Cet ouvrage est divisé en deux parties. La première s'intéresse à la théosophie allemande, essentiellement à l'oeuvre de son fondateur,
Jacob Boehme, et de son disciple le plus important, Friedrich Christoph Oetinger, un pasteur luthérien qui ajouta à sa philosophie sacrée des éléments empruntés à la Kabbale. Ce que l'on retient surtout de l'oeuvre de Boehme, considéré par Hegel comme le père de la philosophie allemande, c'est la notion d'ungrund, la pure transcendance, inconnaissable, laquelle s'apparente au néant, à l'En-Soph, l'infini de la Kabbale. Mais à côté de cet absolu inaccessible, de cette déité sans fond, en dehors de toute nature, il y a aussi le Dieu qui se manifeste et s'incarne, selon plusieurs modes et niveaux, à travers ses oeuvres, sa création, d'une nature primordiale, éternelle, du ciel des anges jusqu'à l'homme fait à son image. Dans ce plan divin l'homme est amené à une seconde naissance, à une transformation complète de son être, dans un sens qui rappelle les pratiques alchimiques de Paracelse, précurseur de la théosophie, où il était autant question de transformation spirituelle que de celle de la matière. Dans cette première partie l'auteur évoque également, bien que plus brièvement, le comte de Zinzendorf et sa communauté des frères moraves qui influencèrent beaucoup les romantiques.
Dans la seconde partie
Pierre Deghaye aborde des oeuvres et des auteurs qui ont eu un rapport évident avec la théosophie ou la tradition hermétique tels que
Goethe,
Tieck,
Novalis, Hess, Jung et
Thomas Mann. Voici donc une suite d'études passionnantes par un grand spécialiste de la littérature allemande et de l'ésotérisme qui la traverse.