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EAN : 9782882535528
320 pages
Luce Wilquin (13/09/2018)
3.11/5   14 notes
Résumé :
Pour Clara Clossant, trente ans, née le jour de la catastrophe de Tchernobyl, la vie est trouée de toutes parts. Croyant fermement au pouvoir des histoires, elle est persuadée que si l’on tombe dans le bon trou, celui de la fiction, du lapin blanc, il se peut qu’on ait une seconde chance, qu’on puisse battre les cartes une nouvelle fois. C’est ce qui lui arrive lorsqu’elle croise la route de Marcus Klein, auteur à succès récemment débarqué de Paris à Bruxelles. Agac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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« Je veux écrire l'incertitude, le mystère et le flou. Qu'entre les lignes apparaisse toute la magie de qui nous sommes. Des êtres profondément insatisfaits. Je veux dire notre irrémédiable intranquillité, qui constitue notre force et notre beauté ».

Aliénor Debrocq, une jeune Belge, m'a baladée tout au long de ce qu'on peut appeler son – ou ses – romans, d'un bout à l'autre de la planète : de Bruxelles à Calais, de la Bretagne à la Thaïlande.
Elle m'a emmenée dans les méandres tortueux d'un cerveau de romancier – ou de romancière. Et je peux vous dire que ça remue, là-dedans ! Ca tourne, ça arrête, ça repart, ça abandonne...ça lâche prise.

L'histoire de ce tiers sauvage, ce tiers abandonné par la civilisation et ses codes, qu'on veut garder intact ? Je vais essayer de vous la livrer, mais ça va être difficile car Aliénor Debrocq se joue de ces codes, elle traficote avec la réalité et ses diktats pour mieux nous conduire au pays de cette intranquillité dont son héroïne est la représentante.
« Je n'arrive pas à décider qui va raconter cette histoire. La focalisation m'échappe » : voilà ce que Clara Clossant (mais s'appelle-t-elle vraiment Clara Clossant... ?) déclare. Elle s'essaie à écrire un roman et doute d'elle. Coincée dans son appartement pourri à l'ombre d'un viaduc routier, désabusée à la suite d'une sombre histoire où elle a perdu une amitié et où elle s'est elle-même perdue, elle devient assistante d'un écrivain à la mode pour mieux l'espionner.
Cela ne sert à rien que je raconte la suite, car tout va se bousculer : l'écrivain en question, son fils, son ex-femme, les protagonistes de ses 3 romans, ses anciens copains de Fac, ainsi que les personnes – personnages peuplant la vie et l'imagination de Clara. On y parle de snobisme des « salons » littéraires, de touristes égoïstes, de migrants (é)perdus... On y parle aussi de compassion, d'amour, de lâcher-prise...
« Elle n'a jamais cru au destin, n'a jamais utilisé de mots comme celui-là, mais il arrive que la vie nous étonne, et on se retrouve la bouche pleine de clichés, qui prennent soudain sens ».
Les histoires vraies et de fiction s'enchevêtrent pour former un tout qui, ma foi, tient la route : celle de l'incertitude.

Je suis entrée dans ce roman comme on entre dans un labyrinthe. C'est alerte, très intellectuel, plein de remarques acerbes où le cliché est honni (peut-être y a-t-il trop d'allusions à ce cliché honni). La première partie fuse en tous sens et je me suis bien amusée. J'ai trouvé la suite un peu moins jouissive, un peu plus donneuse de leçons ainsi qu'un peu plus « trop de choses dans tous les sens », mais la fin se rattrape bien, et l'auteure adresse un pied-de-nez à toute cette intelligentsia bien-pensante autour de la chose littéraire.

Merci aux éditions Luce Wilquin pour ce roman pétillant.
Croyez-moi, Aliénor Dubrocq est une auteure à suivre. Il n'y a pas qu'Amélie Nothomb, en Belgique...
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Clara Clossant a 30 ans, elle vit dans un triste appartement devant un viaduc. Pour vivre, elle écrit des catalogues d'art pour des ventes aux enchères.

Sa vie est un gruyère et elle aimerait s'évader persuadée que si elle tombe dans le bon trou, celui de la fiction, cela changera sa vie. Son rêve, écrire, être sur le fil entre rêve et réalité. La frontière est tellement mince lorsqu'elle écrit entre réel et imaginaire.

L'écriture ça doit le connaître, lui, Marcus Klein, écrivain parisien à succès. Il vient de s'installer à Bruxelles. Elle devient son assistante, elle va pouvoir mettre son projet en oeuvre, l'espionner pour comprendre sa popularité, son but ultime en faire un roman.

Mais ce que l'on imagine et ce que l'on vit sont tout autre, je n'en dis pas plus pour la suite de l'histoire si ce n'est qu'on va beaucoup voyager tout en restant à Bruxelles et en Bretagne, Calias, la Thaïlande à portée de main.

Ce roman, c'est l'histoire de l'écriture, de la création, le pouvoir des mots, de la littérature. Il nous parle du processus de création où la frontière est mince pour les personnages imaginés, ceux qui habitent l'auteur et la réalité. Difficile de faire la part des choses entre ce que l'on imagine et ce que l'on vit.

J'ai apprécié les nombreuses références littéraires.

Ce roman c'est aussi le roman dans le roman, celui de Marcus, l'ancien, le nouveau, celui de Clara.

C'est un roman à tiroirs que l'on peut lire de différentes façons en y abordant différents thèmes comme les migrants, le succès, la recherche de soi, l'amour entre autre.

La construction est originale, chaque roman s'emboîtant dans le principal comme des poupées russes. le livre est composé de trois parties. J'ai de loin préféré la première plus dynamique et efficace. La suite m'a moins convaincue, m'enlisant dans la lecture même si le thème et la construction m'ont convaincue. Peut-être pas lu au bon moment.

Ma note : 6.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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J'ai beaucoup apprécié ce livre qui manie avec adresse l'art de la mise en abyme. Clara, la narratrice, « auteure du dimanche », est aussi attachante qu'énervante et l'auteure, « professeure de littérature contemporaine et d'écriture dans l'enseignement supérieur artistique », manipule avec talent son lectorat. J'ai aimé me laisser faire parce qu'elle nous offre, ce faisant, au moins trois romans pour le prix d'un, puis parce que son récit est si crédible qu'il est impossible de ne pas se demander quelle est la part d'autofiction et surtout parce que cette réflexion sur la place de la fiction dans la réalité de nos existences est habilement menée, ponctuée de jolies références littéraires autant contemporaines qu'historiques.
Cette histoire, ponctuée rebondissements, racontée dans un style léché, d'abord dynamique et puis de plus en plus plus lent, sur un ton mi -arcastique mi-naïf, m'a d'autant plus séduite qu'Aliénor Debrocq semble avoir pris beaucoup de plaisir à la construire et je regrette presque de devoir lui reprocher la troisième partie de ce livre qui, comparativement aux deux premières, m'a semblée inutilement tirée en longueur, un peu comme si l'auteure avait éprouvé des difficultés à y apposer le mot fin.
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Le tiers sauvage est un roman complexe, à multiples tiroirs. Il s'articule en effet autour de plusieurs trames parallèles, et sollicite nécessairement plusieurs niveaux de lecture. A la manière de matriochkas, les éléments s'entremêlent et s'emboîtent intelligemment au fur et à mesure du récit, dans une mécanique très visuelle. Paradoxalement cependant, cette lecture m'a donné au fil des pages la sensation d'être menée en bateau par Aliénor Debrocq, comme si elle se moquait de son lecteur. On ressent, peut-être trop, son jeu stylistique lorsqu'elle aborde les questions de construction et de déconstruction d'un roman, mais aussi du poids du réel et de l'art, de la vraie vie face à la fiction. le style d'écriture déroutant au début du roman, devient lent durant la seconde partie de celui-ci, pour terminer de manière plus légère.

Le livre reste rempli d'ironie ainsi que de petites pointes d'humour (les questions d'autofiction ou encore le nom du roman par exemple), mais il aborde de manière juste élimée des thématiques actuelles tels que le sort des migrants, ou encore le tourisme de masse.
Ce roman me laisse enfin perplexe car il évoque en moi, peut être erronément, l'impression d'une visée thérapeutique pour l'autrice dont l'héroïne cherche souvent en vain à vivre pleinement les choses, tout en cherchant à prendre de la perspective au moment où elle les vit. Etre actrice, ou spectatrice de sa propre vie, et ce besoin d'écrire, de photographier, de se mettre en scène, sont autant d'éléments qui peuvent marier Clara et Aliénor.

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Clara Clossant est une triste historienne de l'art qui écrit des catalogues d'art alors qu'elle se rêve écrivain. Lorsque Marcus Klein, auteur à succès parisien, recherche une assistante à Bruxelles, Clara y voit l'occasion rêvée de jouer les espionnes et de découvrir les raisons de sa popularité, que, par ailleurs, elle exècre. Livres clichés, visant le succès commercial, cela l'irrite et l'intrigue en même temps. Mais Clara n'est pas seule dans sa tête, et entre Clara la fictive, Clara la fragile et d'autres personnages de roman, l'histoire va peut-être prendre un autre tour. Qui sera le sauveur de qui ? Celui qui enferme peut-il être celui qui sauve ?...Bref, pas mal de réflexions autour de l'écriture et de la condition humaine vont émailler le récit.
La construction du récit est complexe mais l'écriture est fluide et l'on découvre d'autres récits dans le récit.
J'ai apprécié la construction du récit, les réflexions sur l'écart entre ce que l'on vit et ce dont on rêve. J'ai aussi apprécié les bouts de roman dans le roman, et finalement le style réflexif simple, parfois un peu mordant ou drôle.
Par contre, je me suis un peu ennuyée dans la deuxième partie du roman, quand la troisième m'a surprise, notamment par l'utilisation de clichés contre lesquels la narratrice semblait se battre.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je veux écrire les nuances. Je veux écrire la vie. La vie d’aujourd’hui. Le monde d’aujourd’hui. Les gens. On ne peut pas écrire ce qui se passe maintenant au passé simple, avec des mots usés, des expressions toutes faites. On ne peut pas écrire comme le faisaient Flaubert ou Maupassant. C’est l’équivalent du rococo ou du néoclassique. On peut certes jouer avec les codes, les revisiter, mais pas les répéter tels quels. C’est terriblement pauvre et inintéressant. Ce n’est pas ça, la littérature. Je n’aime pas cet enrobage consensuel dans lequel on essaie de noyer le lecteur. Tant de romans sont rendus mièvres par cette mode « feel good » qui gomme les aspérités de la langue et de la vie.
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Que peut la littérature face à tout ça ? Que peuvent ces théoriciens qui prétendent discourir sur les littératures de l’exil sans avoir la moindre idée de ce que c’est, l’exil ? Combien d’entre eux hier savaient de quoi ils parlaient ? Le savaient réellement, intimement ?
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Le tiers sauvage, c'est cette chose qui vit en toi et que tu nommes insatisfaction. Cette chose qui te pousses à écrire. Ta part d'ombre, la petite bête qui te grignote, cette voix qui te parle dans l'oreille et t'empêche de dormir.
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Prends l'exemple d'Orwell : il a créé de véritables paradigmes dans la tête des gens ! L'impact de
1984 sur le vingtième siècle est immense. Et pourtant a-t-il changé le cours du monde ? Empêché une seule guerre ou la robotisation ? Si la littérature peut réellement quelque chose, c'est sur l'esprit et le coeur des individus.
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Les choses finissent par arriver, mais jamais comme on l'imaginait, ni au moment où on le pensait. Ni au bon endroit. Et quand elles se produisent, il est rare que nos réactions soient aussi spontanées qu'on l'aurait voulu.
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Videos de Aliénor Debrocq (3) Voir plusAjouter une vidéo
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"Maison miroir" d'Aliénor Debrocq - Interview 1
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