Qu'il y ait entre l'école de New York et les dernières toiles du vieux Monet une filiation évidente, voilà qui saute aux yeux du visiteur dès qu'il descend les marches de l'exposition de l'Orangerie: un superbe triptyque de Joan Mitchell, The outside door- prêt de Beaubourg- s'y déploie comme une version contemporaine du luxurieux jardin de Giverny...où d'ailleurs la peintre américaine avait installé ses quartiers!
L'abstraction américaine c'est Jackson Pollock, Sam Francis,Jean Paul Riopelle, de Koning, Helen Frankenthaller, Rothko,et d'autres encore.
Ce numéro spécial de Connaissance des Arts, préfacé par Cécile Debray après une introduction centrée sur l'accueil d'abord très mitigé du dernier Monet, en montre les qualités avant-gardistes. Elle souligne également le rôle moteur des critiques d'art américains -Clement Greenberg en particulier- dans l'influence exercée par le vieux maître sur la jeune école de New York, puis présente successivement les artistes americains et, de façon très pédagogique, les spécificités de chacun, tableaux à l'appui.
Tous sont en effet très différents, jouant avec les couleurs pour obtenir des formes comme Frankenthaller ou Francis, ou pour dessiner des rythmes comme Pollock , pour dire leurs "paysages interieurs" comme Joan Mitchell,ou les déchiqueter comme Still, developpant leur architecture particulière comme Rothko, ou la cherchant dans l'épaisseur de la matière et de la touche, comme Riopelle.
Petit ouvrage clair, succinct et suffisant pour apprécier une exposition passionnante...et même deux!
Du Monet des nymphéas à l'abstraction américaine, et de celle-ci à celle, toute lyrique de Zao Wou-Ki qui a aimé et frequenté l'école de New York avant de trouver sa propre voie, il y a un chemin, sensible, puissant, et riche!
Est-ce bien le hasard qui a fait que ces deux expositions soient toutes proches et simultanées ?
Si vous passez du Musée d'art moderne où sont proposées les grandes huiles et les encres abstraites de Zao Wou-Ki à celui de l'Orangerie, vous ferez un voyage au pays de l'abstraction, plein d'échos fraternels, de clins d'oeil et de de passerelles...
Réjouissant et passionnant!
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Le critique d'art américain Clement Greenberg(1909-1994) fut un ardent défenseur de l'expressionnisme abstrait qu'il ne cessa de confronter ou de faire dialoguer avec l'art moderne européen.
Si Monet traduit en peinture des paysages vus et des impressions lumineuses, Rothko élabore, lui, un espace pictural et une certaine qualité de lumière par l'agencement de champs de couleurs brossées , aux contours flous.
La peinture de Mitchell s'inscrit dans la filiation de l'expressionnisme gestuel de Willem de Koning, mais, à travers la véhémence de la touche, qui s'étale souvent sur de grands formats, elle cherche à restituer non l'expression d'une intériorité tourmentée, mais le souvenir d'une émotion ressentie face au spectacle de la nature. Et la générosité de la matière picturale, le souci de la lumière, aussi bien que la richesse et le raffinement de la palette trahissent l'ascendant de Monet.
De #MeToo à "Black Lives Matter", les bouleversements de notre société s'invitent dans la sphère culturelle. À l'heure où les sociétés occidentales questionnent leur héritage, comment les musées s'adaptent-ils ? Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Cécile Debray, conservatrice générale du patrimoine et présidente du musée national Picasso-Paris, et Christophe Boltanski, grand reporter au "Nouvel Observateur".
#culture #musée #blm
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