AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,59

sur 67 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
3 avis
2
4 avis
1
9 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Mariem Defalvard a publié en 2011 "Du Temps qu'on Existait".
Ouvrage littéraire, ou récit aux multiples facettes? Ce livre inclassable est l'oeuvre d'un jeune auteur de 19 ans.

Être mort , "le ciel était bleu d'une increvable ironie", puis reprendre pied dans la vie, à la racine, à la recherche d'une clé, comprendre à rebours, ce qui n'a pas fonctionné, mettre la poésie au coeur de cette quête, comme "revoir les ciels, tous les ciels",p361.

Autant l'avouer, j'ai été désarçonné, émerveillé, fasciné par cette prose novatrice et déjà accomplie qui ose avec gourmandise jouer avec les mots, comme, " les lampadaires bavardaient, on voyait distinctement leurs souffles d'air glacé", p105 ou "mais qui, colorés de passé, sont tout à coup dans le sublime, qui, enrobés par mon coeur, le temps, mon coeur dans le temps, deviennent féconds, galvanisés, de plénitude dans le souvenir." p238. 

Ce furent 5 jours de bonheur de lecture, passés à lire et relire les pages de cette escalade littéraire, du lâcher prise, aux apesanteurs, une fissure qui s'ouvre aux premières pages et ne cesse de grandir, une mélancolie sans fin.

La tête encore "pleine de guillemets", j'ai lu et relu des passages, en continue ou en boustrophédon, je lisais les mots comme pour remonter à la source ou descendre un fleuve impassible.
J'ai été pris de fous rires, à la description de Brest sous les eaux, "la pluie qui restait, qui s'encanaillait, permanente et haute, qui ne partait pas, qui ne partirait jamais, comme certains chiens, jaunes et baveux" p156 .
j'ai souvent été ému, par l'inquiétude d'un fils dans un décors absurde face à des parents immatures, souvent rêveur en imaginant vivre quelques vertiges, pour mieux consigner quelques beautés singulières.

Perdant pied à m'essouffler, l'énergie qui anime ce livre, m'a déménagé, fragmenté peu à peu entre désespoirs, amertume, regrets, et doutes sur ce que le temps nous prépare, sur ce que le temps a déjà concocté, "passent les heures, passe l'ellipse, passe le temps".

"Moi je n'étais pas blanc Je couvais mon aigreur, mon envie, mes haines, p12"
"Et pourtant je cherchais le silence et la nuit pour m'aider."
"Quelle insuffisance en vérité,... un grand ouragan noir dans le ciel toujours blanc p362...une mélancolie lourde et inflexible dans le coeur". p130


Je ne ferai qu'une petite allusion aux comparaisons flatteuses ou ironiques, visant un habile copieur de Proust ou de Rimbaud, car il n'est que lui-même dans toute sa fougue.
Depuis Proust, il y a eu , Fiztgerald, Salinger, Camus, ou Sartre qui ont décrit la désespérance de ce monde, ou les fausses illusions.
Mariem Defalvard porte un regard acide, sur le monde, il tante de trouver où il s'est égaré, "je me suis trompé de direction,j'ai mal lu la carte », impossible de trouver la clé."p 361



Sa quête de la justice et de l'amour, est chaotique, l'amour est dilué, " Je me souviendrais toujours de la première fois que j'ai dit "je t'aime", les mots n'étaient pas de moi, on m'avait forcé à les dire, j'avais la bouche pleine de guillemets".p53 . Ces fragments de désirs, qu'il sait si bien identifier, ne sauraient le guider vers l'absolu, l'absolu qu'il effleure néanmoins dans les dernières pages.

la félicité adossée à la propriété familiale de Sacierges est un faux semblant, comme dans la tempête de Giorgione, le tonnerre gronde au loin, et le garçon préfère le Monopoly et jouer avec sa soeur.

Il est me semble t-il, à l'opposé de Lionnel Duroy qui rompt les amarres, met le doigt, le coude et ses deux bras, sur les dérives de sa famille.

Mariem Defalvard se déplace en permanence sur l'arête de la vie, il ellipse, détourne son regard, laisse entendre mais ne confirme rien sinon un brouillard comme ceux qu'il affectionne.
Ce passé, ces non dits, son ombre, pèsent et le lecteur peut se sentir floué, trahi, car il nous dévoile si peu, si peu de son coeur qui tourne si mal.

Pour l'heure, avec enthousiasme, en hommage à l'écriture de Mariem Defalvard, je trouve que le titre du livre de François Cheng, Toute Beauté est Singulière, lui va si bien.





L'homme fissuré, entre mélancolie et hyperactivité, plus occupé à colmater qu'à construire, un homme qui ressemble un peu à Mariem Defalvard.
Il faudra bien qu'il se découvre, le nihilisme peut tourner à vide.

décortiqué les failles et les techniques qui le conduiront à une félicité. tout est préférable à la dissection objective de cette famille.



Commenter  J’apprécie          180
J'ai savouré ce livre. Une enfance magnifique jusque vers ses 17ans et puis la cassure. C'est sa vie, mélancolique, nostalgique, avec toujours le souvenir de cette enfance dans le bonheur, qu'il écrit. « J'abuser du passer pour me garder en vie ». Et quelle écriture ! C'est le blues, mais il écrit comme il aurait pu peindre, tellement c'et beau ! L'auteur à 19ans et c'est son premier romans. HS
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (213) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3655 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}