Avant la fin du monde

Gênes, 1347.
Vitto vit plutôt pauvrement avec son père Daniele de Mussi, sa grand-mère, sa petite soeur…Il se rêve copiste mais aide son père, charpentier de marine jusqu'à ce que leur gros client fasse faillite. Daniele accepte alors, par le truchement d'un vieil ami, d'occuper à nouveau le poste de capitaine de galère pour le compte de la ville de Gênes qui, pour préserver ses intérêts commerciaux, veut reprendre Caffa, en Crimée aux Musulmans.
Très vite des rumeurs de peste circulent. Vitto et Daniele se savent mais se doivent de protéger les arrières de l'armada armée par « la Superbe ».
Je ne sais pas vous, mais moi la grande Peste Noire m'a toujours attirée comme un papillon de nuit par une lanterne.
Et bien, je suis un peu, pas totalement quand même, déçue.
Sous couvert d'un récit à postériori, Vitto raconte la vie quotidienne sur la galère, la répartition des fonctions, les jeux de pouvoir et c'est vraiment intéressant.
Le rythme est rapide. Batailles navales, trahisons, terrible épidémie…
Il y a tout pour faire un bon roman.
Et pourtant, je suis restée sur ma faim. Ce qui ne m'a convaincue ce sont les portraits des personnages que j'ai trouvés caricaturaux, manquant de subtilité. La versatilité du jeune narrateur à l'endroit de son père passant d'une rancoeur tenace à une admiration sans borne, puis à nouveau à la rancune etc, m'a dérangée. On pourrait mettre cette faiblesse sur le compte de la jeunesse du narrateur sauf que le récit est censé être écrit des décennies plus tard.
De même, Daniele, qui aurait pu devenir un héros marquant, est tour à tour d'une gaieté exubérante puis quasi dépressif puis d'un sérieux et d'une rigueur exemplaire puis …
Pour faire court, si j'ai été séduite par le grande Histoire, la petite m'a laissée de marbre.

En 1347 à Cogoleto près de Gênes vivent le jeune Vittorio de Mussi, son père Daniele ainsi que sa soeur et sa grand-mère. A 14 ans Vittorio aide son père, charpentier de marine. Mais la faillite du plus gros commanditaire de Daniele entraîne la famille dans la misère. Daniele va alors accepter de reprendre son ancien métier, capitaine de vaisseau et rejoindre l'armada qui doit aller défendre Caffa assiégée par l'empereur mongol. Vittorio se retrouve embarqué à la suite de son père. Commence alors pour les deux hommes une longue série d'aventures, émaillée de combats, de trahisons, de rencontres alors que la peste menace et se propage, semant la mort.

Sur plus de 500 pages qui défilent à grande vitesse, Laurent Decaux nous entraîne dans les pas de Vittorio qui est ici le narrateur de ces longs mois passés en mer. Pour le jeune garçon de 14 ans, ces instants passés sur la galère commandée par son père se révèleront extrêmement formateurs et le rapprocheront de Daniele. Il y découvrira le sens du devoir, la guerre, la fraternité mais aussi la cupidité, le goût du pouvoir qui entraîne certains sur de mauvaises voies.

On suit avec grand intérêt les aventures de Daniele et Vittorio de Mussi, pris entre leur devoir de soldats et leur crainte de cette maladie mortelle qui semble les poursuivre. le récit est richement documenté et les nombreux rebondissements qui l'émaillent sont captivants, alimentant un suspens qui pousse le lecteur à tourner les pages. Car Avant la fin du monde fait partie de ces livres qu'on a du mal à lâcher avant la dernière page tant on s'attache aux personnages et que leurs aventures nous tiennent en haleine.

Laurent Decaux démontre ici encore tout son talent de conteur dans un récit très dynamique et cinématographique qui conjugue avec brio la grande histoire et les histoires personnels de personnages fictifs.