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EAN : 9782081221215
156 pages
Flammarion (06/01/2010)
4.14/5   7 notes
Résumé :

" Je suis sûr, en abordant cette rive bardée d'écueils, de me brouiller avec la moitié plus un de mes meilleurs amis. Il se trouve simplement qu'un Gentil se sent les coudées plus franches avec un juif d'Israël... "

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Régis Debray est un des très rares auteurs qui parviennent à faire la part des choses dans le conflit israélo-palestinien. Il donne sur ce problème un éclairage extrêmement pertinent qui devrait empêcher chacun d'entre nous de tomber dans l'un des deux travers habituels: ou bien l'ignorance (liée à l'indifférence), ou le sectarisme acharné pro-israélien ou pro-palestinien. Il avait déjà fait preuve de sa perspicacité dans son précédent livre intitulé "Un candide en Terre Sainte". En 2010, il a récidivé avec ce livre qui se présente comme une longue lettre écrit par l'auteur à un ami israélien, Elie Barnavi, un sioniste modéré. Et ce dernier donne brièvement la réplique à R. Debray. [Dans la suite du commentaire, tout ce qui est entre guillemets est une citation littérale de R. Debray]

Tout d'abord, R. Debray annonce la couleur: il est catégoriquement opposé à une destruction de l'Etat juif. Mais, ajoute-t-il aussitôt, après sa création douloureuse, Israël « n'a cessé, depuis, d'enfoncer le fer dans la plaie en rendant insupportable l'inévitable »; obsédé par les problèmes de sécurité, il est comme « Goliath pour [ses] voisins, et à [ses] yeux David ». Par exemple, l'opération punitive contre la bande de Gaza (en 2008-2009) lancée en représailles à l'envoi de missiles palestiniens, s'est traduite par un ratio des pertes de l'ordre de un à cent !

Et le fameux le mur de séparation, en construction ? C'est comme un « bandeau sur les yeux ». Pour un observateur étranger, ce qui saisit le plus à propos des Israéliens, « ce n'est pas la haine pour les Arabes, mais l'indifférence. Chacun sa bulle. Une tranquille incuriosité pour les gens de l'autre côté. Un habitant de Jérusalem-Ouest ne va pas à l'Est: sans intérêt. Autant lui parler de la Lune ». En outre, l'auteur a la conviction que la référence systématique à la Shoah (pour tenter de justifier l'intransigeance et l'usage de la force) est contre-productive. Ainsi « les ayants-droit n'ont plus d'yeux ni d'oreilles que pour leur propre souffrance », sans aucune compassion pour les Palestiniens ; cette attitude les dessert auprès de l'opinion publique mondiale. Elie Barnavi lui réplique vertement que ses compatriotes deviennent fous quand on ose faire la comparaison entre le génocide hitlérien et cette « guerre entre deux nationalismes concurrents » qui n'en finit pas.

R. Debray a des mots très durs quand il évoque l'éventuelle résolution du conflit. « le "processus de paix", c'est une formule géniale: c'est le processus qui compte, non son résultat ». Et il ajoute: « Israël conçoit l'Etat palestinien comme une poussière de communautés locales, et cela, non parce que ce peuple aurait droit à son indépendance dans l'absolu, mais comme une ceinture de protection améliorant sa sécurité ». Pour lui, « c'est un fait évident que l'Occident ait objectivement les clés de la solution ». Mais « l'Europe, ombre molle, est digne du mépris rigolard que les dirigeants israéliens lui portent ». La solution ne peut donc être imposée que par les USA [Une remarque personnelle: ceci est peut-être moins vrai aujourd'hui qu'en 2010, en raison de la stratégie de désengagement appliquée maintenant par Obama]. Cependant, il y a trop de correspondances entre les deux puissances car « l'Amérique, c'est un "grand Israël" qui a réussi. Israël, c'est une "petite Amérique" qui est à la peine ». Mais les deux ont pour point commun de ne rendre des comptes à personne ». La solidarité entre les deux gouvernements l'emporte donc sur les divergences (même avec un Netanyahou comme premier ministre !).

Quoique publié il y a déjà quatre ans, ce livre reste tout à fait d'actualité, pour l'essentiel: presque rien n'a changé depuis lors. R. Debray (qui est sans aucun doute un homme très intelligent) a écrit là un livre juste, incisif, qui ne choisit pas les chemins de la facilité. Lui-même n'a évidemment pas l'outrecuidance de proposer un "plan de paix" qui, dans le contexte, serait risible. Pour conclure, j'ajouterai que les réponses d'E. Barnavi à son ami intéresseront aussi le lecteur: il ne faut pas ignorer la position des citoyens israéliens, car la paix finale (si elle est envisageable !) ne se fera pas sans un consensus au sein même de l'Etat juif.
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Essai intéressant. Assez neutre, mais ne mâchant pas ses mots au sujet de la politique de l'état d'Israel
.
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A diffuser largement aux membres de la Knesset, avec contrôle flash, éclair
à l'issue....
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