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Dominique Fernandez (Autre)Marcel Schwob (Autre)Francis Ledoux (Autre)
EAN : 9782070371099
527 pages
Gallimard (13/06/1979)
3.44/5   175 notes
Résumé :
Heurs et malheurs de la fameuse Moll Flanders - 4e de couverture :
"Femme de mauvaise vie? De petite vertu? Voleuse impénitente ? Rarement créature connaît dans son existence autant de revers que Moll Flanders. Elle a de qui tenir. Sa mère l'abandonne à six mois avant d'être " déportée aux plantations ". Recueillie par des bohémiens, elle vagabonde avec eux avant de caracoler au bras de ses cinq maris. Ceux-ci n'ont qu'une solution : mourir ou la laisser tomb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Fastidieuse fut ma lecture, courte sera ma critique. Paradoxe. Il y aurait pourtant tant à dire* sur cette oeuvre écrite par un homme mais retraçant l'existence d'une femme.

Une femme du XVIIème siècle.
Comment ça, vous n'avez aucune idée de comment vivait une femme au XVIIème siècle ? En fait de vie, parlons plutôt de survie. Et oui, l'émancipation de la femme est une fraîche fleur printanière au regard des millénaires pendant lesquels les femmes furent pour la plupart totalement dépendantes de l'homme. Père puis mari.

Une dépendance financière et matérielle qui poussera naturellement Moll Flanders, notre "héroïne", à jouer à saute-mari comme d'autres jouent à saute-monton. Des hommes, il en est passé quelques uns dans sa vie, dans son lit, dans ses secrets ! Heurtée, généralement malheureuse, rarement heureuse, Moll Flanders est toujours légitimement préoccupée par l'aspect pragmatique de l'existence et le besoin d'assurer l'avenir proche, ce qui la rend complètement antipathique et pas du tout attachante même si on conçoit ses raisons.

Le récit de Defoe n'est pas aisé à lire, c'est en tout cas mon opinion. C'est un roman chronologique encombré de longueurs, on a la "boussole à maris et à enfants" qui se dérègle au fur et à mesure que la lecture avance, alternant passages pesants et passages plus fluides.

Je pense que je garderai peu de souvenir de cette expérience littéraire hormis sans doute cette impression assez vague et grise d'avoir touché du doigt la misère sociale et morale dans laquelle fut plongée la moitié de l'humanité pendant des siècles.

* Je vous invite à lire notamment l'excellente critique circonstanciée de Parthenia.
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L'argument donné par l'auteur en première page est le meilleur résumé possible.

« Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flanders, qui naquit à Newgate, et, pendant une vie continuellement variée qui dura soixante ans, en plus de son enfance, fut douze ans une catin, cinq fois une épouse (dont une fois celle de son propre frère), douze ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimes en Virginie, et enfin devint riche, vécut honnête et mourut pénitente. D'après ses propres mémorandums. » (p. 25)

Voici donc les mémoires repentants de Moll Flanders, très jolie femme que le destin malmène sans cesse. Dès l'ouverture de son récit, la narratrice sait convoquer la pitié du lecteur et démontrer que les malheurs sur sa route ne sont pas de sa responsabilité, ou pas tout à fait. « C'est la demande la plus raisonnable qui soit au monde que ne point vous blâmer pour ce qui n'est point de votre faute. » (p 169) Tout en affirmant sa grande honnêteté et sa grande sincérité, elle bat sa coulpe en expliquant que ses différentes déchéances sont le résultat de faits indépendants de sa volonté.
Moll Flanders est venue au monde dans une situation peu favorable, mais avec des ambitions et une sainte horreur à la perspective d'entrer en service chez les autres. Moll veut devenir une dame de qualité, sans vraiment savoir ce que cela signifie, avoir du bien et se marier à un homme bon et beau. Mais elle est coquette et un brin écervelée. « Quand une jeune personne se trouve belle, elle ne doute jamais de la sincérité d'un homme qui lui dit être amoureux d'elle ; car, si elle se croit assez charmante pour le captiver, il est naturel d'en attendre les effets. » (p. 59) Après s'être fait embobiner par un beau parleur, Moll veut croire qu'elle a gagné en jugeote et elle ne manque pas de parsemer son récit d'habiles conseils à l'attention des représentantes de son sexe.

Le long récit ininterrompu (plus de 500 pages sans chapitre !) fait défiler les années et les maris. Moll Flanders enchaîne les bonnes et les mauvaises fortunes avec une capacité déconcertante à toujours retomber sur ses pattes et à se tirer des pires situations. Elle sait également se débarrasser de ce qui pourrait constituer un frein. Sur les 6 ou 7 enfants (j'ai fini par perdre le compte) qu'elle a de ses différents maris, elle n'en garde qu'un auprès d'elle, les autres étant disséminés entre l'Angleterre et la Virginie. Ce n'est pas l'instinct maternel qui l'étouffe, c'est certain !

J'ai lu ce roman d'un oeil sans cesse goguenard et méprisant et n'ai éprouvé aucun attachement pour cette femme fort habile à tirer parti des pires situations en clamant ses grands dieux qu'on ne l'y reprendra plus ou qu'elle est une femme de qualité. Tout le talent de Daniel Defoe est d'écrire l'histoire d'une fille perdue en appelant à la pitié de ses lecteurs tout en faisant de son mieux pour que cette pitié ne s'enracine jamais. Dans le genre « malheur d'une jeune fille pure et pauvre », j'ai largement préféré Tess d'Urberville de Thomas Hardy, plus sombre, moins pontifiant et dont le nombre réduit de péripéties rend l'intrigue plus crédible. J'ai vu que Moll Flanders avait fait l'objet de plusieurs films. Peut-être en chercherais-je un pour voir comment cette histoire passe à l'écran, pas tout de suite. J'ai ma dose de Moll Flanders pour un moment !
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L'aventure est au coin de la rue philosophais-je alors que, patientant stoïquement à la caisse de la superette du coin justement, je fus sauvé in extremis du péché de gourmandise. le charme hypnotique émanant du rayon chocolats fut brisé ex abrupto par la voix du gérant mystérieusement surgi de l'arrière.

Madame, vous allez payer illico l'article que vous avez mis dans votre sac ou vous le reposez!
Le magasin est équipé de caméras! Je vous ai de facto vue glisser un tube de dentifrice Vademecum dans votre sac. Ne m'obligez pas à appeler la police. Dura lex sed lex!
J'avoue ici une légère imposture, les locutions latines étaient évidemment absentes de cet échange brave commerçant versus gibier de potence mais j'ai imprudemment commencé une sorte de trip latin que je me dois de respecter.

La pauvresse, acculée par le nec plus ultra de la surveillance technologique, finit par reconnaitre le larcin mais ne put présenter un moyen de paiement ad hoc. Elle se refusa à tout mea culpa et tenta même de plaider sa cause en priant, sans succès, son accusateur de faire le distinguo entre simple erratum et véritable casus belli. In fine elle déposa l'objet du délit et quitta piteusement les lieux sous la vindicte du gérant et le regard amusé du caissier.

Alea jacta est me dis-je, toutes résolutions oubliées, en me saisissant d'une plaquette de Côte d'Or aux noisettes avant de passer à la caisse.
A posteriori, grignotant mon chocolat, je songeais à ce que ce type d'incident eut valu aux contemporains de Moll Flanders. Si j'en crois Defoe, on ne badinait pas avec le vol à l'époque, a fortiori en cas de récidive, on risquait la mort ou, a minima, la déportation.

Moll Flanders m'a rappelé le Jack d'Alphonse Daudet dans sa propension à être malmenée par la vie. Carpe diem, n'était pas trop dans son karma!
Contrairement à Jack, le personnage de Defoe subit certes une avalanche improbable de déconvenues et autres quiproquos mais il n'est pas passif, il réagit, il s'adapte grosso modo, selon ses moyens.

Defoe mélange humour et ironie dans cette sorte de curriculum vitae où la narratrice confesse avec espièglerie une vie de courtisane et de voleuse en nous révélant en creux la condition féminine de son époque en Angleterre et dans ses colonies américaines.
Malgré un style parfois ostensiblement lourdaud, Moll Flanders se lit donc avec un certain plaisir.

Post-scriptum
En hommage à l'auteur de Robinson Crusoé qui participa à me donner le goût du voyage et afin de respecter les velléités oulipiennes qui sous-tendent approximativement cette modeste chronique, c'est au rythme de "Rockin' All Over the World" du groupe Status Quo que j'en terminerai.
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Heurs et malheurs de la célèbre Moll Flanders, qui naquit à Newgate, et, pendant une vie continuellement variée qui dura soixante ans, en plus de son enfance, fut douze ans une catin, cinq fois une épouse (dont une fois celle de son propre frère), douze ans une voleuse, huit ans déportée pour ses crimes en Virginie, et enfin devint riche, vécut honnête et mourut pénitente. D'après ses propre mémorandums.
En quelques mots la vie d'une rouée, sans aucune moralité et antipathique.
Le livre est bien écrit, mais j'ai trouvé le personnage pesant et sans doute à cause de cela j'ai très moyennement apprécié ce roman.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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L'histoire est racontée sur le mode des confessions d'une femme, connue sous le nom d'emprunt de Moll Flanders. La narratrice nous brosse le portrait édifiant de ses différents heurs et malheurs et nous fait part de ses expériences de voleuse dans les bas-fonds londoniens. Car une femme sans époux, sans argent et sans relations dans cette société du XVIIIè siècle est malheureusement condamnée à une vie de larcins et de prostitution pour survivre !

De sa naissance dans la prison de Newgate à son ascension au statut de riche propriétaire, l'héroïne fait montre de préoccupations farouchement matérialistes, d'une détermination indomptable ainsi que d'un instinct de conservation particulièrement aiguisé.

Et croyez-moi, l'héroïne n'avait pas moins besoin de toutes ces qualités pour rebondir à chacun de ses revers de fortune ! Mais jugez vous-mêmes.
Née dans une prison d'une mère dont la condamnation à mort est commuée en déportation dans les colonies anglaises, elle est abandonnée aux mains d'une nourrice pauvre mais aimante ; elle reçoit malgré tout une éducation soignée qui lui ouvre les portes d'une riche famille où elle devient dame de compagnie et prend goût à cette vie distinguée, au-dessus de sa condition ; subornée par le fils aîné de la famille, elle est poussée par son amant à épouser le frère cadet ; à partir de là, devenue veuve, elle va s'efforcer de retrouver la sécurité financière par le biais du mariage, mais suite à de malheureuses circonstances, elle fera toujours le choix du mauvais mari...

Douze enfants, cinq maris et trois amants plus tard, Moll est encore loin de la sécurité financière et se voit obligée de commencer une carrière de voleuse à l'âge vénérable de 48 ans...

Avant de continuer ma chronique, je ne peux m'empêcher de vous dresser la liste de ses grossesses et de ses liaisons amoureuses (ou pas) dans l'ordre chronologique, car il faut la suivre, la demoiselle :

Amant n°1 est donc, comme mentionné plus haut, l'héritier d'une famille aristocratique qui lui promet le mariage pour mieux la mettre dans son lit et la pousse ensuite à épouser son frère ; à cette époque, Moll s'appelle Betty ;
Mari n°1 est donc Robin, le frère du goujat (profitez de ce détail, car si dans l'histoire les personnages abondent, très peu sont nommés, même les plus importants) ; le mariage dure 5 ans et s'achève avec la mort du mari ; l'héroïne ne cache pas son soulagement sur le fait que "[ses] deux enfants [lui] furent heureusement ôtés de dessus les bras par le père et la mère de [son] mari." (page 49-50)
Mari n°2 est un gentilhomme marchand, qu'elle choisit, éblouie par son titre, poussée par la vanité alors que la prudence lui eût commandé de se marier à un honnête travailleur ; en effet, elle dépense sans compter pour le plaisir de son ruineux mari qui finit par s'exiler à l'étranger pour échapper à ses créanciers et à la prison ! L'enfant qu'elle a eu de lui est mort...
Mari n°3 la connaît sous le nom de Mme Flanders (elle est obligée de changer de nom pour convoler en justes noces car son 2è mari est toujours vivant !) et l'épouse en la croyant dotée d'une confortable somme d'argent ; mais comme il est sincèrement amoureux d'elle, il lui pardonne cette déconvenue ; ils sont obligés de rejoindre la plantation du mari en Virginie où notre infortunée héroïne se rend compte, après avoir eu de lui 3 enfants, que son mari est en fait son demi-frère... Elle le quitte pour revenir en Angleterre ;
Amant n°2 vit avec elle une longue histoire d'amour et l'entretient pendant 6 ans durant lesquels elle lui donne 3 enfants ; elle est à nouveau obligée de prendre un nom d'emprunt, milady Cleave, pour pouvoir accoucher "honorablement" ; à 42 ans, elle est contrainte de tout recommencer à zéro, quand son protecteur décide de se repentir de sa vie débauchée ;
Mari n°4, prénommé Jemmy, est un aristocrate irlandais, qu'elle croit riche (lui aussi la croit riche) ; le mariage tourne court quand ils se rendent compte qu'ils se sont mépris sur leur richesse respective ; ils se séparent en bons termes, mais sans le savoir, il lui a laissé comme cadeau un polichinelle dans le tiroir, qu'elle est obligé d'abandonner pour s'unir à
Mari n°5, un banquier très amoureux d'elle, qui lui procure pendant 5 ans une vie confortable et deux enfants ; malheureusement, il ne se remet pas de mauvais placements et la laisse à nouveau veuve et sans appui...
Puis elle entretient une liaison d'un an avec un gentilhomme, l'amant n°3...

Même si j'ai l'air de traiter légèrement les mésaventures maritales de Moll Flanders, j'ai été très sensible au sort injuste qui frappe les femmes seules et démunies. A l'instar de Moll Flanders, elles sont confrontées à un dilemme : une vie de misère ou de famine, ou une vie malhonnête menant immanquablement à la prison ou à la potence. Comme on le voit, les choix sont vite limités pour les femmes de cette époque. C'est donc un roman très instructif sur les moeurs et les coutumes de ce temps. Les femmes sont esclaves de leur corps : la moindre liaison les expose au risque d'une grossesse indésirée ; en outre, chaque logeuse est obligée de déclarer les femmes enceintes et le nom du père ; par chance, Moll Flanders bénéficiera à chaque fois de la solidarité et de la discrétion de ses logeuses qui choisiront de ne pas la dénoncer aux officiers de la paroisse et garderont ainsi sa réputation intacte...
Je ne peux m'empêcher de me demander ce que sont devenus tous ces enfants qu'elle a abandonnés dans son sillage... le fait que Moll semble peu affectée par le sort de ses enfants peut nous surprendre et nous décevoir mais il faut remettre les faits dans leur contexte : à l'époque, le taux de mortalité infantile était élevé (d'ailleurs, sur ses 12 enfants, au moins deux sont morts en bas âge) ; de plus, l'histoire est écrite par un homme, et un homme du XVIIIè siècle.

Concernant l'héroïne, celle-ci est complexe et ambivalente. Moll n'est pas un personnage très sympathique mais c'est une survivante (on dirait aujourd'hui que c'est une battante), qui ne se résigne jamais à son sort et l'on a donc du plaisir à suivre ses frasques, véritablement palpitantes. Dénuée de tout scrupules, elle n'hésite pas à manipuler les gens, à les gruger ou à leur mentir pour échapper à la misère ; dénuée de tous droits en tant que femme, elle arrive habilement à déjouer le système juridique... J'avoue que lorsqu'elle se lance dans sa carrière de voleuse, je me suis surprise à trembler plusieurs fois pour elle, mais elle fait preuve de tant d'astuce et d'esprit d'à-propos, qu'elle réussit à se sortir de situations extrêmement compromettantes...
Moll Flanders ne s'excuse jamais vraiment de cette vie déréglée et hors-la-loi ; ses accès de repentance surviennent généralement quand elle se retrouve en mauvaise posture... Sa pénitence n'est que de surface mais c'est de bonne guerre dans ce monde si peu taillé pour les faibles !

Pour conclure, je remercie Missie de m'avoir permis de découvrir ce livre très intéressant, qui offre un éclairage terrifiant sur les conditions de vie des femmes des classes inférieures. J'ai beaucoup appris sur les techniques astucieuses employées par les voleurs et les receleurs des bas-fonds londoniens pour commettre leurs larcins en toute impunité. Moll Flanders n'est pas une femme très fréquentable, mais on ne peut qu'admirer sa force de caractère, son indépendance, sa débrouillardise et son pragmatisme dans ce monde si peu fait pour les femmes. de plus, j'ai été agréablement surprise par la loyauté dont elle fait preuve envers sa receleuse et son 4è mari...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Un des plus grands dangers où j’étais maintenant, c’est que j’étais trop connue dans le métier ; et quelques-unes de celles dont la haine était due plutôt à l’envie qu’à aucune injure que je leur eusse faite, commencèrent de se fâcher que j’échappasse toujours quand elles se faisaient toujours prendre et emporter à Newgate. Ce furent elles qui me donnèrent le nom de Moll Flanders, car il n’avait pas plus d’affinité avec mon véritable nom ou avec aucun des noms sous lesquels j’avais passé que le noir n’a de parenté avec le blanc, sinon qu’une fois, ainsi que je l’ai dit, je m’étais fait appeler Mme Flanders quand je m’étais réfugiée à la Monnaie ; mais c’est ce que ces coquines ne surent jamais, et je ne pus pas apprendre davantage comment elles vinrent à me donner ce nom, ou à quelle occasion.
Je fus bientôt informée que quelques-unes de celles qui s’étaient fait emprisonner dans Newgate avaient juré de me dénoncer ; et comme je savais que deux ou trois d’entre elles n’en étaient que trop capables, je fus dans un grand souci et je restai enfermée pendant un bon temps ;
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« Quand une jeune personne se trouve belle, elle ne doute jamais de la sincérité d’un homme qui lui dit être amoureux d’elle ; car, si elle se croit assez charmante pour le captiver, il est naturel d’en attendre les effets. » (p. 59)
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Ce ne fut pas tout ; car bien que par ce coup je fusse devenue infiniment plus riche qu’avant, pourtant la résolution que j’avais prise auparavant de quitter cet horrible métier quand j’aurais gagné un peu plus, ne persista point ; et l’avarice eut tant de succès, que je n’entretins plus l’espérance d’arriver à un durable changement de vie ; quoique sans cette perspective je ne pusse attendre ni sûreté ni tranquillité en la possession de ce que j’avais gagné ; encore un peu, – voilà quel était le refrain toujours.
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Je me détournai, car mes yeux se remplissaient aussi de larmes, et lui demandai la permission de me retirer un peu dans ma chambre. Si j’ai eu une once de sincère repentir pour une abominable vie de vingt-quatre années passées, ç’a été alors.
– Oh ! quel bonheur pour l’humanité, me dis-je à moi-même, qu’on ne puisse pas lire dans le cœur d’autrui ! Comme j’aurais été heureuse si j’avais été la femme d’un homme de tant d’honnêteté et de tant d’affection, depuis le commencement !
Puis il me vint à la pensée :
– Quelle abominable créature je suis ! Et comme cet innocent gentilhomme va être dupé par moi ! Combien peu il se doute que, venant de divorcer d’avec une catin, il va se jeter dans les bras d’une autre ! qu’il est sur le point d’en épouser une qui a couché avec deux frères et qui a eu trois enfants de son propre frère ! une qui est née à Newgate, dont la mère était une prostituée, et maintenant une voleuse déportée ! une qui a couché avec treize hommes et qui a eu un enfant depuis qu’il m’a vue ! Pauvre gentilhomme, dis-je, que va-t-il faire ?
Après que ces reproches que je m’adressais furent passés, il s’ensuivit ainsi :
– Eh bien, s’il faut que je sois sa femme, s’il plaît à Dieu me donner sa grâce, je lui serai bonne femme et fidèle, et je l’aimerai selon l’étrange excès de la passion qu’il a pour moi ; je lui ferai des amendes, par ce qu’il verra, pour les torts que je lui fais, et qu’il ne voit pas.
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Il n’y a rien de si absurde, de si extravagant ni de si ridicule, qu’un homme qui a la tête échauffée tout ensemble par le vin et par un mauvais penchant de son désir ; il est possédé à la fois par deux démons, et ne peut pas plus se gouverner par raison qu’un moulin ne saurait moudre sans eau ; le vice foule aux pieds tout ce qui était bon en lui ; oui et ses sens mêmes sont obscurcis par sa propre rage, et il agit en absurde à ses propres yeux : ainsi il continuera de boire, étant déjà ivre ; il ramassera une fille commune, sans se soucier de ce qu’elle est ni demander qui elle est : saine ou pourrie, propre ou sale, laide ou jolie, vieille ou jeune ; si aveuglé qu’il ne saurait distinguer. Un tel homme est pire qu’un lunatique ; poussé par sa tête ridicule, il ne sait pas plus ce qu’il fait que ne le savait mon misérable quand je lui tirai de la poche sa montre et sa bourse d’or.
Ce sont là les hommes dont Salomon dit :
" - Ils marchent comme le bœuf à l’abattoir, jusqu’à ce que le fer leur perce le foie. "
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Vidéo de Daniel Defoe
Journal de l'année de la peste de Daniel Defoe et Gérald Duchemin aux éditions du Chat Rouge
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