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EAN : 9782841112494
216 pages
Editions Nil (01/03/2005)
3.71/5   91 notes
Résumé :
" J'ai fait ce livre pour dire que je n'habite pas une maison mais que je suis habité par elle. " Lorsqu'il était enfant, Didier Decoin a passé des vacances dans le Nord du Cotentin. Il est tombé amoureux de cette région et a consacré des années à y chercher la maison de ses rêves. Il nous raconte ici joliment se mésaventures immobilières, les péripéties inévitables liées aux travaux, les tempêtes, son jardin, les petits bonheurs du voisinage et des nourritures terr... >Voir plus
Que lire après Avec vue sur la merVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce livre Didier Decoin nous raconte une histoire d'amour pas banale: celle qu'il entretient depuis vint cinq ans avec une petite maison biscornue.
Dès sa plus tendre enfance, il tombe amoureux de la mer, "lameradovil", celle qui sent bon l'ambre solaire. A l'âge de onze ans, lors d'un séjour chez un ami, il a un véritable coup de foudre pour la presqu'île du Cotentin. Plus exactement pour le hameau de La Roche à la pointe de la Hague. Face au raz Blanchard, il découvre un autre visage de la mer qui le séduit et le fait rêver.
Devenu adulte et écrivain reconnu, il décide de réaliser son rêve: acheter une bicoque dans cet endroit pour y retrouver enfin le brouillard, le vent, la pluie et surtout la tempête. Il ne veut rien de somptueux, sa seule exigence est d'avoir vue sur la mer. Mais ne devient pas horsain qui veut, ça se mérite ! Comme lui dit le notaire, la première caractéristique de la terre normande c'est d'abord de n'être pas à vendre.
C'est avec beaucoup d'humour et de poésie que Didier Decoin relate ses années de recherche puis enfin la trouvaille de sa minuscule maison de pêcheur qui ne paie pas de mine. Avec son épouse il la restaure avec respect pour ne pas défigurer sa "laideur tranquille", lui garder son âme et la transformer en nid douillet où il fait bon se blottir quand la tempête fait rage.
Un joli moment de lecture qui m'a donné une furieuse envie d'aller, moi aussi, me heurter à la rudesse du climat haguais, me perdre dans la contemplation des déferlantes, marcher dans les embruns puis déguster un plateau de fruits de mer....
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Ce livre est avant tout un immense chant d'amour pour une toute petite région magnifique, La Hague, dans le Cotentin, et plus particulièrement Goury, ses murets de pierres sèches et son phare au milieu des tempêtes. C'est en cet endroit considéré comme inhospitalier par ceux qui n'en ressentent pas la poésie ("- La Hague, il y pleut sans arrêt, et c'est plein de ridicules petites routes stupides qui ne mènent nulle part.
- Si, Marcel, elles mènent au bout du monde") que l'auteur a voulu s'installer pour la vie.
Le début du livre est lyrique, Didier Decoin, emporté par sa passion, en fait presque trop, en particulier dans l'utilisation de très nombreuses comparaisons (à mon goût). Mais on lui pardonne, il cherche à traduire par des mots une atmosphère, une vision qui vont bien au-delà de l'écriture.
Puis, une fois la maison trouvée et achetée, on "retombe" dans l'histoire classique de son aménagement, de la découverte des voisins et de la vie heureuse qui continue toujours à s'y dérouler, pour l'auteur et sa famille. le style change, en plus tranquille, moins particulier.
Je ne sais pas si les inconditionnels des plages ensoleillées y trouveront leur compte, mais le "club" des connaisseurs et amoureux du Cotentin peut s'engouffrer dans ce chant d'amour pour un bout du monde qui ne nécessite pas le beau temps pour exister. Au contraire.
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Mettant en pratique cette épreuve nouvelle pour nous de confinement, je relis mes ouvrages de bibliothèque en prenant mon temps et en les savourant. Celui-ci est une pure merveille pour tous ceux qui aiment cette région si belle et si sauvage qu'est le Cotentin. Chacune de ses remarques est juste et il a vraiment fait une déclaration d'amour pour la Hague. Il nous raconte avec beaucoup d'humour son attachement à cette contrée puis son désir d'en faire partie en achetant une maison. Bizarrement aucune ne semble en vente. Il finit par en trouver une avec bien de la ténacité. Au moment de signer l'acte de vente, les propriétaires avaient changé d'avis et préféraient leur verser un fort dédit plutôt que d'abandonner leur pied-à-terre dans la Hague. le couple est bouleversé. Ils s'écrient : « - Voyons, maître, il faut sauver ces gens-là malgré eux : c'est comme s'ils jetaient cet argent par les fenêtres ! – Oui, reconnut le notaire, mais des fenêtres qui ont une sacrée vue sur la mer »… L'auteur nous fait si bien ressentir l'attachement des habitants à leur terre et leur aversion viscérale des Horsains. Ce livre peut se lire et se relire car tout y est juste. Bien sûr il n'y a pas d'intrigue, pas de suspense, pas de fortes peintures de caractère, tout est en nuance et les descriptions de cette terre où Jacques Prévert a choisi de finir sa vie et qui est si critiquée par le reste de la France : « La Hague, il y pleut sans arrêt, et c'est plein de tout un tas de ridicules petites routes stupides qui ne mènent nulle part. » Et pourtant, il faut y vivre pour l'aimer et c'est ce que fait Didier Decoin. D'autres vont jusqu'en Irlande retrouver cette même beauté de paysage, lui a su rester en France.
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Rares sont les ouvrages où j'ai trouvé un tel plaisir de la langue française, où la beauté des mots et des tournures de phrases me les a fait remâcher plusieurs fois avec gourmandise et admiration. Avec vue sur la mer rejoint le panthéon de mes plus grands coups de coeur, ceux que je compte sur les doigts d'une seule main.


Didier Decoin y relate comment il est tombé amoureux de la Hague et de la pointe du Cotentin, évoquant sa recherche d'une maison avec vue sur la mer, les mésaventures de ses travaux d'aménagement, ses bonheurs en famille au bord d'une mer turbulente et embrumée, tellement loin de la lisse "Meradoville".


A l'humour qui m'a presque autant fait rire que dans Je vois des jardins partout - où il partage sa passion pour les jardins -, s'ajoutent une tendresse et une émotion d'autant plus touchantes qu'elles résonnent avec mes propres coups de coeur pour des lieux qui me sont chers.


Ce sont ces émotions et ces attachements qui ont nourri l'écriture des romans de Didier Decoin : s'y retrouvent des lieux, comme la ville de la Hague qu'il décrit plusieurs fois sous la forme d'un poisson, les îles anglo-normandes, les ports..., et les odeurs, qu'on regrette de ne pouvoir sentir au travers des pages.


Je suis définitivement admirative de la plume de cet auteur, qui sait si bien choisir les mots pour transcrire l'émotion sans jamais l'évoquer.
Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un petit récit de plaisir pour saisir la beauté du Cotentin, la fureur de ses tempêtes si éloignée de lameradovil, l'âme d'une maison, fut-elle secondaire, avec vue sur la mer.
Il y a un petit côté "Vous plaisantez, Monsieur Tanner" de Jean-Paul Dubois qui n'est pas pour déplaire.

Un livre pour les amoureux de Didier Decoin, pour ceux qui aspirent à l'apaisement en ces temps troublés, pour une respiration iodée.

Didier Decoin nous offre ce petit présent dans une langue plaisante qui refuse la vulgarité et l'exhibitionnisme des autofictions.
Ce récit est aussi une célébration de l'Amour entre un homme et une femme, des amitiés, avec juste ce qu'il faut de cabotinage pour rendre l'auteur attachant.

Si les chapitres peuvent parfois ressembler légèrement à un guide touristique, avec célébration de certains restaurants, ils le font avec le talent littéraire de notre romancier.
Pourquoi, dès lors, se priver de cet anxiolytique naturel qui fut proposé en 2005 par le Président du prix Goncourt.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
je n'ai jamais vu la mer Rouge, mais je sais bien qu'elle n'est pas rouge. Pas plus, d'ailleurs, que la mer Noire n'est noire. La mer n'est rouge, vraiment rouge, qu'à Ecalgrain à une certaine heure, brièvement, quand le soleil couchant, comme un tube de peinture que l'artiste écrase, dégorge brusquement une coulée de sa pâte brillante et fluide, d'un incarnat si ardent, si dévorant que les plus vives couleurs de la palette semblent tout à coup d'une tristesse de suie.
La "rougie" de la mer se propage d'ouest en est, courant comme un incendie. Portée par les vagues, elle atteint le rivage, submerge l'ourlet de la plage, s'étale sur les galets en lave incandescente, embrase les lacets de la route, escalade les falaises où elle empourpre les bruyères, l'ocre brune des fougères, le nankin des ajoncs. Le rouge investit tout, faisant du moindre gravier un rubis, transformant les bouquets d'ombelles en forêt de petits érables qui flambent dans la gloire fugitive de quelques minutes d'été indien à l'échelle d'un talus ou d'un fossé. J'ai même cru voir, perché sur un rocher où il faisait sécher ses ailes, un cormoran virer du noir à l'écarlate.
Ce soir-là, mon premier soir de Hague avec Chantal, la "rougie" ne fulgura qu'une poignée de secondes : libérée par la tempête en fuite dont la violence continuait à rôder quelque part sur la mer, une brusque déchaînée de vent étouffa les derniers brasillements du soleil sous des nuées basses, épaisses, écumantes, qui dévalaient du ciel en roulant sur elles-mêmes comme une avalanche de neiges violacées.
Puis les nuages se regroupèrent, se soudant les uns aux autres à la façon des pièces d'un puzzle. Il n'y eut bientôt plus qu'une sorte de maussaderie, de couche uniforme de grisaille d'où se mit à tomber une pluie fine.
Le phare de la pointe Quesnard, au nord d'Aurigny, s'alluma.
Des moutons à tête noire s'étaient évadés de leur pâture pour descendre dans le fond d'un ravin, attirés par l'herbe grasse qu'y entretenait une source. Une paysanne et son fils s'efforçaient de les ramener sur la colline en les houspillant dans une langue courte et rauque, fustigeant d'un jonc leurs fesses laineuses, bourdonnantes de mouches.
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Le voyage à Deauville n'ayant lieu que les jours de grand beau temps, la mer m'est longtemps apparue comme l'élément le plus sage, le plus doucet, le plus anodin, le plus lénifiant du monde. Une sorte de hamac liquide tendu entre deux côtes.
C'était une mer à peu près sans bateaux, sinon les esquifs gonflables dont usaient les enfants et, quelquefois, le sillage tranquille d'un chalutier qui faisait route vers la criée de Trouville. Plus rarement, un transatlantique à coque noire et superstructures blanches quittant Le Havre, destination New-York.
J'ignorais à quoi la mer pouvait ressembler la nuit venue, ou lorsqu'il y avait brume ou tempête. Pour ça, je devais m'en rapporter à mes livres.
Je lisais déjà beaucoup, surtout des récits maritimes - Le Cargo du mystère, Le Bateau des hommes sans sommeil, Le Survivant du pacifique, Une ville flottante, Le Secret de la Mary Céleste. Pour la plupart livres sombres et hantés, exsudant de moites senteurs de calfat, de charbon mouillé, de rouille et de sang qui, loin de m'asphyxier, me dilataient les bronches et m'ouvraient les poumons. Je truffais mes premières rédactions de citations de Roger Vercel et d'Edouard Peisson, ce qui me valait, de la part de certains profs pour qui il n'y avait pas de salut en dehors de Rousseau, Voltaire et Chateaubriand, des appréciations du genre : "Pour dissimuler sa totale ignorance du programme de lecture, l'élève Decoin invente des auteurs qui n'existent pas".

Ma foi, la dernière phrase est peut-être un peu exagérée de la part de Didier Decoin, mais elle m'a rappelé une rédaction dans laquelle je parlais de "beurrées" que nous faisions griller devant le feu de cheminée, moi qui, arrivée depuis peu en France métropolitaine, découvrais des mots nouveaux. Hélas, celui-ci était sans doute trop "régional", car le professeur de français me le ratura sauvagement. Cela fait partie des choses qui peuvent frapper un enfant au point qu'il ne l'oublie jamais. Et, bien longtemps après, j'ai trouvé une espèce de revanche en lisant une phrase d'Enric Gomà, dans son livre "El català tranquil", où il parle de certains philologues catalans : "Pour eux "personne ne connaît jamais la langue aussi bien qu'il le faudrait, suivant une croyance très partagée (et très fausse). Ce qui place la langue au même rang qu'une religion ancestrale : les initiés suivent un chemin ascendant, escarpé et sinueux, qui culmine vers des connaissances secrètes et des rituels occultes, à l'image des adorateurs de Mitra dans la Barcelone du IIIe siècle."
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A cette époque, Chantal suivait des cours d’histoire des jardins au potager du Roi à Versailles. Elle avait appris que l’art du jardinage ne se limite pas à faire pousser des plantes. Le jardinier pratique la géométrie avant la botanique, il est architecte autant que peintre. Davantage, même. Concevoir et entretenir un jardin, c’est d’abord raisonner l’espace, le structure, jouer des perspectives, donner une lisibilité et un sens au chaos.
C’est aussi travailler non pas contre un environnement, mais avec lui : faire fleurir des edelweiss au Sahara ou des agaves au Groenland relève du domptage, pas du jardinage.
Gauguin en a fait la curieuse expérience aux Marquises : ayant importé de France des graines de tournesol dans l’idée de composer quelques natures mortes plus classiques que les fragment de paradis terrestre qu’il peignait (et que boudaient les acheteurs), il avait constaté que les grandes fleurs qu’il avait semées venaient malingres et d’un jaune pisseux. Ni le sol ni le climat n’étaient pourtant en cause : simplement, les tournesols n’étaient pas chez eux aux Marquises, et ils manifestaient leur désapprobation d’y avoir été exilés en affichant une tristesse de vieilles marguerites effeuillées.
Forte de cet exemple, Chantal ne voulait pas d’un jardin de plantes forcées, soumises et asservies, mais d’une population végétale issue du paysage haguais et se fondant en lui.
- Puisqu’on aime cette maison, me dit-elle, on va lui faire un jardin qui lui ressemble. Tellement à son image, tellement sa prolongation que, sauf les fois où il pleuvra, on sentira à peine la différence entre dedans et dehors.
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p.139 : " Alors un souffle balaya la mer qui se convulsa et, d'un coup, devint quelque chose d'innommable. Le vent frappa la côte de plein fouet, faisant sonner les falaises comme des orgues géantes, arrachant à la lande des plaintes déchirantes...
Un bateau du port de Goury rompit ses amarres, traversa le plan d'eau en une course précipitée et pataude d'oiseau aquatique cherchant l'envol, franchit une plage de galets où il laissa sa quille, et escalada une colline en haut de laquelle il s'arrêta enfin, le nez englué dans une bouse de vache."
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La mer à Deauville. Chez nous, on disait ça d'un trait, sans respirer, cul sec et à la russe, comme quand on s'envoie un verre de vodka. Ce qui fait que les gens comprenaient lameradovil. Comme un nom de médicament. Ils n'avaient d'ailleurs pas complètement tort : lameradovil fut longtemps le remède familial par excellence, particulièrement souverain contre les maladies estivales.
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Videos de Didier Decoin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Decoin
Auteur de près d'une cinquantaine de livres et d'une quarantaine de scénarios pour le cinéma et la télévision, membre de l'Académie de Marine, président des Écrivains de Marine, Didier Decoin nourrit aussi une véritable passion pour la navigation. En invitant Isabelle Autissier, Isabelle Carré et un invité surprise à sa carte blanche, le président de l'édition 2022 Du Livre sur la Place réunit toutes ses passions.
Isabelle Autissier, "Le Naufrage de Venise" (Stock) Isabelle Carré, "Le jeu des si" (Grasset) Didier Decoin, "Le Sang des Valois, tome 1 - L'Homme du fleuve" (Glénat)
Une rencontre animée par Françoise Rossinot, le 9 septembre 2022 à l'Opéra national de Lorraine.
+ Lire la suite
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