majorité bouddhistes.
Aung San Suu Kyi et ses décisions politiques controversées, elle qui était si espérée comme héroïne nationale. Elle le prix noble de la paix qui s'opposait à la dictature militaire, n'est plus capable de protéger une partie de sa population. Parfois frileuse, parfois démunie de pouvoir, elle demeure impuissante dans un pays où l'armée demeure un modèle pour le peuple. Il paraît difficile d'y voir une solution positive même si depuis la sortie du livre en mars dernier, l'ONU tente de faire le nécessaire. La Birmanie n'est plus une démocratie•••
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🦊 le roman graphique accueille des témoignages successifs, différents selon l'angle de vue et bouleversants à travers le pays. Les cases sont riches en textes, si riches que parfois on pourrait passer à côté du dessin si évocateur. Avec une qualité de propos journalistiques, on parcourt la Birmanie avec une meilleure connaissance des lieux. le pouvoir politique birman regarde ailleurs et ose ignorer certaines vérités du terrain. A chaque dialogue engagé avec un citoyen birman engagé dans le processus politique, on s'interroge de la possibilité que des êtres humains puissent être traités de la sorte.
Benoît Guillaume nous offre un dessin brumeux où les visages s'évaporeraient presque. Une sorte de fuite de soi-même. Avec des nuances de bleu-jaune-orange et noir, selon les moments évoqués, à la manière d'un carnet de voyage d'un peintre•••
🦊 Évidemment les deux auteurs ont choisi ces témoignages parmi d'innombrables voix en Birmanie mais cela demeure un patchwork tout à fait lucide quant à la situation de ce pays où la religion permet d'exclure ou de parquer des individus. La rencontre avec le moine bouddhiste extrémiste Wirathu et la connaissance avec son entourage fait froid dans le dos. Les Rohingyas restent dans l'esprit des birmans des sous-hommes, des individus assimilés à de la vermine. Il ne s'agit pas d'une petite frange de la population mais bien d'une immense majorité qui le pense. D'où la difficulté à faire bouger les lignes. J'expliquais à mes étudiants récemment lorsque nous évoquions le mot même de terrorisme. Ce mot qui effraie et qui demeure galvaudé par beaucoup pour qualifier un acte ignoble. Quand je leur ai parlé de la situation en Birmanie leur regard sur le mot terrorisme a changé. le point de bascule dans cette haine entre ces deux religions que sont le bouddhisme et l'islam fut cette attaque de poste de police par un groupe armé de rohingya. Se défendre après avoir été enfermé, exterminé est-il acte de terrorisme ? N'est-il pas plutôt assimilable à une légitime défense certes ne rentrant dans aucun cadre légal car non immédiate. Les limites du vocabulaires sont tenues parfois, les rohingya auraient-ils dû attendre que la société internationale réagisse ? Nous sommes en 2020 et cela continue. Ici ou ailleurs, des individus se font exterminer à cause de leur religion. Comme le déplore Ma Thida, une célèbre chirurgienne, écrivaine, militante des droits de l'homme et prisonnière politique : « Nous peinons à dessiner un rêve commun »•••
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