Herman Bracke, le boucher, celui qui a créé le fameux pâté Bracke de Windhoek, Herman ne dort plus ! Son cauchemar ? le bruit ! le bruit ? Quel bruit ? Comment ? Vous êtes sourd ? Comment pouvez-vous ne pas entendre le boucan occasionné par les pales de ces maudites éoliennes ?
Rien ne va plus pour le vétérinaire Jan Lietar : le cabinet périclite depuis que la fille de Pouseele, un fermier du coin, est devenue vétérinaire. Il perd tous ses clients éleveurs. Mais ses ennuis ne s'arrêtent pas là… le gazon de son jardin est sa fierté !
Or, des ombres mouvantes traversent l'herbe telles de monstrueuses limaces avant de disparaître presque aussitôt derrière la clôture. Les pales des éoliennes continuent inlassablement à déchirer l'oeuvre de sa vie. Il sait qu'il est condamné à subir leur diktat jusqu'à la fin de ses jours…
Walter est facteur. Un facteur à l'ancienne. Un facteur qui enfourche son vélo pour effectuer sa tournée pendant que ses collègues ont renoncé à ce moyen de locomotion au profit de vélomoteurs ou de camionnettes. Walter tient la forme. Il est content avec ce qu'il a. A Windhoek, tout le monde se sent rassuré en se disant qu'il y a plus pauvre que soi : il y a Walter le facteur et sa femme.
Saskia, l'insignifiante, la nullissime Saskia Maes, celle qui est plus bas que tout en bas de l'échelle sociale, Saskia l'invisible a reçu un courrier. C'est la première fois qu'on lui écrit. Oh, bien sûr, la teneur de la lettre n'a pas de quoi la pousser à sauter de joie puisque Séverine Baes des RH de la compagnie d'assurances lui écrit qu'elle n'a pas d'emploi pour elle… Néanmoins, elle conserve son CV et si un poste correspond à ses capacités, elle ne manquera pas de la contacter ! « Madame » ! C'est la première fois qu'on lui donne du « Madame » ! Elle ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine fierté ! Et, maintenant, elle a un petit « chez-soi » grâce à ce logement social où elle vit avec Zippo, son petit chien. Elle aime Windhoek, ce village, ou plutôt celle longue rue… Mais elle tremble dès qu'elle entend un moteur ! Elle tremble à l'idée de voir se pointer la Mercedes vert sale de son grand-père qui l'obligerait à grimper dedans pour la ramener à la ferme…
Critique :
Je me suis contenté de brosser quelques-uns des portraits des habitants de ce joli et tranquille petit coin de Flandre où les gens vivaient heureux, il y a peu encore ! Soudain, leur vie va être bouleversée. Des éoliennes, dont la venue est fort appréciée, vont chambouler leurs existences, Herman le boucher va complètement disjoncter…
Bram Dehouck démontre de fantastiques qualités d'écrivain, servies dans cette traduction en français par le talent d'
Emmanuèle Sandron qu'il convient de saluer.
Bram Dehouck donne une telle vie à ses personnages qu'on n'a aucune peine à les imaginer et à ressentir leurs émotions jusque dans ce qu'elles ont de plus naïf ou de plus bas. Pour moi, qui vis en Belgique, il m'est d'autant plus facile de donner corps à ces femmes et à ces hommes, et même de les entendre causer en flamand avec la musicalité propre à cette langue.
Si vous cherchez un village de Windhoek (le coin du vent) sur une carte, vous risquez de vous retrouver en Namibie ! Pourtant, il existe plusieurs lieux-dits du nom de Windhoek. L'auteur a sans doute voulu s'épargner un procès, ou pire encore, en utilisant un nom de village existant, et puis « le Coin du Vent » quel joli nom pour en emplacement d'éoliennes, ne trouvez-vous pas ?
Mais, mon esprit soufflé par des déplacements d'air, m'égare…
Dans ce récit dramatique emprunt d'un humour belge très caustique, un drame va chambouler bien des vies ! Un drame ? Une suite de drames, plus exactement ! L'effet papillon, vous connaissez ?
Plus jamais vous ne regarderez une éolienne de la même manière…