Une femme explique à son ex-mari qu'elle aime les filles. Un an plus tard, elle n'a toujours pas revu leur fils. Comment peut-on en arriver là ?
Dans son premier roman,
Play Boy,
Constance Debré assumait sa nouvelle orientation sexuelle. Dans le second, elle raconte à quoi ressemble sa vie quand on l'a choisie. Elle nage, elle écrit, elle boit peu, elle fume des Marlboro light et elle côtoie beaucoup de femmes. À côté de cette liberté choisie, elle a perdu son fils. Son ex-mari —humilié, en colère— lui a fait vivre l'enfer, l'a totalement éloignée de lui pendant plusieurs mois. Et elle le raconte.
Méfiez-vous d'un écrivain qui n'a plus rien à perdre.
Elle aurait pu faire semblant, après tout, comme beaucoup de gens. Elle aurait pu sacrifier ses idées et le sens de sa vie pour son époux, son fils, ses clients. Elle était avocate, elle avait les cheveux longs, elle gagnait bien sa vie. Elle aurait pu mourir après avoir fêté encore une bonne trentaine de réveillons de Noël, en feignant le bonheur. Mais certaines choses méritent qu'on aille au bout de soi, que l'on dise non aux schémas ancestraux, que l'on soit heureux de se lever et d'écrire, heureuse d'aimer des femmes, et ce malgré les jugements, malgré cet enfant que l'on ne voit plus, malgré le doute, malgré le manque d'argent. Devenir soi, ça n'a pas de prix.
Les lois et les avocats, elle les connaît. Elle sait bien le temps que cela prendra. Elle fait appel à une association, petit à petit elle obtient un droit de rencontre, sous surveillance. Puis un droit de visite. Mais au juste, sous quel motif précis l'a-t-on privée de son fils ? L'amour était là, il sera toujours là. Elle ne renonce pas, elle accepte.
J'ai été profondément émue et envahie par l'abnégation dont l'auteure fait preuve. On est dans le dénuement le plus total, le corps et l'âme sont au service de l'écriture.
Sur la quatrième, il est précisé que ce roman traite de l'amour, maternel, des femmes. En le refermant, j'ai pensé que c'était avant tout une déclaration d'amour à la littérature.