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EAN : 9782707349002
192 pages
Editions de Minuit (31/08/2023)
3.34/5   365 notes
Résumé :
Au château, il y a le père, vieux lion du cinéma français et gloire nationale. Il y a la jeune épouse, ancienne Miss Provence-Alpes-Côte d’Azur, entièrement dévouée à sa famille et à la paix dans le monde. Il y a les jumeaux, la demi-sœur. Quant à l’argent, il a été prudemment mis à l’abri sur des comptes offshore.
Au château, il y a aussi l’intendante, la nurse, le coach, la cuisinière, le jardinier, le chauffeur. Méfions-nous d’eux. Surtout si l’arrêt mondi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (73) Voir plus Ajouter une critique
3,34

sur 365 notes
Un acteur vieillissant, monument du cinéma français, habite avec sa troisième épouse, de plusieurs décennies sa cadette, leur château de la périphérie parisienne. Un nombreux personnel de maison les entoure, de l'intendante au coach et du chauffeur au jardinier, sans oublier Cendrine, la nouvelle nurse, auparavant caissière de supermarché, qui vit sous une fausse identité et par qui les ennuis pourraient bien commencer.


Les indices sont légion, et l'histoire a beau avoir été réinventée avec force imagination, le lecteur amusé ne peut bien vite se retenir de voir planer sur ce vaudeville l'ombre d'une de nos gloires nationales et de sa famille déchirée par un héritage contesté. Mais, alors que se multiplient les clins d'oeil à l'actualité et qu'apparaissent en clair d'autres personnalités réelles venues se mêler aux protagonistes fictifs, se dessine bientôt une véritable satire sociale, joyeusement enlevée et mâtinée de ce qu'il faut de suspense pour un moment de lecture aussi réjouissant qu'addictif.


C'est ainsi que, sous les dehors légers d'une comédie qu'elle semble s'être follement amusée à écrire, Julia Deck use malicieusement de son regard cynique et mordant, tout autant que de sa plume fort joliment ciselée, pour se moquer de nantis tellement déconnectés des réalités, dans leur bulle stratosphérique, que, tels le corbeau de la fable, ils en restent stupéfaits et incrédules de se voir contester leur fromage par le premier « gilet jaune » venu.


Une comédie réjouissante, bien ficelée et pas ennuyeuse pour deux sous, dont l'humour satirique, à propos de nos hypocrisies sociales, m'a rappelé celui de L'os de Lebowski de Vincent Maillard.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Ce titre populaire de « monument national » pourrait revenir à un certain nombre de célébrités et il est évoqué lorsque le dit monument fait ses adieux définitifs à ce bas monde. Dans ce roman, les pistes sont brouillées mais malgré tout, l'ombre d'un géant plane sur le texte, au point qu'il est parfois difficile de s'accrocher au portrait du personnage fictif ré-inventé. Trop d'indices pour ne pas percevoir la malice de Julia Deck.
Notre monument, donc, la soixante alourdie de quelques années de gloire et d'abus, vit dans son château de la couronne-est de la capitale, avec sa troisième épouse, et toute une armada d'employés qui résident sur place.

De son côté, Cendrine vit des jours mornes à la caisse du U qui l'emploie pour retrouver en fin de journée son garnement de fils. On apprend que la jeune femme vit sous une fausse identité.

Comment les histoires de deux mondes si différents pourront-elles se rejoindre ? C'est tout le sujet du roman.

C'est drôle, caustique, enlevé, on ne s'y ennuie pas deux minutes, tant les portraits des personnages sont ciselés avec un humour grinçant.

Comme dans Propriétés privées, Julia Deck a l'art de mettre le focus sur les fragilités et les bassesses de nos groupes sociaux. Avec légèreté mais fermeté.

Un excellent moment passé en compagnie de ce monument national.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Machinations à Rambouillet

Julia Deck nous régale avec une tragi-comédie qui réunit sous un même toit, un château à Rambouillet, la famille recomposée d'une vedette de cinéma et le personnel de maison, pas toujours recommandables. Cohabitation et confinement vont provoquer des étincelles.

Ce pourrait être l'histoire d'un domaine avec château et piscine situé en lisière de la forêt de Rambouillet. Ce pourrait encore être l'histoire de la tribu qui y vit, malgré l'état de délabrement assez avancé du lieu. le maître des lieux s'appelle Serge Langlois, ancienne gloire du cinéma français, peu avare d'anecdotes. Sa troisième épouse Ambre, qui a trente ans de moins que lui et s'occupe d'entretenir la légende en postant régulièrement des photos sur son compte instagram suivi par un demi-million d'abonnés. Leurs trois enfants, des jumeaux adoptifs, Joséphine la narratrice et son frère Orlando, rebaptisé Ory et Virginia, la demi-soeur qui a à peu près l'âge d'Ambre. Fille de Carole, la première épouse de Serge, elle va prendre la direction de Los Angeles où elle rêve de devenir chanteuse. Avec eux vit un personnel encore assez fourni composé de Ralph, le chauffeur, Anna la nurse, Madame Éva l'intendante, Hélène la cuisinière et Julien le jardinier.
Ce pourrait enfin être l'histoire de ceux qui vivent à quelques dizaines de kilomètres de là, dans le 93, à commencer par Cendrine Barou, caissière au Super U. Elle vit là sous un nom d'emprunt avec son fils, après avoir fui le domicile conjugal. Elle partage ses journées avec Aminata, splendide femme qui officie à l'autre caisse. Les deux femmes vont être invitées par le bel Abdul, danseur athlétique dont l'heure de gloire aura été d'apparaître dans un clip de MC Solaar. Mais la liaison qu'il aura avec Aminata sera aussi courte que sa carrière artistique. Tandis qu'Aminata trouve en Mathias, son patron qui a pris fait et cause pour les gilets jaunes, un nouvel horizon, Abdul se convertit en coach sportif.
Mais, vous l'avez compris, ce sont toutes ces histoires qui vont converger pour donner l'un des romans les plus truculents de cette rentrée.
C'est en lisant un entrefilet dans Madame Figaro que Sophie de Mézieux a l'idée de recourir aux services d'Abdul, bientôt suivie par sa voisine Ambre. le coach sportif ne va tarder à gagner sa confiance et, assez vite, va s'installer au château. Après quelques semaines, on décide d'organiser une fête et d'inviter les amis d'Abdul. C'est ainsi que la petite troupe du 93 arriva au château. Un événement loin d'être anodin puisque lorsque Anna sera congédiée, Ambre va proposer à Cendrine de prendre sa place. le loup était dans la bergerie.
Du coup cette pièce de boulevard va virer au polar. Les événements s'emballent et personne n'en sortira indemne. La joyeuse comédie basée sur la rencontre de classes sociales différentes laisse place à une guerre sans merci. D'autant qu'un vieux fait divers refait surface, que convoitise et cupidité s'en mêlent et que, pour avoir sa part de gâteau chacun, ou presque, est prêt à remiser sa morale au placard.
Julia Deck s'amuse et nous amuse. On se régale de sa machiavélique construction où se croisent Brigitte et Emmanuel Macron, les émissions de Christophe Hondelatte et certains éléments biographiques de Johnny Halliday. Jusqu'à un épilogue à la Agatha Christie. Après Propriété Privée et Viviane Élisabeth Fauville, la romancière poursuit dans la satire sociale avec le même mordant, ajoutant cette fois au pathétique une note tragique. Pour notre plus grand plaisir!

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le dernier roman de Julia Deck, c'est avant tout un décor bien planté : un château à Rambouillet légèrement en ruine, une star de cinéma monument national (toute ressemblance…), une jeune épouse (plus si jeune), une fille première née (partie tenter à LA une carrière de chanteuse), une seconde fille adoptée (et son frère imaginaire) ainsi qu'une foultitude de domestiques (la gouvernante et son mari, le couple de jardinier, le chauffeur tombeur de ces dames, la nounou et le coach sportif).
Vous ajoutez à tout cela le confinement, quelques individus du 93, le président et sa femme, et vous obtenez une satire sociale des plus cyniques, totalement réjouissante. le trait est bien sûr parfois un peu outré (mais plus c'est gros….).
La plume est mordante, le tout diantrement divertissant, et si vous avez lu propriété privée, c'est encore mieux 😉
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Voilà une fable déguisée en roman et pour le moins un peu foldingue.
Dans un château des Yvelines vit un acteur célèbre des années 60, Serge, sa troisième épouse, Ambre, une ex jeune miss instagramée et leur petite fille adoptée aux yeux bridés, c'est elle la narratrice . Y revient parfois une fille plus âgée née d'un premier mariage et très attirée par l'argent de papa, sa carrière de chanteuse aux EU semble quelque peu foireuse.
Ces gens riches et célèbres sont entourés de domestiques , ils sont cinq, mais pour montrer sa grandeur d'âme , leur patron les invitent à prendre ensemble l'apéritif chaque jour.
Par un hasard que seule la littérature peut engendrer viennent s'agréger ,alors que l'on attend la visite des Macron , quelques échantillons remarquables du 93.
Bref, notre vieil acteur sera rattrapé par une crise cardiaque, d'où notaire, héritage, et la le vaudeville vire au thriller.
Le testament ne correspond pas aux attentes, et le château de cartes s'effondre autour de tous les personnages.
Aucun n'est épargné, un humour sarcastique fuse , plus de codes.
La petite fille observe l'effondrement d'une société bâtie sur le principe de l'héritage, où tout sonne faux, où le pathétique et l'absurde et parfois une certaine solidarité peuvent se côtoyer.
Tonique, explosif, avec une belle construction, j'oublierai pourtant vite ce roman.
Toute ressemblance avec des personnages existants ne pourrait qu'être fortuite....
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critiques presse (8)
LeFigaro
30 avril 2022
Une comédie sur un vieux lion du cinéma entouré de sa famille nombreuse et de sa cour.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaTribuneDeGeneve
21 mars 2022
De sa plume savoureuse, la romancière française de 48 ans chatouille la France des nantis rudoyée par les «gilets jaunes».
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
NonFiction
23 février 2022
L’auteure se livre à une expérimentation réjouissante [...]. La lecture de ce roman est un délice, car l’auteur mélange les références à l’Ancien Testament et les citations détournées de Lucrèce, les ficelles du thriller à un vocabulaire rare et choisi : topiaires, yearling, blépharoplastie, gnomon, attique, tout ce qu’il faut pour gagner au Scrabble…
Lire la critique sur le site : NonFiction
Lexpress
15 février 2022
Il est des livres que vous ne voulez plus lâcher, dont vous savourez les (anti-)héros et relisez sans cesse les phrases pour en admirer toujours plus la langue. Il en est ainsi de Monument national.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaLibreBelgique
31 janvier 2022
Pour analyser notre monde, Julia Deck mêle une écriture brillante et singulière à une vue sarcastique. Tout n'est pas toujours clair dans ses romans mais parvenir à créer son écriture, son monde, est le propre d'une véritable écrivaine.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesInrocks
19 janvier 2022
Trois ans après “Propriété privée”, Julia Deck s’amuse des hypocrisies contemporaines dans le virtuose “Monument national”.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Culturebox
17 janvier 2022
Julia Deck signe un nouveau roman hilarant, qui mêle habilement fiction et réalité pour raconter, entre conte de fée moderne et polar british la fin rocambolesque et pathétique d'un clan, celui d'un vieil acteur élevé au rang de "monument national".
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaCroix
07 janvier 2022
Autour d’une gloire vieillissante du cinéma français, Julia Deck met en scène une galerie de personnages hauts en couleur qui tentent d’ajuster leurs rêves à la réalité.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Les curieux nous visitent encore de loin en loin. À travers les grilles hérissées de flèches à pointes d’or, ils glissent leurs appareils pour immortaliser la façade jaune et lisse. Du petit salon, nous les observons se recueillir, échanger sourires et larmes devant la dernière demeure d’une gloire nationale, figure du patrimoine français.
Leurs commentaires nous parviennent par le micro de la caméra de surveillance. Tous s’étonnent que notre château soit si mal entretenu. Ils savent pourtant que nous n’avons pas les moyens de tronçonner les ronces, de rafistoler les murs. Les curieux disent encore que nous étions bien chanceux, nous qui avons été élevés ici, c’est un grand malheur de voir ce que nous sommes devenus. Et les écoutant, nous nous cachons un peu plus derrière les rideaux, terrés dans la forteresse de notre enfance qui demeure, au fond du passé, le socle de nos vies.
Situé en lisière de la forêt de Rambouillet, notre château est bâti sur le modèle du Petit Trianon – quatre façades carrées affichant avec morgue une feinte simplicité. Notre mère adorait Marie-Antoinette. Elle adorait Sofia Coppola, elle adorait Marc Jacobs, qui avait donné une seconde jeunesse à la marque Louis Vuitton. Au temps de notre splendeur ronronnaient dans la cour les automobiles. Notre père aimait les moteurs. Il jouissait des vibrations mécaniques, des fumées qui s’élevaient en panaches bleus sur le sable de l’allée. La façade ouest ouvrait sur une terrasse en granit, à l’est s’ébouriffait le jardin anglo-chinois. Des saules s’inclinaient autour du lac tandis que, sur une petite île, un temple de Diane abritait une cascade si claire qu’on aurait dit du diamant liquide. Mais c’est à l’arrière du château que se dissimulait notre plus haute fantaisie. Dans la pelouse si longue qu’elle finissait avec la ligne d’horizon, notre mère avait fait creuser une gigantesque piscine, et dans ses eaux vertes flottaient les ombres de quatre immenses topiaires – as de carreau, cœur, pique et trèfle, plantés à chaque angle du bassin.
Serge avait longtemps été joueur. Mais notre mère l’avait repris en main. Elle se flattait souvent d’avoir su convertir cette passion vorace en végétaux inoffensifs. Plus tard, je me suis demandé s’il n’était pas cruel de lui mettre sans cesse sous les yeux le plaisir qu’elle lui avait interdit. Notre père s’aventurait rarement près de la piscine. Sans l’avouer, il trouvait un peu vulgaire ce suprême ornement de notre château. Il aurait préféré une extension contemporaine en matériaux glacés – vitres aux angles aigus, béton brut. Il goûtait cette suprême perversité de l’opulence qui se pare d’attributs industriels quand l’industrie a de longtemps été éradiquée. Notre mère, cependant, affichait ingénument sa prédilection pour l’Ancien Régime. Ambre voulait des lustres et des chandeliers, l’argenterie et le cristal qui reflètent à l’infini leurs flammes blanches sur des surfaces immaculées. Elle cultivait les choses brillantes avec une énergie mêlée d’angoisse, comme si elle craignait de s’éteindre à la tombée du soir.
On entrait au château par un vestibule de larges proportions. Fiché à mi-hauteur de l’escalier tournant, un buste de notre père accueillait le visiteur, trois mètres au-dessus du dallage de pierre crème. L’artiste avait travaillé le bronze à la manière d’un tableau cubiste. Ainsi, les yeux de Serge Langlois s’étaient démultipliés, affranchis de l’axe horizontal pour surplomber, tel un trophée de chasse, quiconque franchissait la porte de notre château.
Au grand salon, c’était une forêt de pieds cannelés, fauteuils cabriolets, poufs, sofa, méridienne, sur lesquels veillaient des pendules et des miroirs rehaussés d’or. Les sièges étaient tapissés de velours turquoise. Taillés dans la même étoffe, les rideaux étaient retenus par des passementeries jaunes et brillantes comme la monnaie.
Petits, nous croyions que, par une structure extraordinaire de notre parentèle, il existait entre les membres de notre famille une invisible hiérarchie. Celle-ci commandait que, si nous prenions l’apéritif tous ensemble au grand salon – nos parents, mon frère et moi, Anna, Ralph, Madame Éva, Hélène et Julien –, certains avaient le pouvoir de commander qu’on allume le feu et d’autres d’annoncer qu’Ambre était servie. L’inverse ne se concevait pas. Il n’était pas pensable que notre mère jette des bûches dans la cheminée ou qu’Hélène et Julien s’asseyent à table avec nous. Mais à l’heure de l’apéritif, le grand salon nous accueillait tous démocratiquement dans ses amples bras Louis XVI.
C’était le moment préféré de Serge. Il disait qu’alors nous formions la plus belle des tribus, celle de la fraternité. Notre père faisait lui-même le service. Bourbon pour Ralph, notre chauffeur, et pour Madame Éva, l’intendante du domaine. Notre nurse Anna prenait du jus de pomme, Hélène et Julien du pastis. Le couple était au service de nos parents depuis des années. Hélène veillait aux fourneaux tandis que Julien entretenait le parc. Nos splendeurs immatérielles et mobilières ne cessaient pourtant de les éblouir. C’est à peine s’ils osaient s’asseoir sur nos augustes fauteuils et, pour payer l’honneur qu’on leur faisait, ils riaient à gorge déployée aux premiers bons mots, versaient une larme aux histoires tendres.
Mon frère et moi jouions sur le tapis, tour à tour timides et exubérants. Ambre prenait des photos pour Instagram, puis elle faisait monter son bichon sur ses genoux. Caressant les poils toilettés de la bête, elle réclamait à Serge une anecdote. Il revivait alors pour nous ses plus grands succès, ses rôles qui avaient marqué l’histoire du cinéma, les hommages rendus par tous les puissants du septième art. Après quoi notre mère nous racontait des histoires de sa jeunesse – les chevauchées sur la plage en hiver, qu’elle passait à Saint-Tropez, les baignades l’été à la Martinique, où son père tenait un hôtel de luxe. Sa famille avait connu des difficultés, mais elle s’en était toujours relevée grâce à l’amour qui est plus fort que tout le reste. Et Ambre faisait une autre photo pour Instagram. Cinq cent mille abonnés en moyenne avaient du bonheur à partager nos moments d’intimité. Enfoncés dans le Louis XVI, nos parents reprenaient du champagne. Ils savouraient la bienheureuse ignorance des dernières secondes avant le couperet.
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Sept heures par jour, Cendrine regardait défiler les articles sur son tapis roulant. Ils passaient sous ses yeux comme des poissons multicolores, bondissant du flot au moment de scanner le code-barres – Fanta orange, bip, pizza regina, bip, nuggets de poulet, bip, crêpes fourrées au chocolat, bip. Les clients du U plébiscitaient les produits affichant la pire note au Nutri-Score, songeait Cendrine pendant que le tapis charriait, avec les emballages, des images de sa vie d’avant. En ce temps, elle privilégiait les épiceries fines, les producteurs locaux, les légumes biologiques. Aujourd’hui, elle éprouvait une joie sauvage à se gaver d’aliments jadis honnis.
– Alors la belle, on est trop timide pour montrer ses beaux yeux ? la plaisantaient des clients masculins sur son regard toujours baissé.
Mais Cendrine avait parfait son costume d’invisibilité. Un sourire ingrat suffisait à éloigner l’importun pendant qu’à la caisse mitoyenne, la superbe Aminata enfonçait le clou en faisant mine de voler à son secours.
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Quand Serge avait rencontré Ambre, celle-ci n’avait pas fait de difficulté pour le garder à leur service. Le jeune homme rassurait son mari. Il représentait même un atout indispensable dans le combat qu’elle mènerait, les années suivants, contre les Jack, Daniel’s et Black.
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La parole de notre intendante semblait à la fois dotée de pouvoirs magiques et vaguement annonciatrice de cataclysmes. Elle charriait dans son flot des pluies de sauterelles, des invasions de grenouilles, l'hécatombe de troupeaux
innombrables...
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Le fiscaliste, pour sa part, n'éprouvait aucune réticence à faire appel aux banques. Seuls les pauvres vivaient de leur argent, résuma-t'il au grand salon, les Gilets jaunes qui s'échinaient à rembourser des agios quand la notoriété vous ouvrait partout d'infinies lignes de crédit. Vous êtes vos propres actifs, martela-t'il à nos parents, ne sous-estimez pas votre valeur marchande. Il serait bien malheureux qu'à la veille des célébrations, les banques n'aperçoivent pas les retombées potentielles. Serge serait partout en couverture avec sa femme, sa charmante petite fille.
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Vidéo de Julia Deck
Avec Monument national publié aux Éditions de Minuit, Julia Deck croque les inepties de notre époque à travers les yeux d'une petite fille espiègle. Son père, Serge Langlois, est un acteur inscrit au patrimoine de son pays, il vit dans un manoir où le luxe drape les consciences de velours. Son épouse, ses domestiques, guettent ses faveurs jusqu'au jour où Sandrine débarque au château et rebat les cartes de l'héritage. Les influences sont nombreuses, on voit Echenoz dans le texte, la satire, la prise de conscience par l'humour.
Julia Deck a obtenu une bourse de création du CNL en 2019 pour l'écriture de Monument national. Il s'agit de son 5e roman publié aux Éditions de Minuit. Elle a reçu le prix du Premier roman de l'université d'Artois en 2012 pour Viviane Elisabeth Fauville (Minuit).
#livre #sonlivre #juliadeck #monumentnational #editionsdeminuit
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