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Critique de Fandol


Fandol
05 septembre 2021
Dans le fils de l'homme, Jean-Baptiste del Amo confirme, si c'était nécessaire, son immense talent d'écrivain. Règne animal (Prix du Livre Inter 2017) m'avait profondément marqué mais, avec le fils de l'homme, cet auteur réussit encore à m'impressionner en me plongeant au plus profond des racines de l'espèce humaine luttant pour sa survie dans une nature brute, austère et pourtant favorable aussi.
La séquence inaugurale du livre me surprend puisqu'elle me plonge dans la vie d'une horde d'hommes et de femmes préhistoriques. Malgré les éléments, le froid, la mort avant trente ans, la vie se perpétue : accouplements, accouchements, bébés vivants ou non. Pour survivre, il faut chasser, pêcher, préparer les repas, se retrouver au camp. C'est de ce camp que partent des chasseurs dont un père et son fils qui ne tarde pas à faire ses preuves.
Brusquement, changement d'époque, voilà le fils de l'homme, avec son père au volant, conduisant la mère et ce fils dans un endroit perdu, en montagne, loin de tout : Les Roches.
Déjà, un constat s'impose. Les principaux protagonistes de cette histoire terrible n'ont pas de prénom, pas de nom. Il faut s'y faire et cela est vite oublié dans les descriptions détaillées et tellement vivantes offertes par Jean-Baptiste del Amo. Quel style magnifique ! Quel déferlement de vocabulaire, riche, intense, précis, toujours juste !
Comme il est indispensable de savoir à qui nous avons affaire, l'auteur, régulièrement, revient un peu en arrière. Trois semaines auparavant, alors que le garçon jouait dans la petite cour d'une maison très modeste, un homme arrive : son père ! Il réapparaît alors qu'il a disparu depuis six ans. La mère est au travail. Il mange, s'installe et fume beaucoup.
Par petites touches, sans jamais trop en dire, laissant souvent son lecteur sur sa faim, l'auteur révèle le passé de cet homme qui inquiète et fascine en même temps. Petit à petit, je découvre son passé et l'histoire de son père, le grand-père du gosse, celui qui a créé ce lieu improbable, Les Roches, où le père va obliger mère et fils à vivre, à survivre.
Cette mère dont Jean-Baptiste del Amo laisse échapper une seule fois le prénom – Cristina – a été maman à dix-sept ans alors qu'elle ne voulait pas d'enfant. Elle en a vingt-six quand le père revient et elle est… enceinte !
Tensions, menaces, recherche d'un bonheur impossible à trouver dans des conditions de vie extrêmes, cette maison, Les Roches, le père l'a retapée, y a stocké des vivres et le cadre peut se révéler idyllique au printemps, ce printemps en montagne magnifiquement décrit.
Une terrible violence rentrée est prête à sourdre à tout moment mais il faut se laisser emporter par l'excellente prose de Jean-Baptiste del Amo, ne pas vouloir tout expliquer, accepter qu'il n'y ait pas vraiment de fin, même si… Alors, je me suis laissé prendre jusqu'au bout, vibrant devant cette nature sauvage, tremblant à cause des menaces qui planent constamment sur cette famille qui n'en est pas vraiment une.
Le fils de l'homme est un roman qui m'a marqué, impressionné et porté jusqu'au bout, entre suspense et régal, grâce à la précision et à la qualité d'écriture d'un grand écrivain : Jean-Baptiste del Amo.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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