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EAN : 9782259216623
448 pages
Plon (23/08/2012)
3.4/5   114 notes
Résumé :
Molly Howe est une jeune fille sublime, admirée, gâtée par la vie et adulée par ses parents, jusqu'au jour où le secret qu'elle dissimulait est exposé au grand jour, sa réputation démolie et sa présence désormais indésirable dans la petite ville de son enfance. Elle s'enfuit alors à Berkeley où elle trouve réconfort dans les bras d'un jeune étudiant en art, John Wheelwright. Il est immédiatement fou d'elle, et consumé d'amour et de fascination. Jusqu'à ce qu'elle di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un très grand roman : très structuré dans sa construction, très sensible dans le rendu psychologique complexe des personnages, très finement observateur dans sa peinture de la société américaine. D'ailleurs, vous en connaissez beaucoup des romans américains qui s'attaquent au mythe fondateur de leur nation : le rêve ?


Parfois lorsque je vois une belle critique sur un livre intéressant, je classe ce dernier en pense-bête, j'en ai 36 actuellement, j'en ai extrait une bonne vingtaine sur une liste que j'emmène avec moi. Figurez-vous que je n'en ai trouvé aucun disponible à la Bibliothèque. C'est donc sans influence, ni d'une émission littéraire, ni d'une critique quelconque, ni d'un avis babelien, en totale liberté que j'ai choisi ce livre. Ou bien la liberté ne serait qu'une illusion, car j'avais « envie » d'un livre et « besoin » d'en emprunter un pour ne pas couper la permanence du cycle vertueux, emprunter-rendre-emprunter... Choisir un livre, c'est prendre le risque de la déception, comme pour un premier baiser qui conduit éventuellement au risque de s'engager dans une relation profonde et d’aliéner sa liberté. Troublant quand ces sujets : envie, besoin, liberté, relation, déception se retrouvent par la suite au cœur même de l'ouvrage sélectionné.


Rétrospectivement l'on se demande pourquoi celui-là ? Je me souviens sur le coup de quelque extrait lu devant le rayonnage avoir fait une association au bûcher des vanités de Tom Wolfe et à Andy Warhol, beaux présages effectivement. Ma seule hésitation a été qu'il ne soit pas dans la langue de Shakespeare, mais comme il y a peu de chances que je me rende encore aux Etats-Unis, elle a été de très courte durée. Si la langue n'y est pas, les accents eux y seront (en français forcément), car ce récit a tout d'une tragédie sauf la fin; ici il n'y a pas vraiment de fin, plutôt une longue fuite en avant que l'on pressent plus tragique encore. En langue originale, le titre Palladio, plus court, plus énigmatique, porte au questionnement et aux regrets d'une Utopie avortée.


Rideau : Molly Howe, John Wheelwright, Mal Osbourne. John aime Molly et John admire Mal jusqu'à la fascination, John qui veut sauver Molly, illusion. Mal aime Mal et veut l'inaccessible entre autre Molly, Mal qui veut changer le monde, illusion. Molly sait fasciner, sait qu'elle fascine, mais ne sait pas aimer car elle ne s'aime pas. Ah, Molly qui n'arrive pas à s'engager, qui fuit pour garder sa liberté, illusion.
«La grande roue n'attend pas
Regarde là, comme c'est beau
Mais pourquoi restes-tu en bas?
Elle veut t'emmener là-haut
Elle tourne, elle tourne
Et mes larmes de joie
Qui coulent, qui coulent, sont si amères
Pourquoi?
Illusions » (Pierre Rapsat)


Je ne serais pas complet sans vous parler un peu d'Andy Warhol. Mon premier contact a été à l'Art Institute of Chicago, il y avait ses images de boite de soupe, ses images de Marilyn Monroe, peut-être bien des Maos et il me semble des images de dollars. Ce que je me souviens en tout cas fort bien c'est de ma perception : ce n'est pas de l'art, mais de la récupération pour faire du fric facile, bien commercial, bien américain. Bien plus tard grâce à une visite guidée de la très thématique exposition Life, Death and Beauty au BAM à Mons aujourd'hui capitale Européenne 2015 de la culture, j'ai revu mon jugement. Grâce aux explications sur le rouge à lèvre expressément excessif des Marilyn et surtout aux tableaux où les squelettes apparaissent sous la peau, j'ai compris que Warhol pouvait véhiculer un message subversif et critique sur le made in America. Car dans cette tragédie, il est beaucoup question d'art plus encore que de pub.


En résumé, un petit coup de pub pour un tout grand roman qu'il faut avoir lu et pour Mons 2015 qu'il faut avoir vu.
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Si y'a un truc qui m'horripile au quotidien, c'est bien la PUB !
Les slogans racoleurs, les effets de mode, le matraquage permanent, les campagnes ciblées et les spots vides de sens rediffusés à l'envi, la marchandisation du "temps de cerveau disponible", le "j'achète donc je suis", beurk beurk et beurk. Très peu pour moi.
Alors pourquoi, me direz-vous, m'être tourné vers ce roman dont les personnages, si l'on en croit la 4ème de couverture, semblent évoluer dans un monde de consumérisme et de superficialité de mon point de vue très peu engageant ?
Eh ben tout simplement parce que je garde un très bon souvenir de ma première rencontre avec Jonathan Dee (Ceux d'ici), et que j'étais curieux de voir s'il arriverait à me convaincre à nouveau dans cet exercice autrement plus périlleux : celui de m'intéresser à la pub ! Allait-il trouver une porte dérobée pour me faire entrer dans cet univers que je m'efforce généralement d'occulter (avec plus ou moins de succès...) ? Allait-il réussir à démonter pour moi les rouages secrets de cette fameuse "fabrique à illusions" afin de m'aider à y voir un moyen d'expression artistique exaltant et débridé, aussi "respectable" que les autres ?

440 pages plus tard, il me faut bien admettre que la réponse est oui, Jonathan Dee a encore gagné son pari !
Comme la première fois, j'ai eu un peu de mal à m'acclimater à sa prose plutôt décousue, avant de me laisser complètement embarquer par ce roman. L'auteur y met en lumière, avec un cynisme qui m'a beaucoup plu, tout un pan de la société américaine, "laquelle masque son absence de racines culturelles sous la consternante exaltation de la nouveauté et laquelle, au lieu de se soucier d'éternité, a parachevé l'art d'oublier, de manière à pouvoir réapprendre les mêmes choses à l'infini avec un enchantement sans cesse ravivé."

Son histoire, très bien menée, met en scène deux personnages principaux aux caractères finement analysés et aux états d'âme soigneusement disséqués.
La belle Molly, éprise de liberté et d'émancipation totale, multiplie les aventures sans lendemain. L'autodénigrement maladif dont elle fait preuve l'empêche de concevoir que les hommes puissent sincèrement lui vouloir du bien.
John, quant à lui, plaque le même jour sa compagne et son agence de pub "traditionnelle" pour suivre son patron, l'excentrique et charismatique Mal Osbourne, dans un nouveau projet aussi ambitieux qu'incertain. le bonhomme s'est en effet mis en tête de révolutionner de fond en comble le monde de la publicité ("le plus grand mode d'expression de notre époque [dont le budget annuel mondial, entre parenthèse, est plus important que celui dévolu à l'éducation publique]") : adieu les accroches creuses et les spots pré-formatés, place aux véritables oeuvres d'art, aux performances spectaculaires et complètement décorrélées des marques qu'elles sont censées représenter. Il est en effet entendu que "les publicités n'ont rien à voir avec la qualité, la valeur ou la nature du produit qu'elles promeuvent, et ce depuis très longtemps. Cette relation est totalement caduque." C'est le début d'une expérience sociale et artistique inédite, qui évidemment ne se déroulera pas tout à fait comme prévu...

Bien sûr aussi, comme on le devine vite, les destins de Molly et John se trouvent inextricablement liés sans pour autant - et pour moi c'est heureux ! - que l'auteur ne verse de manière trop caricaturale dans la romance bébête. Bien au contraire, la relation qui se développe entre elle (l'Insaisissable) et lui (l'Idéaliste) se révèle être d'une étonnante complexité, et j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre leur curieux pas de deux.

Le principal point fort du roman n'en reste pas moins cette double réflexion très pertinente autour de l'art (la conception d'une oeuvre, la façon dont elle est diffusée et celle dont le public se l'approprie) et de la publicité, que Mal Osbourne qualifie non sans une certaine justesse "d'authentique parasite mental".
Pour lui, "nous vivons dans une époque où l'avant-garde a cessé d'exister, où plus rien ne choque personne parce que nous avons tout vu, tout fait, tout enfreint, tout renversé. [...] Pour retrouver cette puissance avant-gardiste, il faut, paradoxalement, travailler dans le plus banal de tous les médias. [...] Si on veut faire quelque chose d'intéressant, quelque chose de nouveau, on doit oublier les livres, oublier la peinture, la sculpture, le théâtre, le journaliste, le cinéma. On doit s'intéresser à la publicité. On doit annexer son incroyable capacité de destruction."
Tout un programme, n'est-ce pas ?
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A vrai dire, je ne saurais dire si j'ai aimé ce long pavé mais je n'ai pas détesté non plus.
L'histoire est intéressante car la fabrique des illusions nous parle du rêve américain, des espoirs et des désillusions de ceux qui ont pu y croire..
le personnage de Molly Howe ainsi que les membres de sa famille sont très bien construits et remonter à l' enfance de Molly ,et y consacrer autant de temps est judicieux mais ces longueurs sont parfois lassantes .
Le chassé croisé narratif est appréciable car on se met facilement dans la peau des personnages ce qui fait que l'on est absolument pas surpris de la fin du livre. On a appris à connaître le personnage de Molly Howe et on sait d'avance ce qu'elle fera.
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Tout ça pour ça. C'est l'impression globale qui ressort de cette longue lecture dont l'originalité principale est la construction.

Nous sommes au Etats-Unis, de nos jours. Deux histoires cheminent en parallèle, et l'on pressent qu'elles vont converger, même si rien ne le laisse présager au départ. John travaille dans la publicité à New-York puis suit dans le Sud un transfuge de sa boite qui se lance dans une entreprise très novatrice et révolutionnaire dans le domaine de la communication publicitaire. Molly est une ado sulfureuse, qui sème la zizanie partout où elle passe, et quitte le Sud pour rejoindre son frère en Californie. Ni l'un ni l'autre ne se conforment à ce qui devrait être leur emploi du temps d'étudiants, l'une squatte les cours au hasard, l'autre prend la tête d'une secte évangéliste.

Revenons à ce qui fait l'originalité du roman : un premier chapitre interminable, plus de 350 pages sans respiration, avec pour seul artifice le raccourcissement progressif des passages alternés de l'histoire des deux protagonistes, un deuxième chapitre sur le même mode, pendant 150 pages, puis un dernier en épilogue sur 70 pages qui donne un peu l'impression que l'auteur lui même s'est lassé. Ajoutons à cela des dialogues sans tirets ou guillemets. C'est tout de même une rude épreuve ....

Tout n'est pas négatif pour autant : l'écriture sauve l'ensemble par sa fluidité. Et puis il est intéressant d'explorer ce milieu de la publicité, où art et finances se côtoient pour le meilleur et pour le pire. Les personnages sont bien campés et leur destin ne laisse pas indifférent, tout Côme le désarroi de cette société déboussolée par les affres de cette interminable crise mondiale.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Le livre s'ouvre et se referme avec le personnage de Molly, un être à part, elle traverse tout le roman comme une étoile filante, dégageant un magnétisme troublant pour son entourage. Dans cette période, déjà difficile, de l'adolescence, elle va avoir une aventure fugitive avec un père de famille. Se sentant déjà différente, elle va pourtant prendre de plein fouet un rejet généralisé au sein même de sa famille, pourtant « cette espèce d'ostracisme sidéré n'était pas grave », elle éprouve toujours un certain détachement. Alors que, de son côté, elle est capable d'évaluer un homme en moins de cinq minutes, de leur côté les hommes « ne cesseraient jamais d'essayer de pénétrer un mystère qu'ils n'avaient aucune chance de comprendre ». de plus, cette place de paria qu'on lui assigne, va devenir un mode de vie, elle existe désormais dans la marge, elle se veut presque invisible, en fuite permanente. Elle va même jusqu'à éprouver de la douleur qu'on puisse se soucier d'elle, elle n'éprouve pas vraiment de l'amour, mais une seule fois, « une envie éperdue d'être normale ».
L'auteur opère une coupure en alternance dans la narration, pour présenter un autre personnage qui travaille dans le milieu de la publicité, on va suivre un moment crucial de sa carrière, sa rencontre avec un personnage emblématique de ce milieu qui lui propose de travailler avec lui. Ce gourou cherche à opérer un rapprochement entre les pratiques artistiques et la culture de masse, les objets ou les entreprises à promouvoir passant au second plan, la publicité devenant elle-même une oeuvre d'art à part entière. L'auteur leur oppose le discours de la contre-culture à travers les personnages d'un cinéaste et de deux universitaires activistes. Cette collusion entre art et publicité est un discours typiquement américain, alors que l'Europe a une culture ancestrale, « contrairement à l'Amérique; laquelle masquait son absence de racines culturelles sous la constante exaltation de la nouveauté, laquelle, au lieu de se soucier d'éternité, avait parachevé l'art d'oublier, de manière à pouvoir réapprendre les mêmes choses à l'infini avec un enchantement sans cesse renouvelé ». La lecture du roman m'a beaucoup fait penser à l'ouvrage d'Umberto Eco, La guerre du faux.
Les deux histoires vont se rejoindre, la troublante Molly créant le manque sur son passage, ne laissant aux hommes qu'elles croisent que la possibilité de constater cette perte et de résoudre l'aporétique de l'amour, entre maîtrise et autonomie, la singularité de cette jeune femme étant qu'elle se refuse à subir cette dialectique, pour elle « (…) il vaut mieux ne pas être aimée du tout que d'être aimée d'une manière qui n'est pas authentique ». L'écriture se déploie avec beaucoup d'aisance malgré sa densité, la description de la psychologie des personnages est très élaborée, la tentative d'écriture expérimentale sur le dernier quart du livre est superflue.
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critiques presse (1)
Bibliobs
29 novembre 2012
A quoi sert la publicité? En l'occurrence, à avoir inspiré à Jonathan Dee un roman que, comme un bon slogan, l'on n'est pas près d'oublier.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
"Le chant d'amour. 1914. A propos, Magritte disait de ce tableau, qu'il avait vu jeune homme en visitant un musée en 1922, qu'il constituait un des événements les plus importants de sa vie. En effet, disait-il, dans un monde de cubistes et autres manipulateurs timorés de la surface plane de la toile, il avait enfin découvert quelqu'un qui rêvait, non pas d'une manière de peindre, de ce qu'il fallait peindre."
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le monde extérieur parvenait de temps en temps à toucher votre quotidien d'une façon qui n'était pas imaginaire.Ces points de contact avaient du bon et du mauvais car ils servaient à la fois à vous relier au dynamisme plus vaste dont vous rêviez, mais également à vous rappeler combien vous en étiez coupés.
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Bien sûr il est possible que ce soit la définition même d'un grand amour. Un amour si grand que tu ne réussis pas à le vivre, que les ressources dont tu disposes se révèlent dérisoires à côté de lui. Rester à la hauteur de cet amour, de manière soutenue, s'avère être un casse-tête qui dépasse tes capacités.
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Notre culture ne propage aucune valeur hormis cet étrange autodénigrement suggéré par ce perpétuel sourire d'ironie : nous nous abstrayons de nous-mêmes pour mieux nous protéger du terrible vide de l'existence que nous menons aujourd'hui.
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La population étudiante a en permanence entre dix-huit et vingt-deux ans ; seuls ceux qui pourvoient aux besoins de cette multitude – les commerçants, les logeurs, les professeurs titulaires – sont autorisés à se regarder vieillir mutuellement
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Videos de Jonathan Dee (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jonathan Dee
Jonathan Dee vous présente son ouvrage "Sugar Street" aux éditions Les Escales.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2678755/jonathan-dee-sugar-street
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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