La femme de pouvoir

Je connaissais l'auteur de par ses interventions dans certaines émissions télévisées, précis et documenté, il en est de même dans ce roman qui baigne dans le milieu politique des années Pompidou.
Un jeune flic un peu chien fou débarque au 36, là où se trouve le gratin de la police et devient l'adjoint d'un aîné aux méthodes pas forcément identiques à celles apprises à l'école de police.Mais lui-même à un but en arrivant là, accéder aux archives et sonder les anciens: sa mère, à l'occasion péripatéticienne a été assassinée il y a de nombreuses années, il n'a jamais su ce qui s'était passé, et alors que d'autres crimes du même type sont perpétrés au fil des années , il espère ainsi remonter le courant.
Je suppose que dans le marigot médiatico-politique, rien n'a changé depuis les années 60.
Tous les coups (bas surtout) sont permis, « l'affaire Markovic « n'a pas épargné le Président , et les luttes de pouvoir sont féroces à tous les échelons.
Enormément de personnages à mettre en place, c'est précis, des notes de bas de page.
Il m'a fallu un certain temps avant d'apprécier ce retour dans le passé.

On est en 1973, à Paris. Simon Kaspar travaille depuis un an à la Brigade mondaine. Il est arrivé à ses fins puisqu'il voulait absolument intégrer la police judiciaire, pas vraiment par passion pour ce métier mais surtout parce qu'il y a vingt ans, sa mère, qui menait une vie dissolue, a été assassinée. le meurtre non résolu, l'empoisonne et lui trotte dans la tête en permanence bien que sa grand-mère lui conseille de laisser tomber. Lui, il ne peut pas, il veut savoir, comprendre. Au boulot, il passe pour un jeune un peu trop consciencieux, un tantinet naïf, ne cernant pas forcément les « codes » du groupe. Alors, lorsque son chef lui donne comme responsabilité de supprimer tous les condés (autorisations qui couvrent les activités des proxénètes en échange d'informations surtout sur les personnalités connues), il voit là l'occasion de pénétrer, deux décennies après, le milieu où sa mère a évolué. D'autant plus qu'un nouveau meurtre d'une prostituée vient d'avoir lieu. Y-a-t-il un lien avec celui de sa Maman ?
C'est sur un fond historique très bien documenté qu'Éric Découty situe son récit. On rentre dans les arcanes du pouvoir, on cerne les manipulations d'envergure, on pénètre dans les secrets d'alcôve et on comprend très vite qu'en matière de politique et de police, tout n'est pas dit (comme maintenant d'ailleurs). Au début de l'ouvrage, il faut un petit moment pour bien repérer les nombreux protagonistes, leur mission et le rôle du groupe auquel ils appartiennent. Il y a d'ailleurs beaucoup d'informations en bas de page qu'il faut assimiler, dont certaines où l'auteur nous interpelle « Retenez bien ceci, on en reparlera plus tard par exemple). Une fois le décor planté, on est dans l'ambiance et on réalise vite qu'entre les paroles et les actes, un gouffre existe. Pourquoi ? Parce que chacun doit faire avec ce qu'il sait (ou suppose) et qu'il doit taire (ou dire sans vraiment en avoir l'air) et ce qui est « officiel ». A l'Élysée, tout n'est pas très net, certains gênent et il serait bon de les réduire au silence, si possible en les évinçant discrètement.
Simon commence ses investigations et sa mission, sans savoir où il met les pieds. Il rencontre sur sa route, plusieurs fois « La rouquine », une femme qui oeuvre dans l'ombre, une mère maquerelle qui se permet de venir au « 36 », et qui donne des informations aux hommes de la PJ. Jusqu'où va son pouvoir ? Quels secrets détient-elle ? de qui est-elle proche ? Pourquoi tant de mystère autour d'elle ? Comment créer un lien avec elle afin de l'interroger ? Kaspar est jeune, maladroit, comment va-t-il agir face à celle qu'on compare à une espèce de Vidocq en jupons ? Comment se fait-il qu'elle semble connaître Claude Pompidou, l'épouse du président de l'époque ? N'a-t-on pas suggéré son nom pour des faits remontant à 1943 ?
En suivant Simon, le lecteur est au coeur de la vie parisienne, des rencontres qu'il fait, fortuitement ou pas, pour avancer dans son travail mais également pour élucider son passé en pensant à sa mère. Il ne sait pas ce qu'il va remuer, il se met en danger, il ne mesure pas les risques qu'il prend. C'est un peu « un électron libre » mais il est attachant dans ses maladresses. L'atmosphère est très bien retranscrite, que ce soit dans les bureaux des différentes organisations, en politique ou dans les hôtels de passe. On pourrait faire un film très complet de tout ça.
Cette lecture, ancrée dans un riche terrain historique est une belle découverte. L'auteur a une écriture agréable, précise et un style bien vivant. Un glossaire pour le vocabulaire typique et une présentation des personnages sont listés dans les dernières pages. Une excellente idée pour bien rester dans l'histoire et ne pas se perdre.

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Je connaissais Éric Decouty journaliste et au travers de ses essais et je le découvre romancier de qualité. "Puisqu'il ne s'est rien passé" nous plonge dans ces années d'après-guerre qui voient les derniers collabos réhabilités côtoyer les résistants se battre pour garder ou reconquérir le pouvoir . Mêlant adroitement la fiction à L Histoire réelle Éric Decouty ou plutôt son personnage mène une enquête qui va se révéler bien plus explosive que prévue . Très bien écrit , un récit vif sans temps mort , la situation politique et sociale de la vie à l'époque parfaitement reconstituée bref un excellent moment de lecture qui me rappelle un tas de souvenirs .

Une plongée dans les années 70 et les luttes de pouvoir, d'influences entre services secrets, ministères et polices diverses. La lutte contre "les rouges", les communistes est un fil conducteur du roman.
Parmi les nombreux (trop) personnages de cette histoire, l'inspecteur Simon Kaspar essaie de profiter de son poste pour trouver qui a tué sa mère 30 ans plus tôt.
Je ne le saurai pas car j'ai craqué avant la fin de ce livre compliqué aux trop nombreux personnages. L'intrigue n'avance pas vraiment, la femme de pouvoir n'apparait qu'au milieu du roman, les policiers sont tous plus ou moins véreux, bref ce qui pourrait être un brillant livre sur le milieu de la prostitution des années 70 se résume à une histoire brouillonne sans suspens.

Un plongeon dans les années Pompidou. Pendant que la police et les services des renseignements s'occupent de combattre les Rouges, le danger pour le Gouvernement se trouve au coeur même de ces institutions. Les affaires Ben Barka et Markovic ont ébranlé la famille Pompidou et dans tous les deux on trouve les rescapés des Brigades spéciales, les collaborationnistes qui ont su passer à travers les mailles du filet et ont conservé leurs place et même être promus. Un roman très fort et très bien documenté sur cette triste période de l'Histoire moderne de la France. En plus, un excellent polar dont le héros est le sympathique inspecteur Simon Kaspar.