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EAN : 9782234093652
224 pages
Stock (19/10/2022)
3.43/5   44 notes
Résumé :
Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle.
Après le décès brutal de son mari Katsuro, pêcheur de carpes et fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, Miyuki doit prendre sa place pour porter jusqu’à la capitale les beaux poissons aux écailles éclatantes.
Chaussée de sandales de paille, courbée sous la palanche à laquelle sont suspendus ses viviers à poissons, Miyuki quitte pour la première fois son village et entreprend un périple à travers f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman graphique de Julia Bourdet paru aux éditions Stock graphique est une adaptation de l'oeuvre du président de l'Académie Goncourt , Didier Decoin parue en 2017 et vendue alors à plus de 100 000 exemplaires. Je dois avouer que je ne le connaissais pas mais que, d'emblée, j'ai été attirée par ce titre énigmatique quasiment oxymorique : « le bureau des Jardins et des Étangs » qui associe l'activité humaine dans ce qu'elle a de plus artificiel ( la paperasserie !) et la nature. C'est un roman historique, mais aussi un roman d'amour sensuel, un roman d'aventures et aussi un roman spirituel où l'on rencontre les esprits des défunts ou ceux des eaux, capables d'avaler l'âme des humains... C'est également le roman initiatique de la jeune Miyuki, veuve trop tôt, et qui n'a jamais quitté son village que par les histoires que lui contait son défunt mari au retour de ses pérégrinations. C'est une ode aux cinq sens où l'on entend chaque bruissement de la forêt, où l'on sent la délicatesse des parfums ou la puanteur de l'eau saumâtre, où l'on goûte la pulpe d'un kaki trop mûr, où l'on ressent la douceur des soieries, où l'on peut entrevoir un esprit et voir la beauté d'une femme cachée sous des haillons.

Suivre l'histoire de Miyuki, c'est plonger non seulement dans les eaux fraiches de la rivière Kusagawa, ou celles moins limpides des étangs sacrés, mais également dans le monde étrange du Japon ancien. Un monde de valeurs, de croyances et de traditions si singulières que la lecture se transforme elle aussi en voyage extraordinaire alors l'adapter était un défi de taille qui n'a pas semblé intimider la toute jeune autrice Julia Bourdet dont c'est la première bande dessinée.

Tout d'abord, elle prend son temps et nous offre un bel album de plus de 200 pages dans lequel les doubles pages et les pleines pages muettes sont, comme les pauses narratives dans le roman, des respirations invitant à la contemplation. Elle utilise également en voix off, les pensées de Miuyki et les narratifs extraits du roman. Les phrases sont amples, imagées, le vocabulaire à la fois précieux et choisi. Nous voici, telles les carpes dont il est question, hameçonnés par cette belle littérature poétique que l'on croirait sortie tout droit d'un conte japonais mais qui est le fruit d'un gros travail de documentation que l'on retrouve dans une notice bibliographique en fin de volume. Elle choisit de varier le découpage et l'utilisation du gaufrier en utilisant tantôt la gouttière et des cases classiques, tantôt des vignettes « crénelées » pour les flashbacks et les pensées de l'héroïne remplaçant ainsi de façon élégante le discours indirect libre privilégié par Didier Decoin.

Elle varie les styles aussi : le rêve est transcrit dans des pages noir et blanc très stylisées qui contrastent avec le reste de l'album réalisé en bichromie. Julia Bourdet ajoute également sa propre grammaire en dotant chaque lieu d'une couleur spécifique. Couleurs qu'on retrouve dans l'art japonais. Ainsi, le village est dans les camaïeux de beige, la capitale et la cour impériale sont évoquées par le rouge , le parcours pédestre de Miyuki est en vert, ses arrêts dans les temples en orange, sa rencontre avec la mère maquerelle et son expérience de belle de nuit en bleu sombre et les dernières pages qui relient entre elles toutes ces expériences sont multicolores et reprennent le style et la palette des estampes brocard, les nishiki-e ! Chaque couleur marque donc une étape et apporte en même temps que de la fluidité au récit une association des sens qui n'est pas la même que dans le roman ( dans lequel chaque lieu a une odeur ) mais est tout aussi efficace.

Pour retranscrire la beauté et l'ancienneté de ce Japon du XIIe siècle, elle s'inspire du théâtre No et surtout des ukiyo-e, ces images du monde flottant. Elle les connaît bien car elle a travaillé en tant que graphiste à la mise en place du site d'une galerie spécialisée en vente d'estampes japonaises : Uchida Gallery. Elle a pu tout à loisir en contempler de nombreuses tout en bénéficiant des conseils avisés de ses clients. Elle réalise souvent des pleines pages comme la planche d'ouverture qui reprend un tableau célèbre d'Hiroshige tels les « 53 stations d'Hokkaido ». L'enfant Kintaro à la carpe qu'on trouve p.86 est une reprise d'une estampe de Yoshitoshi tandis que les belles de nuit et les dames de la cour semblent droit sorties des oeuvres de Kitagawa Utamaro. A sa manière elle leur rend hommage en adoptant un trait cerné de noir et un style très épuré.

La dessinatrice s'inspire aussi des films d'Oshima pour les scènes érotiques. On a ainsi l'impression de regarder « L'Empire des sens » lorsque l'héroïne se remémore ses étreintes ou bien quand on aperçoit une jeune femme captive en shibari (bondage japonais) dans la maison close. C'est donc, vous l'aurez compris un très grand coup de coeur ! Ce livre est à déguster lentement et cérémonieusement…J'espère que cette première oeuvre atypique et dépaysante rencontrera le succès qu'elle mérite et que Julia Bourdet nous enchantera bientôt à nouveau.

chronique augmentée et ITW de l'autrice sur notre site www.bulles 2dupondt.fr


Lien : https://bulles2dupondt.fr/20..
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C'est l'adaptation d'un roman de Didier Decoin, une belle histoire dans le Japon médiéval, pleine de senteurs, de paysages, de douceur et de dureté. Une jeune femme, récemment veuve doit remplacer son mari pour livrer des carpes pour les jardins impériaux. Elle se lance dans une longue expédition à pied avec ses carpes portées dans des bassines, en espérant qu'elles arrivent vivantes à l'autre bout du pays. J'ai trouvé l'histoire belle et émouvante, mais malheureusement, je me suis parfois ennuyé par le manque de rythme et l'insistance sur le thème des traditions et les histoires de hiérarchie et de castes.
La mise en page est assez monotone, elle manque de dynamisme, ce qui se répercute sur la lecture, c'est quand même un gros pavé. J'ai quand même envie de dire que c'est un beau livre, le jeu des bichromie nous met dans l'alternance des chapitre, le trait est élégant, il met en valeurs les belles étoffes, de plus, l'histoire est belle et poétique, mais il faut attendre la fin pour vraiment en saisir l'ampleur et le chemin est long, pas seulement pour Miyuki, mais aussi pour le lecteur. La fin est émouvante et profonde, mais la partie centrale, le moment du trajet, manque d'attraits et de force. Je reste donc mitigé par cette lecture. Une adaptation en bande dessinée de ce roman était-elle pertinente ? Je n'en suis pas certain.
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Voilà un roman graphique qui est vraiment une réussite. Bravo à Julia Bourdet qui a si bien su mettre en dessins le magnifique roman de Didier Decoin.

Ce roman, je l'avais lu en 2017, à sa sortie. Fan de littérature nippone, j'avais été épatée par la plume de Decoin, tant je me retrouvais dans ce Japon du XII ème siècle !
Une histoire fort dépaysante pour la française du XXI ème que je suis.

Katsuro est un pêcheur de carpes, il les fournit aux étangs sacrés de l'empereur. Malheureusement, il se noie, et c'est sa femme, Miyuki qui se voit dans l'obligation de traverser le pays avec les carpes destinées au maître du bureau des jardins et des étangs de la cité impériale.

La bd est magnifique. Sobrement, délicatement colorée. Les dessins sont évocateurs de ce monde japonais ancien, de ses croyances multiples, de ses temples si beaux, de ses personnages improbables qui jalonnent le chemin de la veuve.
On y découvre les coutumes , le vocabulaire de cette époque, c'est d'une grâce et d'une poésie folles!

Achetez le, offrez le, c'est superbe!
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Un très beau roman graphique de Julia Bourdet qui nous plonge dans le Japon du XIIème siècle.

Nous sommes dans un petit village au bord de la rivière Kusagawa, c'est là que se trouvent les plus belles carpes de la région. Katsuro, le mari de Miyuki, est un pêcheur réputé, c'est lui qui une fois par an fournissait le bureau des jardins et des étangs. Fournissait car malheureusement Katsuro s'est noyé dans la rivière.

C'est Mitsuko, sa veuve, qui va prendre le relais pour respecter les engagements de feu son mari et ne pas déshonorer le village. Elle va sur ses frêles épaules, porter deux nasses comprenant les huit plus belles carpes pêchées par son mari. Huit au lieu des vingt promises mais c'est le maximum qu'elle puisse porter.


C'est la première fois qu'elle quitte le village. Elle va suivre les traces de Katsuro, affronter les nombreux dangers ; pirates, voyoux, violences, les grues qui aimeraient manger son poisson, mais aussi croiser des pélerins qui ne sont pas toujours ce que l'on croit !

La route est longue jusqu'à la cité impériale, semée d'embûches et de surprises, mais elle n'est pas seule, Katsuro est là par la pensée, il l'accompagne sur cette route qui est aussi une manière pour Mitsuko de faire son deuil.

Un très beau roman graphique qui retrace les us et coutumes de l'esprit du Japon à cette époque , on y découvre les traditions shintoïstes. Beaucoup de poésie dans le récit écrit par Didier Decoin. le graphisme est très beau entre encre et couleurs.

Ma note : 8/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Miyuki est une jeune veuve qui se voit attribuer la lourde mission de fournir des carpes pour les étangs sacrés du palais impérial du Japon, fonction qu'occupait son défunt mari, Katsuro.
Miyuki entame alors un long périple, semé d'embûches et de contretemps, de mauvaises rencontres aussi, pour remplir coûte que coûte son devoir et sauver l'honneur de son village. Dans l'adversité, Miyuki est accompagné par le souvenir encore vivace de Katsuro, qui lui a transmis son savoir sur les carpes et sur la direction à emprunter. À mesure que l'absence de l'être aimé se fait sentir, Miyuki mesure à quel point sa vie passée a été heureuse. Une fois Miyuki parvenue au palais, l'histoire ne s'arrête pas là, et nous immerge
À travers cette lecture, on découvre les us et coutumes des japonais au XXIIème siècle, des vies humbles mais pourtant réglées et codifiées par l'honneur, le respect, la pureté, et parfois éprouvées par les pirates et les tsunamis. J'ai aimé ce roman graphique pour la connexion particulièrement forte qu'on y trouve avec la nature ainsi que pour la plongée olfactive qui nous ouvre un monde de finesse et de subtilités.
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
21 décembre 2022
Julia Bourdet transpose en roman graphique "Le bureau des jardins et des étangs" de Didier Decoin.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
12 décembre 2022
Japon, XIIe siècle. Miyuki entame un long périple à pied pour livrer des carpes vivantes destinées aux viviers de l’empereur. Épique, initiatique, emprunt des croyances de l’époque, Julia Bourdet est parvenue à mettre en images le touffu roman de Didier Decoin sans en perdre l’essence.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les actions que nous accomplissons sont comme des semences, extérieures à nous. Comme les graines d'une plante qui, s'enfouissant dans le sol, donnent naissance à de toutes nouvelles pousses.
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Il y a tant de boue. Il ressemble presque à une poterie.
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Videos de Didier Decoin (41) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Decoin
Auteur de près d'une cinquantaine de livres et d'une quarantaine de scénarios pour le cinéma et la télévision, membre de l'Académie de Marine, président des Écrivains de Marine, Didier Decoin nourrit aussi une véritable passion pour la navigation. En invitant Isabelle Autissier, Isabelle Carré et un invité surprise à sa carte blanche, le président de l'édition 2022 Du Livre sur la Place réunit toutes ses passions.
Isabelle Autissier, "Le Naufrage de Venise" (Stock) Isabelle Carré, "Le jeu des si" (Grasset) Didier Decoin, "Le Sang des Valois, tome 1 - L'Homme du fleuve" (Glénat)
Une rencontre animée par Françoise Rossinot, le 9 septembre 2022 à l'Opéra national de Lorraine.
+ Lire la suite
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