Le lieu : une île au large de l'Ecosse, en pleine tempête d'équinoxe, le ferry ne peut plus prendre la mer et les avions, ben, les avions...ils sont en grêve. Voilà qui fait penser à un train de luxe, en panne et bloqué par la neige...
L'intrigue : une romancière très réputée (genre, une hybride entre Agatha C. et Barbara C.) décédée, sauf que l'on soupçonne une mort non naturelle !
Allo ? Miss Marple ?
Les personnages qui gravitent autour de la morte : la famille, l'éditeur, une drôle d'assistante lolitalisée, une pilote russe d'hélicoptère, et quelques êtres ...bizarres comme un lapin qui courre avec une horloge à balancier sur le dos et un Quasimodo qui a trop lu Nils Olgerson.
Et le meurtrier sera coincé et son identité révélée devant l'assemblée de tous les personnages de cette histoire.
Où est Hercule P. ? Il est...dans les limbes, avec celle qui l'a imaginé.
Ce roman ne serait-il qu'une copie d'autres romans britanico-scotlandoyardesques ? Que Nenni !
Tout d'abord, le héros, celui par lequel l'intrigue se dénouera : l'inspecteur principal des Affaires Criminelles de Scotland Yard John William Sheen :
"compromis plutôt réussi entre le charme nostalgique et désabusé d'un Bogart et le côté savonnette de luxe dun
Roger Moore."
Non seulement il est un fin limier, mais surtout c'est un admirateur des femmes, un véritable esthète, au coeur battant, un peu papillonneur, qui décèle en chacune la beauté, la grâce, même chez les plus...et lesmoins....
Et s'il ne fallait lire ce livre que pour une seule raison, ce serait les descriptions en trois phrases que fait Sheene des femmes, sur lesquelles il se retourne (la voleuse vénitienne, la lady déchaussée sur un rocher, la petite oie blanche modèle des Peggy, la prisonnière, la lectrice de magasine au genou écorché, la ...)
Et puis l'inspecteur principal des Affaires Criminelles de Scotland Yard John William Sheen a une théorie selon laquelle les victimes de meurtres sont souvent elles, les premières coupables de ce qui leur arrive !?!
Tout cet ouvrage n'est pas sérieux et
Didier Decoin plagit à ravir l'humour anglais. Il nous entraîne dans des rivages dangereux , balayés de vents furieux et du faisceau du phare, sous une pluie qui s'infiltre sous les cirés les mieux fermés, humidifie les gros pulls de laine qu'il faudra faire sécher auprès d'un bon feu de tourbe en dégustant une soupe au pois cassés, arrosée d'un verre d'un liquide ambrée et odoriférant.
Un régal ce "Meutre à l'anglaise" !