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Citations sur Le siècle vert (7)

Pendant un millénaire, l'homme moral s'est demandé : "où en suis-je avec Dieu?" Puis, à partir de la Renaissance : "où en suis-je avec mes congénères?" Et aujourd'hui, "où en suis-je avec les animaux?" L'Occidental se cherchait au Ciel ; il s'est cherché dans son semblable ; il se cherche à présent dans le chimpanzé - au risque de s'y retrouver. Nous passons d'une condition spirituelle à une condition naturelle. La première, comme bue par la seconde.
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Le retour à la sève et aux sucs ne s'est pas fait un beau matin, sans préavis. Le glissement, que nous voyons en live, de l'Esprit sans la Nature (pôle progressiste) vers la Nature sans l'Esprit (pôle réactionnaire), a demandé plusieurs siècles. Les termes en ion du prométhéisme ont émergé à la fin du dix-huitième (communication, régénération, civilisation, colonisation, etc.). Le dix-neuvième a enchaîné avec la machine à vapeur, l'engorgement des métropoles et le passage en accéléré de l'agriculture à la manufacture. L'Esprit atteint enfin sa vitesse de libération au vingtième siècle avec les aéroplanes, la machine-outil, le bébé-éprouvette, les aliments ultra-transformés, les transgenres et le désormais classique «on ne naît pas femme, on le devient ». Ce sont les décennies fabuleuses, 1900-1925, des avant-gardes qui ont exploré tous les possibles de l'ingénierie, OGM compris, ouvrant la voie à notre régime actuel : le concept sans l'affect, le marché sans frontières, l'art sans œuvre, la reproduction sans sexe, la dissidence sans risque, le roman sans récit, le café sans caféine et le mot sans la chose. Ayant débranché sa prise de terre, l'Esprit se pense désormais à même d'effacer la matière première sous le produit fini, l'inné sous l'acquis, et de voir dans le monde sensible, le plus bas de gamme des mondes possibles.
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L'ivresse du nous une fois refoulée dans les stades de foot ou aux abords, chaque moi-je reste en tête-à-tête avec les images de dévastation quotidienne sur son écran, sans nation, peuple ou Cité interposés pour le distraire d'une mort annoncée.
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L'histoire est ce que font les hommes, mais qu'avons-nous fait de ce qui nous a faits?
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Qui procède au remembrement des parcelles, assainit le bocage, améliore la productivité, fait ses additions et réclame un bonus. Qui, en ville, taille des avenues et remplace les ruelles par des esplanades. Tout ce qui entrave et enclave, pèse et empèse, l'insupporte - Héritage, Tradition, Localisation. Pas de fil à la patte. Respecter, c'est radoter. Son devoir à lui est de créer du jamais vu. L'an I de la République. L'an I de l'homme nouveau. « Du passé faisons table rase », de la couche d'ozone, des nappes phréatiques et des séquoias aussi, et demain l'Internationale sera le genre humain. Rien de plus condamnable, à ses yeux, et de plus rétro, que l'injonction d'Épictète : « Ne prétends pas changer la nature des choses. » Lui, justement, c'est son métier, son orgueil et sa feuille de route.
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Premier stade : 1866, naissance d'une discipline scientifique (l'Ökologie de Haekel) et une science ne fait pas la morale. Deuxième stade, 1968 : transformation d'une science en idéologie, symbole d'une contre-culture rebelle et contestataire. Troisième stade, années 2000, transformation d'une contre-culture en dogme officiel, et d'une discipline garde-fous en litanie cache-misère. On pourrait poursuivre l'asymptote des renversements, vu la facilité déconcertante qu'à la correction d'une injustice pour en produire une deuxième, l’Évangile des Béatitudes pour accoucher de l'Inquisition, et un marxisme égalitaire, des bagnards en Sibérie. Théocratie, Idéocratie et demain Biocratie? Ce n'est pas une raison pour se dérober à l'impérative reconnaissance de biens communs à protéger. C'en est une, tout au plus, pour se demander si d'un "Urgence planète" ne pourrait sortir quelque jour une Biorégion où un haut comité d'experts, flanqué d'hommes à poigne, viendrait proclamer : "Le temps nous est compté. Assez d'atermoiements. On va vous serrer la vis pour vous sauver la vie. Si la Terre, elle, ne ment pas, les humains, eux, sont pleins de turpitudes, et il faut en finir avec ces mensonges qui nous ont fait tant de mal et nous mènent à l'abîme. Adieu les Bisounours et les néo-ruraux sympas. Au boulot." On passerait alors de l'appel au secours à l'organisation des secours, avec contrôle sécuritaire des secourus. Brigades d'inspection des poubelles, incarcération des chasseurs, fumeurs et réfractaires, campagnes de stérilisation forcée. Un enfant et un seul par couple ne venant pas spontanément à l'idée des mamans, seul un État autoritaire et policier pourrait faire respecter les règles malthusiennes qu'imposerait une détresse climatique mettant le couteau sous la gorge des survivants.
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Le faustien, on l'a compris, est un Blanc, un homme pressé, un manager qui aime les graphes et les tableaux Excel. C'est un urbain, un startupper, un homme d'initiative et d'industrie. L'ailleurs le démange et le lendemain l'inspire. Tout le contraire du bouseux collé à son lisier et au retour des saisons. Il ne cache pas son magot sous le matelas, lui, il risque, joue et gagne Il a foi dans le progrès, non sans raison, puisqu'il diminue sans cesse, par ses astuces et prototypes, la peine de vivre. Le maître des horloges a des plans de campagne appelés prévisions de croissance, car c'est un guerrier, et des réunions d'Etat-major, appelés G8 ou G20, car il voit grand. En tout, il mesure la performance, exige le maximum, et brandit le chronomètre. En clair, c'est l'homme de l'Esprit, tel que Valéry le définit : non un "flatus vocis", un gaz immatériel et flou, mais une "puissance pratique de transformation du réel", active et proactive. L'Esprit, oui, par opposition à la Nature. Ces termes démodés, jugés peu recevables par nos maîtres-déconstructeurs, il nous faut les assumer, avec ou sans leur majuscule hautaine. S'entendra ici, prosaïquement, par nature, à la façon stoïcienne, l'ensemble des choses qui ne dépendent pas de nous, et par esprit, le système élaboré des forces qui s'appliquent à faire qu'elles dépendent de nous. Ce ne sont pas là deux blocs métaphysiques immuables, puisqu'au fut et à mesure que l'esprit accroît ses moyens d'intervention, tout ce sur quoi nous n'avons pas prise - la nature - doit battre en retraite. Réduire au plus strict minimum l'antique force des choses, ce fut la raison d'être, et à court terme, la réussite de qui ouvre des lignes aériennes, arase les haies vives et asphalte les chemins de terre. Qui procède au remembrement des parcelles, assainit la bocage, améliore la productivité, fait ses additions et réclame un bonus. Qui, en ville, taille des avenues et remplace les ruelles par des esplanades. Tout ce qui entrave et enclave, pèse et empèse, l'insupporte - Héritage, Tradition, Localisation. Pas de fil à la patte. Respecter, c'est radoter. Son devoir à lui est de créer du jamais vu. L'an I de la République. L'an I de l'homme nouveau. "Du passé faisons table rase", de la couche d'ozone, des nappes phréatiques et des séquoias aussi, et demain l'Internationale sera le genre humain. Rien de plus condamnable, à ses yeux, et de plus rétro, que l'injonction d'Epictète : "Ne prétend pas changer la nature des choses." Lui, justement, c'est son métier, son orgueil, sa feuille de route.
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