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Critique de Syl


Syl
04 février 2015
« Un riche mandarin de la prospère province du Siam » admire chez un ami une estampe. Saisi par la beauté du dessin, il propose de la lui acheter ! La réponse est négative, mais il s'en retourne chez lui avec le nom et l'adresse de l'artiste.
Ne perdant pas de temps, le mandarin se rend chez le maître des estampes pour lui commander un dessin. La tractation se fait moyennent un délai de six mois et la somme de cinq mille yens, la moitié payable d'avance.
Pour l'artiste et celui qui a passé commande, la notion de temps n'est pas la même. L'un s'impatiente, l'autre puise son art dans la contemplation et la méditation.
Le jour venu, après tous ces mois, le maître amène un rouleau de papier vierge qu'il déroule devant le regard surpris du mandarin très agacé. En quelques coups de pinceau, l'oeuvre prend vie et subjugue. C'est un petit écureuil qui descend d'une branche de bambou… magnifique !

Le conte aurait pu s'arrêter à la satisfaction des deux parties, mais l'histoire prend une autre tournure lorsque le mandarin refuse de s'acquitter du restant de la somme demandée ; le maître n'ayant mis que quelques minutes pour tracer l'estampe. Que pensez-vous que le maître fit ?

La fable a sa morale, belle, sensible, spirituelle et d'une honnêteté très digne. La vraie valeur de l'art ne se trouve pas que dans le dessin, elle est aussi dans l'étude et l'inspiration. Pour reproduire la vie, la beauté, il faut d'abord l'approcher, l'analyser et l'apprendre. Pour le maître d'estampes, l'imagination ne suffit pas pour rendre la perfection.
(Cette philosophie peut-être discutée… mais ça serait s'éloigner du message.)

Si je devais décrire en deux mots ce conte illustré, je dirais élégante sobriété. L'auteur a su traduire son histoire avec des dessins rappelant la pureté des estampes et en ne colorisant que les tissus des kimonos. Il se rapproche des maîtres qui ont avant lui tracé à l'encre des histoires dessinées. Douceurs, harmonie, grâce, réflexions, intériorisations…
Les personnages sont des animaux. le mandarin est un cochon bien gras, cupide et fat. le maître est un renard, dont la posture est droite, altière.
Dans la dernière partie du livre, Dedieu nous offre des esquisses de son cahier d'études. Crayon, encre, un écureuil est saisi sur le naturel. Il montre la dynamique de ses observations, le détaille, l'apprivoise, et finit par rendre au pinceau la moelle essentielle de sa morphologie et de sa quintessence.

Je vous recommande ce beau conte illustré…
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