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3,84

sur 525 notes
Dans un petit village de l'Empire du Japon, au XIIe siècle, vivent Katsuro et son épouse Miyuki. Katsuro est un pêcheur de carpes réputé car, une fois par an, il prend la route de Heiankyõ, lieu de résidence de l'Empereur, où il livre ses plus belles carpes au Bureau des Jardins et des Étangs. Or, il perd la vie lors de sa dernière pêche destinée à l'étang sacré. Katsuro mort, c'est son épouse Miyuki qui est désignée pour la livraison des carpes. Elle entreprend ce long voyage les épaules meurtries par l'écrasement de la palanche qui supporte les deux nasses dans lesquelles sont réparties les huit carpes destinées au Directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.
Arrivera-t-elle au bout de ce long chemin semé d'embûches ?
Didier Decoin, d'une très belle écriture, livre un beau récit qui révèle les moeurs et coutumes ayant cours au Japon au XIIe siècle. À lire !
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Un beau voyage historique dans le Japon médiéval que ce livre de Didier Decoin. le bureau des jardins et des étangs n'a pas eu de mal à m'emporter au XIIe siècle et à me faire suivre les aventures de cette veuve de pêcheur, qui perpétue une lourde charge en mémoire et en l'honneur de son défunt mari tant aimé...
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Didier Decoin nous transporte dans le Japon impérial du XIIème siècle. La période Heian synonyme de paix.
Le shintoïsme est la religion qui y règne : tous les éléments de la nature sont des dieux dignes d'un grand respect ainsi que les esprits des défunts.
Miyuki, jeune femme de 27 ans devient veuve de son mari Katsuro qui se noie dans le fleuve.
Son métier consistait à pêcher des carpes dans le fleuve, Miyuki les nourrissait pour qu'elles soient dignes d'être livrées à l'empereur afin d'orner les jardins des temples de la ville.
Après sa mort, Miyuki entreprend un voyage avec ses poissons accrochés à des paniers sur une palanche pour aller livrer les dernières carpes pêchées par Katsuro au directeur du bureau des jardins et des étangs.
La charge est moins lourde que son chagrin, son amour pour son mari défunt est immense.
Plus qu'un roman, c'est un véritable conte que Didier Decoin nous livre avec des odeurs, des sensations imagées, magnifiquement décrites. L'auteur a du effectuer un grand travail de documentation, être certainement passionné par cette période.
En lisant, j'ai revu les estampes d'Hiroshige défiler sous mes yeux en imagination.
Un roman de grande qualité peut-être un peu trop éloigné du monde que je connais pour que je m'y plonge totalement.
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Beaucoup d'auteurs écrivent sur ce qu'ils connaissent, sur ce qu'ils ont vécu, sur des sujets qui leur sont proches. On y trouve, moi le premier, une garantie d'authenticité, de justesse. Quand il s'agit d'un auteur qu'on aime, on se dit parfois quand il reste dans ces sujets, qu'on aimerait qu'il aille explorer d'autres territoires, pour voir comment son style s'adapterait, s'il réussirait l'exercice, s'il ne se perdrait pas en route.

Je lis pour la première fois Didier Decoin, qui est né à Boulogne Billancourt en 1945 et écrit ici sur le Japon du XIIème siècle. Quel introduction inutile me direz- vous ? Non, car malgré tant d'écart entre sa réalité et celle du livre, il parvient à nous immerger complétement dans son récit. J'en ai vécu une expérience concrète, en tant qu'utilisateur du tramway. A deux reprises, plongé dans ma lecture, je me suis trompé d'arrêt de descente (une fois trop tard, la fois suivante trop tôt). Quelle meilleure marque d'une atmosphère envoutante et prenante, alors qu'on voudra bien m'accorder qu'une rame de tram n'a rien à voir avec l'empire ancestral japonais.

Au delà de cette sensation, je peux essayer d'analyser ce qui m'a plus, touché dans son récit. C'est surtout et essentiellement un livre du deuil, magnifiquement décrit par l'auteur et dont on partage avec l'héroïne Miyuki les sensations complexes, lors d'un voyage initiatique inversé dans les campagnes japonaises et vers la capitale, à travers l'exploration de tous ses sens, de la vision des forêts, aux odeurs entêtantes des encens, en passant par le toucher des écailles des carpes. le fantôme de son époux est omniabsent, jamais là et pourtant toujours avec elle.

Au delà du deuil, c'est aussi une magnifique histoire d'amour. Une histoire simple, entre gens modestes (ce qui m'a rappelé le magnifique Quoi de neuf, petit homme ? d'Hans Fallada, dans un tout autre contexte). A l'opposé des livres d'amour décrivant des histoires impossibles entre deux êtres que tout sépare, tout unit ici Miyuki à Katsuro, et cela ne fait que renforcer ce sentiment qui n'a pas les mots pour s'exprimer mais qui n'en est pas moins là dans leurs attentions, leurs gestes, leurs étreintes.

C'est enfin la confrontation entre deux mondes, deux classes sociales unies ironiquement par des poissons plutôt communs comme les carpes, absolument indispensables aux étangs des monastères et amenant de fait une dépendance aux simples pécheurs provinciaux. La rencontre entre le chef du Bureau des Jardins et des Etangs et la veuve du pêcheur est marquante, forte, là encore totalement dans l'empire des sens, d'un sens en fait, l'odorat qui marque la différence de caste, entre les odeurs agréables ou nauséabondes, mais aussi entre les senteurs artificielles ou les odeurs naturelles et authentiques.

Bref de nombreuses strates à découvrir, où se perdre, comme dans les différentes eaux des étangs où cherchent à se cacher ces carpes qui servent de fil conducteur d'un récit prenant.
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Lorsque Katsuro, pêcheur dans un modeste village, se noie dans la rivière, c'est un compagnon de vie que perd Miyuki.
Pour le village entier, c'est la menace d'un déshonneur. En effet, Katsuro était un pêcheur renommé, fournisseur de carpes d'ornement pour les étangs sacrés de la cour impériale. Son mari disparu, c'est Miyuki qui est chargée d'emmener les carpes à Heiankyo.
Courageuse, la frêle jeune femme entreprend cette longue traversée semée d'obstacles et de rencontres plus ou moins heureuses. Si les désillusions et le découragement frappent Miyuki confrontées à la violence des éléments, à l'âpreté du chemin et aux trahisons humaines, elle est également portée tout au long de son périple par l'amour qui l'a unie à Katsuro. Celui-ci lui revient en mémoire dans les gestes qu'il lui a appris pour veiller sur ses carpes, dans le souvenir de ses propres récits de voyage, des paysages qu'il lui a décrits, des auberges dont il lui a parlé, dans les réminiscences aussi du plaisir et de la complicité partagée.

Le Bureau des Jardins et des Etangs est un roman d'une sensualité envoûtante et d'une sensibilité exquise. L'écriture délicate et subtile demande à être savourée à petites doses, pour profiter de chaque parfum, de chaque arôme, de chaque frôlement d'étoffe et se laisser bercer.

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Avec le bureau des jardins et des étangs , Didier DECOIN nous invite à un voyage dans le Japon médiéval, à la fois très olfactif et spirituel.

C'est à un récit très élégant qu'il nous convie grâce à une langue fouillée qui tourne hélas, très vite, aux phrases à rallonge, parfois même quelque peu alambiquées.

Je n'ai pas vraiment adhéré à cette histoire de jeune veuve livreuse de carpes impériales, d'abord en raison de son style mais également d'un récit qui perd en force au fur et à mesure du roman. En fait, il ne se passe pas grand chose....
Ce voyage au pays des corps avec leurs parfums et le côté terrien de l'héroïne Miyuki ne m'ont pas convaincue. le romancier s'est plu à mettre longuement en mots les odeurs de la vie, tantôt écoeurante et nauséeuse, tantôt sucrée comme l'érotisme (dont il parsème son texte) ou le kaki trop mûr.

A force de rêveries inattendues, d'odeurs décrites en long et en large, d'un style souvent trop dense, c'est moi qui ai fini par avoir la nausée.

Lien : http://justelire.fr/le-burea..
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Je ne fais pas cette critique à la charnière de l'heure du Lièvre et celle du Dragon ( de 7h à 9h du matin) et bien qu'il soit question de carpe , je ne baille pas telle une carpe !

Là, nul baillement en lisant Didier Decoin qui nous fait découvrir quelques rituels, assez surprenants pour certains, de l'Empire du Japon au XIIème siècle.

Katsuro est mort, sa femme Miyuki va prendre la relève pour livrer, aux Etangs Sacrés de la Cité Impériale, les plus belles carpes qui soient pêchées dans la rivière Kusagawa.

Nous cheminons avec elle et elle nous fait partager les heures éblouissantes et sensuelles qu'elle a vécues avec l'homme qu'elle a aimé.

Bien sûr, il a cherché le plaisir avec d'autres durant ses nombreux voyages, mais il lui revenait toujours ; plus désireux que jamais des plaisirs de la chair qu'elle savait lui prodiguer.

Miyuki savait faire vibrer chaque parcelle de leurs corps et se donnait sans compter à cet homme exigeant, auquel elle était soumise.

Le manque de Miyuki, l'auteur nous le fait sentir de façon poétique et sensuelle.

Etranges et fascinants.

Très Japonisant cette lecture.
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Une très belle lecture au goût de conte initiatique. On se retrouve transporté au Japon du XII ème siècle.
Sensuel, olfactif, naturel tous ces adjectifs me viennent en tête.
J'ai senti, j'ai ressenti, j'ai vibré en accompagnant Miyuki lors de son périple pour sa précieuse livraison.
Miyuki est vraiment une belle personne, simple.
J'ai aimé ce livre comme j'ai aimé son personnage principal, cette femme veuve, Miyuki. Je l'ai suivi dans les étapes de son deuil, dans ce périple qui rend si bien hommage à son mari, ce pêcheur de carpes exceptionnel.
J'ai aimé qu'elle se confronte à ce nouveau monde pour elle, celui très codé et différent du sien dans la cité impériale.
Ce livre est une belle leçon d'humilité et d'amour.
Il décrit à merveille les us et coutumes de l'époque. Il est très poétique et met en avant tout un art de vivre japonais.
On ressent et on sent les personnages. J'ai eu envie que ce livre prenne vie en film d'animation. Mais attention, pas parce que je n'ai pas aimé cette lecture, non j'ai beaucoup aimé l'écriture de Didier Decoin.
Mais cette histoire est digne d'un film de Hayao Miyazaki. Peut-être parce que la couverture de ce roman de Yuji Moriguchi m'a totalement subjuguée.
Une illustration très sensuelle, sexuelle même et qui illustre à merveille une des scènes du livre.
Tous les sens sont mis à contribution dans ce roman. Et les odeurs, le sens de l'odorat est au centre de bien des ressentis. Je vous laisserais découvrir le concours de parfums : le takimono awase.

Alors humez chers amis,
humez toutes les odeurs de la vie,
et accompagnez Miyuki, son fantôme de mari
et ses carpes, dans la cité impériale !
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Roman de Didier Decoin. À paraître le 28 décembre.

Katsuro pêchait les plus belles carpes dans la rivière Kusagawa. Tout Shimae le respectait pour l'honneur qu'il faisait rejaillir sur le village en livrant ces superbes poissons au Bureau des jardins et des étangs pour en orner les bassins des temples d'Heiankyô. À sa mort, sa veuve, la jeune et frêle Miyuki, décide d'honorer la commande passée à Katsuro et de livrer les dernières carpes pêchées par son époux. « Si elle échouait, le village tout entier serait déshonoré de n'avoir pas été capable de fournir des poissons aux temples d'Heiankyô. » Lourdement chargée de nacelles, elle chemine lentement jusqu'à la cité impériale, dépassant des obstacles géographiques et des surmontant des mésaventures humaines. Ce voyage harassant est un deuil en mouvement, un pèlerinage amoureux. « Depuis la mort de Katsuro, la jeune femme vivait dans un brouillard qui assourdissait les sons, détrempait les couleurs. Mais elle pressentait que cette opacité se dissiperait dès qu'elle prendrait la route, et qu'elle verrait alors le monde tel qu'il est en réalité, avec ses aspects positifs et ses pentes néfastes. Puis, lorsqu'elle aurait livré ses poissons, lorsqu'ils glisseraient dans les bassins des temples, sa vie s'empâterait de nouveau, l'obscurité la reprendrait. » Mais la livraison des poissons n'est pas la fin de l'aventure pour Miyuki.

Quel dépaysement que cette lecture ! Avec ses airs d'estampes, ce roman est très exotique et très sensuel. Il est également cruel : pirates sanguinaires, pèlerins escrocs, maquerelles féroces, rien n'est épargné à la pauvre Miyuki qui porte déjà sur ses épaules le triste héritage de son époux. Didier Decoin dépeint avec précision l'absurdité de l'administration impériale, mais également la très grande beauté qui peut naître d'un concours de parfums. « L'odeur séduisante ou fétide qu'il émet ne reflète jamais la réalité d'un être, [...] elle témoigne seulement de la façon dont cet être se manifeste à nous. » Ou quand l'essentiel est invisible pour les yeux...

De cet excellent auteur, je vous conseille Abraham de Brooklyn, John l'Enfer ou encore La promeneuse d'oiseaux.
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Comme c'est étrange, je rassemble et je reprends mes notes quelques mois après avoir lu ce roman, le bureau des jardins et des étangs. Si vous souhaitez des détails, c'était un peu avant le premier confinement, je ne sais pas si cela a de l'importance.
J'avais aimé cet auteur, Didier Decoin, bien avant, lorsqu'il était jeune et inspiré. Il m'avait enthousiasmé par son roman John L'Enfer, mais aussi par un autre récit un peu moins connu, mais dans le même registre : Abraham de Brooklyn. C'était à l'époque où il écrivait des choses qui me séduisaient. Et puis, nous nous sommes éloignés l'un de l'autre...
Le bureau des jardins et des étangs fut donc l'occasion récemment de renouer avec cet auteur.
Le sujet est passionnant au départ et c'est bête, c'est complètement idiot ce que je vais vous avouer, le récit aurait été écrit par un auteur japonais, je me suis demandé si cela n'aurait pas davantage influencé mon propos, dans un sens favorable. Je m'en veux un peu de dire cela... du reste, ce que je dis est faux, car j'ai adoré par ailleurs le roman de Hubert Haddad, le Peintre d'éventail.
Tout d'abord, nous voici plongés dans un monde fait de rites et d'extrêmes convenances.
Ici c'est un petit village de l'Empire du Japon, nous sommes au XIIe siècle. Nous faisons connaissance avec un couple, Katsuro et son épouse Amakusa Miyuki. Katsuro est réputé pour savoir pêcher les plus belles carpes destinées à l'Empereur. Katsuro se noie et sa veuve est désignée pour continuer à livrer les carpes sacrées à l'Empereur.
Dès lors, elle va entreprendre ce long voyage portant sur ses épaules fragiles la palanche qui supporte les deux nasses dans lesquelles sont réparties les huit carpes destinées au Directeur du Bureau des Jardins et des Étangs.
Amakusa Miyuki est cette femme qui prend le relais. Il y a ici déjà, dans ce récit initiatique, une belle histoire de transmission.
La question est posée : arrivera-t-elle au bout de ce long chemin semé d'embûches ?
En lecteur, je me suis posé aussi la même question : arriverai-je au bout de ce long récit, peu importent les embûches ?
J'ai senti entre les pages une odeur de terre mouillée, une odeur entre les brumes.
Le roman ressemble à une sorte de road movie façon estampes japonaises. C'est beau sur le papier, l'idée est géniale, c'est magnifiquement écrit, mais que reste-t-il de cette histoire ? Chez moi, hélas, pas grand-chose...
Je m'étais préparé à ce rendez-vous avec la lune, rendez-vous avec les rêves, rendez-vous avec la peau, rendez-vous au bord de l'eau et de ses profondeurs... Rendez-vous avec une émotion...
Mais voilà, je suis resté à la surface des choses, c'est-à-dire à la surface de l'onde, c'est-à-dire à la surface des pages, la peau des livres que nous lisons.
L'écriture est belle.
Le conte fonctionne magnifiquement.
Le lecteur est invité, pour ne pas dire entraîné, happé même, à quelques digressions érotiques sous l'onde, voyages qui ne sont pas dénués de sensations coquines, mais qui laissent par-delà les pages un grand vide sidéral et le coeur un peu vide...
Je n'ai pas été touché par cette femme qui voyage, laborieuse, fourmi infatigable, dévouée et lascive sous l'onde.
Que diable ! le lecteur manque souvent d'imagination. Oui sans doute aurais-je dû me transformer en poisson, en anguille sous roche pour tenter d'approcher ce personnage éthéré d'Amakusa Miyuki.
Au final, j'ai eu l'impression que Didier Decoin s'ennuyait dans sa vie de membre de l'Académie Goncourt, et qu'il a eu envie brusquement de sortir de ce cadre un peu engoncé, se divertir dans un conte exotique et sensuel où il n'y croit pas vraiment, à aucun instant. Hélas, moi non plus...
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