AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782020251594
400 pages
Seuil (31/01/1996)
3.64/5   61 notes
Résumé :
En 1880, dans la plus septentrionale des îles anglo-normandes. A la suite d'un accident, Sarah McNeill a presque totalement perdu l'usage de sa voix : le monde se réduit pour elle aux solitudes des landes. Jusqu'à ce que deux événements bouleversent sa vie : la dé-couverte d'une histoire d'amour, rapportée par la gazette d'Édimbourg, et la rencontre d'une maraîcher français dont l'embarcation s'est échouée sur la côte. Gaudion est l'amour de sa vie. Une nuit se pas... >Voir plus
Que lire après La promeneuse d'oiseauxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je profite de l'état semi-comateux dans lequel m'a plongé la lecture des vingt dernières pages de cette romance à l'ancienne pour, dans la foulée, lacher cette chronique comme l'envoi d'une colombe vers un amour imaginaire. Peut-être est-ce le livre finalement que je devrais proposer pour me mettre sous hypnose ?

La qualité première du roman est le style ; l'écriture souple de Didier Decoin est l'unique raison qui m'a permis d'accompagner cette promeneuse d'oiseaux jusqu'au bout de son délire amoureux à la poursuite d'un Gaudion fantasmé. Cette écriture a un pouvoir anesthésique important. J'ai plongé dans l'irréalité de la quête de Sarah des îles anglo normandes à Londres pour ensuite traverser la manche, se faire arrêter à Trouville (avant même d'avoir cherché à atteindre Roscoff où Gaudion s'occupe de ses oignons^^) et alors incarcérée quatre ans à la Cohue. L'héroïne se faisant gruger tout au long de ce parcours, je n'ai pu faire sans me demander : qu'a-t-elle donc sniffé?

Tout cela pour finalement faire le même chemin en sens inverse et potentiellement connaître le bonheur 'auprès de son arbre'. Bon, au fond Justine où les malheurs de la vertu revisité en plus gentillé.

Je dirais que Didier Decoin s'en tire drôlement bien auprès d'un lecteur qui vous dirait bien pis sur Autant en emporte le vent.
Commenter  J’apprécie          471
Après avoir lu La pendue de Londres, puis le bureau des jardins et des étangs, voici un excellent moment d'évasion avec La promeneuse d'oiseaux. Didier Decoin, quel écrivain ! Quel conteur au formidable pouvoir d'évocation ! du pur bonheur d'imagination et de mots. « La vraie vie est ailleurs » pourrait dire cette jeune fille en butte à bien des malheurs mais qui continue à rêver sa vie malgré des parents recroquevillés sur leurs habitudes ancestrales dans l'isolement de cette île exiguë.

Voici l'histoire en quelques mots. En 1880, dans l'île anglo-normande d'Alderney, non loin de Guernesey. A la suite d'un accident, Sarah McNeil a presque perdu l'usage de sa voix et vit dans la solitude des landes. Jusqu'à ce que deux évènements bousculent sa vie : la découverte d'une histoire d'amour, rapportée par la gazette d'Edimbourg, et la rencontre d'un maraîcher français nommé Gaudion, dont le bateau s'est échoué sur la côte. Un baiser plus tard, l'homme exposé à l'hostilité des soldats de l'île, doit repartir. Pour le retrouver la jeune fille usera de tous les stratagèmes. de Londres à Trouville, puis à la prison de Pont-l'Évêque, l'amour fantasmé de Sarah cherche, à force de courage, à s'attirer un destin plus favorable. Chaque personnage rencontré dans son périple est quasi inoubliable tant il représente une facette du genre humain : Hermie le garçon vacher, Gaudion le capitaine du bateau échoué sur l'île, M. Pook l'étrange empailleur, Nicolas Dunglewood le graveur de tombes, Marie le Faoûet la bonne pessimiste en tout et Soeur Véronique la religieuse amoureuse et prosélyte de Dieu.

Sarah McNeill, au filet de voix si ténu, a des difficultés à se faire entendre, ce qui l'amène à vivre intensément sa vie intérieure.

Elle n'est pas allée à l'école, c'est son père qui a tenu à lui faire lui-même son éducation en commentant tous les deux les journaux. Son intelligence et sa sensibilité sont évidentes, elle possède aussi une grande naïveté qui la pousse à toutes les péripéties, souvent improbables mais toujours palpitantes sous la plume efficace et poétique de Didier Decoin. Il faut lire ce livre en se laissant happer par la surprise permanente, sans pouvoir anticiper la suite, jusqu'au point final.
Sarah est l'oie blanche, n'hésitant pas à suivre des personnages douteux, attirés par sa beauté et sa sensualité, réussissant malgré tout à se sortir des situations difficiles et continuant son périple avant de revenir comme Ulysse sur son île natale.

Roman d'aventure maritime, de voyage, roman initiatique, il y a de tout cela et avant tout le goût de conter des histoires, les mots, les phrases attirant d'autres phrases vers d'autres lieux et de nouveaux personnages. Attention, il faut être vigilant sur les pistes laissées par Didier Decoin, surtout à la fin... Je connais des lecteurs qui sont passés à côté du dénouement et c'est bien dommage ! C'est un livre plaisant qui m'a beaucoup amusé. Quel titre magnifique !
*****
Visitez le blog Bibliofeel afin d'accéder à la photo de la très belle couverture du livre placé au milieu d'une composition florale printanière, et aussi à une illustration sonore avec les "chanteurs d'oiseaux" accompagnés au violon et piano, une curiosité... La passion et le talent !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
Commenter  J’apprécie          351
En 1880 dans les états d'Alderney, petite île anglaise, Sarah McNeill a dix-neuf ans. Depuis l'enfance, elle est presque muette à cause d'un accident et elle estime qu'elle a bien peu de chances de trouver un époux. « Parce que vous croyez que la vie serait tellement plus belle si vous pouviez hurler ? Tenez, je peux hurler, moi [...] et qu'est-ce que ça me rapporte ? Ça réveille les coqs et les chiens m'aboient au cul. » (p. 81) Un soir de bal, elle rencontre Gaudion, maraîcher breton en déroute sur les côtes d'Alderney. L'homme se plait à séduire l'innocente d'un seul baiser. Dès lors, Sarah est amoureuse et elle décide d'être aussi fidèle à Gaudion que le fut Lady Jane Franklin à son époux, capitaine disparu dans les mers boréales. Pendant des mois, elle attend le retour du maraîcher à Alderney, mais il devient évident qu'il ne reviendra pas. Cela ne suffit pas à décourager Sarah qui décide de quitter sa famille en catimini pour gagner Londres où elle suppose que Gaudion l'attend. Et peu importe tous ceux qui essaient de lui ouvrir les yeux. « Ce n'est pas pour vous chagriner, mademoiselle McNeill, mais les hommes libres, ça leur chante souvent de changer de port d'attache. Peut-être qu'il ne reviendra pas avant longtemps. Ou même jamais. » (p. 132) Après tout, puisque Sarah aime Gaudion, il est évident qu'elle doit en être aimée de retour.

À Londres, elle travaille pour Mortimer Pook, taxidermiste qui alimente les maisons riches en oiseaux empaillés. D'un bout à l'autre de la ville, Sarah livre les oiseaux et ne cesse de chercher Gaudion. « Puisque lady Jane avait financé cinquante-deux expéditions, Sarah décida qu'elle résisterait cinquante-deux fois à l'attirance qu'un homme, autre que Gaudion, pourrait exercer sur elle. À la cinquante-troisième occasion, elle céderait. » (p. 224) Pour payer ses recherches, Sarah commet de menus larcins dans les maisons riches où elle livre les oiseaux. Hélas, quand elle passe en Normandie où une fausse piste l'a envoyée, ses crimes la rattrapent. Et toujours pas de Gaudion. Faudra-t-il que tous les sacrifices de Sarah aient été vains ?

Sarah est un personnage fascinant. Elle n'est pas très instruite, mais elle est têtue et pleine de ressources quand il s'agit de l'homme qu'elle a choisi. Aiguillonnée par l'amour, elle est prête à tout pour retrouver Gaudion. « La beauté de Sarah n'était ni dans les traits de son visage, ni dans sa silhouette, elle était dans sa certitude de trouver Gaudion, et qu'ils s'aimeraient. » (p. 322) Mais l'imagination follement romantique de la jeune fille est cruelle puisque Sarah aime en vain un homme qui n'a jamais fait cas d'elle. Quant à la fin de l'histoire, elle est terriblement cynique et saupoudre de ridicule la quête éperdue d'une jeune ignorante amoureuse.

J'avais beaucoup aimé John l'enfer du même auteur. J'ai bien fait de suivre les conseils d'une copine lectrice en acquérant ce roman. D'aucuns le trouveront peut-être niais, mais l'histoire est charmante en dépit des douleurs qu'elle présente, avec un je-ne-sais-quoi de très poétique et de très doux.
Commenter  J’apprécie          290
C'est un livre que j'ai dû lire au lycée. Mon professeur de français nous avait fait lire des livres en rapport avec la mer. Nous étions censés, à la fin de notre lecture, avoir saisi quel rôle jouait celle-ci dans la vie des personnages rencontrés au fil des pages.
Ici, la mer est l'élément qui sépare notre héroïne, Sarah, du jeune homme dont elle s'est éprise, Gaudion.

C'est une lecture très agréable, avec de nombreux décors. La quête de cette jeune fille est timide et délicate et j'ai apprécié le réalisme final. Bien joué Didier !
Commenter  J’apprécie          140
on se laisse promener par didier Decoin avec ravissement grâce à sa délicatesse. L'espérance est au bout du chemin ;
et la fin, non n'insistez pas, je ne dirai rien, mais alors la fin ... excellent moment
Commenter  J’apprécie          160

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Avant Sarah, les voyageurs lisaient le journal, somnolaient ou jouaient aux cartes sur un coin de banquette. Mais à présent, ils se seraient autour de la jeune fille pour l’écouter leur raconter les mœurs des oiseaux qu’elle promenait. Selon les espèces qu’elle décrivait, leurs aires d’hivernage ou de nidification, les voyageurs avaient l’impression de se promener en forêt ou de longer un étang, de courir sur une lande ou de se pencher au bord d’une falaise. Certains d’entre eux, qui n’avaient en réalité rien à faire dans St. James Street ou Cromwell Road, prenaient exprès l’omnibus pour le seul plaisir d’entendre ces petites conférences improvisées.
Commenter  J’apprécie          180
- Je ne sais pas comment vous dire que je vous aime, mademoiselle McNeill, c'est sûr que je n'oserai jamais vous le dire.
- Quoi ? Mais tu viens de le dire, oh ! tais-toi, tu viens de le dire, Hermie !

Elle le dévisageait avec répulsion, essayant de se rappeler quelles imprudences elle avait bien pu commettre pour l'encourager à développer quelque chose d'aussi hideux que cet amour-là.
Commenter  J’apprécie          221
« La beauté de Sarah n’était ni dans les traits de son visage, ni dans sa silhouette, elle était dans sa certitude de trouver Gaudion, et qu’ils s’aimeraient. » (p. 322)
Commenter  J’apprécie          160
C’est exactement ce qu’avait espéré Hermie en choisissant de lui fabriquer ce damier et ces pions – qu’elle lui apprenne à jouer, car l’exiguïté du champ de jeu obligerait les deux joueurs à pencher leurs visages l’un vers l’autre, à mélanger leurs souffles et à emmêler leurs doigts en faisant sautiller les pions de case en case.
Commenter  J’apprécie          40
En grandissant, à l’âge où les autres enfants sont attirés par les tambours, les crécelles, les pétards, et en général par tout ce qui fait du tapage, Sarah se mit à rechercher le silence.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Didier Decoin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Decoin
Auteur de près d'une cinquantaine de livres et d'une quarantaine de scénarios pour le cinéma et la télévision, membre de l'Académie de Marine, président des Écrivains de Marine, Didier Decoin nourrit aussi une véritable passion pour la navigation. En invitant Isabelle Autissier, Isabelle Carré et un invité surprise à sa carte blanche, le président de l'édition 2022 Du Livre sur la Place réunit toutes ses passions.
Isabelle Autissier, "Le Naufrage de Venise" (Stock) Isabelle Carré, "Le jeu des si" (Grasset) Didier Decoin, "Le Sang des Valois, tome 1 - L'Homme du fleuve" (Glénat)
Une rencontre animée par Françoise Rossinot, le 9 septembre 2022 à l'Opéra national de Lorraine.
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (150) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3660 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..