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Critique de Franswader


Au début, j'ai cru que Daniel Defoe nous faisait part de son témoignage (édifiant) sur la dernière peste qui a eu lieu à Londres, en 1665. Mais pas du tout, c'est un docu-fiction qu'il a écrit 60 ans plus tard. Il m'a eu, à 300 ans de distance... C'est comme s'il m'avait fait croire que Robinson Crusoë avait vraiment existé, le bougre! Il faut dire qu'il sait y faire avec ses "on m'a rapporté plusieurs fois que..." telle rue, tel jour, le fils de la servante d'un client de mon frère." "mais moi-même je ne peux y accorder foi" etc. Sûr que Borges, dans ses nouvelles, a reproduit ce procédé-là.
Cela dit, on sait maintenant que son récit est historiquement et médicalement crédible, et même précis. On dit aussi qu'il se serait inspiré d'un vrai journal, celui de son oncle.

Le style classique est évidemment clair, scrupuleux, les longues phrases s'y déploient et les démonstrations bien cadrées prennent leur temps. (Ce style collait bien au personnage de Robinson car il est l'archétype de l'homme pieux, organisé, rationnel, constructif).
Mais ici, l'épidémie décrite est proprement épouvantable. A un moment, le narrateur concède que les mots qu'il utilise ne savent pas vraiment atteindre à l'horreur vécue et il lâche alors qu'il faut que le lecteur comprenne simplement que c'était "très, très, très affreux". Il n'y a que la littérature des camps ou celle de la guerre qui suscite à ce point-là un sentiment d'effroi, lorsque l'abîme de la mort est là, pour tout le monde, constamment. "Ca vaut tous les sermons" fait-il dire à un des personnages qui conduit "la charrette des morts". Lui-même parle souvent de la Providence. Bon. Beaucoup mourront littéralement de peur, de folie ou se suicideront. Pas vraiment une lecture de vacances, en fait.

Tout ça est sans commune mesure avec l'épidémie du Covid19, certes, mais quand même, il y a de très nombreux points communs qui mettent les choses en perspective (les controverses entre savants, le refus du confinement, les différences sociales, le déconfinement trop précoce, les illusions sur le "monde d'après" etc.)

Curieusement, il y a beaucoup de répétitions (il paraît que c'est voulu), mais le livre pourrait faire au moins 100 pages de moins.
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