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EAN : 9782211317566
290 pages
L'Ecole des loisirs (05/01/2022)
3.85/5   92 notes
Résumé :
Julie Maupin court les duels et dégaine à tout va. Elle se produit également sur les plus grandes scènes d'opéra. Elle aime se travestir, collectionner les amants et séduire les jolies femmes. Par amour, elle peut se lancer dans de folles aventures, quitte à mettre sa vie en jeu. Elle combat les préjugés de son temps et conquiert sa liberté pied à pied.
Cette femme hors du commun a grandi à la cour de Versailles et traversé le XVIIe siècle telle une comète. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Incontournable Février 2022


Une lecture qui arrive à point pour la Journée Internationale de la Femme, en ce 8 mars 2022. Mes hommages à toutes!


Ce roman est une pure friandise. Quand on en savoure chaque ligne, ma foi, c'est bien là le minium à en dire, non? En alternant la prose et le vers, del Socorro nous offre un personnage historique d'une rare modernité, véritable électron libre et femme en avance sur son temps comme on en voit pas souvent: Madame Julie d'Avigny, dites "Madame de Maupin", cantatrice, bretteuse et femme véritablement "libre".


Il y a peu, j'avais fait la lecture du roman "Olympe de Roquedor", dont malheureusement je n'ai pas retrouvé le féminisme et la modernité que j'escomptais trouver. Petite adolescente n'ayant aucune habileté à la lame, éternelle demoiselle en détresse qui aura frôlé le buché pour avoir porté des vêtements d'homme une seule fois, on est dans une logique totalement opposée avec Julie d'Avigny, ce qui est quand même comique, puisque c'est un personnage réel et non pas fictif comme Olympe. Julie en aura fait des choses jugées immorales à son époque: avoir droit à une éducation de page - réservée aux jeunes hommes - manier l'épée, avec la tenue conséquente; porter ladite tenue de bretteuse aussi souvent que ses robes de chanteuse d'Opéra; boire de l'alcool, parfois beaucoup trop; aimer passionnément les hommes comme les femmes, plébéiens, soldats ou nobliaux; essayé plusieurs types de métiers ; être non-pratiquante, voir peut-être athée ; montrer ses seins pour prouver son genre; voyager un peu partout seule ou accompagnée; être graciée par deux fois et manier la plume pour ses amours ( très jolie d'ailleurs!).


Julie d'Avigny était une force de la nature, artiste et fine lame, maniant aussi surement le Verbe que sa rapière, en incarnant presque un Cyrano en version femme. Dépeinte comme une femme sans complexes, au tempérament bouillonnant, mais avec un coeur sincère, Julie aura eu aussi des moments plus sombres. Elle aura fait face à des décès de gens qu'elle aimait beaucoup, aura été par deux fois condamnée ( puis graciée) et elle aura souvent eu des doutes, qu'elle s'est gardée de montrer aux autres. Elle aura été combattive pour sa liberté, farouchement défendue, toute sa vie.


Mephisto, son compagnon de route espiègle , aura été un personnage phare, roublard et solidaire. À bien des égards, ce Diable m'aura fait penser au personnage de "Lucifer" dans la série éponyme. Version modernisée contre-biblique qui tient plus de l'ange "libertin" que du démon foncièrement malveillant, Mephisto a aussi en commun avec Lucifer d'être très dandy, séducteur et teinté d'une sagesse liée à sa connaissance fine de l'esprit humain et de sa longévité. C'est en outre un fervent défenseur de la libre interprétation: selon ses dires, on ne connait pas la "Vraie" histoire, puisque c'est la version du vainqueur que l'on a, donc celle de Dieu. L'auteur aura pu, à travers ce personnage attachant, jouer sur les diverses facettes de la religion, comme les personnages de la Bible, les fléaux qui se sont abattu sur le monde, les réelles raisons de la déchéance du paradis du Diable, etc. C'était franchement comique - pour un athée en tout cas.


L'humour, oui, il y en a. Parfois caustique, parfois sarcastique, parfois référentielle, on ne peut pas ne pas rire - en tout cas, pas si vous aimez ces formes d'humour. Les répliques sont savoureuses, les piques bien trouvées, Mephisto et Julie en sont de vrais maîtres.


Il y a un autre aspect que j'aurai beaucoup aimé du personnage de Mephisto, c'est cette façon de philosopher. Immortel de son état, il en a vu d'autres et il met volontiers sa sagesse au service de Julie, dans ses moments de détresse et de doutes. Il y avait également quelque chose de beau à voir ce ténébreux ( mais sympathique!) personnage suivre Julie de cette manière, comme si le Diable avait, au final, lui aussi besoin de compagnie. La façon dont la relation entre les deux tourne me laisse penser qu'il a trouvé une égale en la personne de Julie, esprit libre et aiguisé capable de ruser et de piler sur les codes sociaux qui avaient court à l'époque ( pas une conquête amoureuse, non, une amie).


Oui, parce que soyons francs: Les codes, Julie les a souvent allégrement piétinés, même si elle connait les limites et sait aussi se montrer courtoise. Convolant d'amants en amantes en dépit de son statut de femme mariée, ayant mit le feu à une chambre de couvent et ayant même donner des volées à des hommes, qu'il le mérite ou non, Julie n'était pas un ange - ce qui a surement du beaucoup plaire à Mephito, maintenant que j'y pense. Pour les modernes que nous sommes, ça peut sembler peu, mais en contexte historique, ça devait être surement moralement condamnable. Par contre, c,est ce qui fait que c'est si jouissif, pensez qu'une femme a eu à ce point de culot, c'est génial.


On aura de nombreuses références, parfois petites et subtiles, mais bien présentes. Elles sont souvent liées à des oeuvres phares telles que Cyrano de Bergerac de Rostand, les Trois Mousquetaires de Dumas et même L'Odyssée d'Homer. On sent la présence des romans de capes et d'épées de l'époque et c'est un régal d'en avoir ENFIN un avec une femme comme héroïne. Elle occupe d'ailleurs toute la scène, épaulée quelque fois de Mephisto, mais bien au centre de l'Histoire, contrairement à "Olympe de Roquedor", où la demoiselles n'occupait que le tiers du roman.


Entre autres particularités, ce roman en prose regorge de vers, parfois dans les répliques au cours des duels d'épée ( façon Cyrano) ou au début des "Actes" qui font office de chapitres. Une étonnante hybridité qui sert très bien son sujet et nous rapproche de ce que fut la vie de Julie: Une passionnante pièce de théâtre rempli de coup de théâtres! On retrouvera également les diverses sources en bas de page, car certaines lignes originaires de textes réels, dont une lettre qu'à écrite Julie à son amant Joseph. Une rigueur que j'apprécie, surtout pour bien distinguer l'historique du fictif. Dans ses précisions à la fin, l'auteur nous expose d'ailleurs ce qui fut vrai dans ce roman et c'est incroyable de penser que presque tout est effectivement arrivé. C'était une femme véritablement extraordinaire. Je comprend pourquoi l'auteur d'y soit intéressée.


Un mot aussi sur un concept qui a fait défaut à Olympe de Roquedor et je j'avais espéré dans ce dernier: le Consentement. Dans Olympe, jamais on ne le mentionne, alors que de nombreux mâles impose leur façon de faire. Dans "Une pour toutes", c'est omniprésent. Que ce soit Julie qui déclare au Diable "Que non, Mephisto, est un NON" ou que la marquise de Florensac, qui estime de pas être une marchandise dont on se dispute l'exclusivité à trois prétendants forts choqués d'être escamotés, on table sur le fait que les femmes sont capables de prendre des décisions pour elles même, qu'elles ont le droit de dire NON et qu'il est désobligeant de s'imposer sur le simple fait d'être Homme. Aussi, j'admire la capacité des personnages masculins d'avoir des sentiments et d'être capables de vulnérabilité. le père de Julie, monoparental, a toujours eu à coeur le bien être de sa fille, pas seulement d'un point de vue matériel, mais aussi psychologique. La relation qu'il entretiens avec sa fille est émouvante et sincère. Bref, on sort des stéréotypes. En ce sens, "Une pour toutes" est véritablement féministe ( égalité des sexes).

On a foison de thèmes dans ce roman, sur plusieurs axes. Certaines relève de la philosophie, comme la course du temps, la fragilité de la vie, l'urgence d'aimer, la lutte pour sa liberté de pensée, alors que d'autres sont plus sociaux, comme la condition des femmes, la rigidité des codes sociaux, les absurdités de la guerre et bien sur, les relations sociales, qu'elles soient amicales ou amoureuses. En outre, d'une certaines manière, nous avons une omniprésence des arts, ceux de la scène, ceux de la voix et celle des Lettres. C'est donc riche de pleins de thèmes, servies de manière efficaces, que ce roman nous fait naviguer entre émotions et actions.

Il y a un élément qui m'aura intrigué et c'est le fait que dans l'histoire présente, personne n'a émit de commentaires sur la bisexualité et les vêtements d'homme de Julie, comme si aussi mal vu que ce soit, ça reste dans le champs des possibles. J'imagine que si Julie n'a pas été condamnée pour cela, c'est que c'était donc effectivement des choses faisables. Étonnant, donc!


Et finalement, le texte en lui-même, vraiment succulent. Il y a de jolies tournures de phrases, des mots forts aux bons endroits et une richesse de vocabulaire qui font savourer chaque ligne - j'étais incapable d'en rater une. Je suis ravi de voir ce roman rejoindre les bons textes de la littérature jeunesse, car je réitère que nos jeunes ne sont pas cons et qu'ils méritent des plumes aussi magnifiques que celles qui sont au service de la littérature adulte.


Julie d'Auvigny est ce genre de femme en avance sur son temps que j'aurais et j'aimerais voir peupler davantage la littérature jeunesse, plus particulièrement les romans pour ados, trop souvent peuplés de petites gourdes stupides en déraisonnable pâmoison pour de petites raclures qui ont le culot de se décrire comme des '"bad boys". Je réitère qu'être une femme forte ce n'est pas de porter du cuir et des DocMartens en pestant sa colère comme la terre entière, non, c'est d'être capable de reconnaitre qu'on a une valeur et d'avoir assez de bon sens et d'amour-propre pour la défendre - Et accessoirement, de trouver des partenaires amoureux qui nous aime pour ce qu'on est.Mon humble et impertinent avis, bien sûr! Julie L a parfaitement comprise, chaque femme et homme l'estimait, toute atypique qu'elle doit, authentique et vivante qu'elle doit. Juste pour ça, merci del Socorro!


C'est donc au rayon des incontournables parmi les incontournables que va se retrouver ce roman - et sur mes tablettes personnelles, soyez-en sur! Un personnage aussi légendaire, ça n'arrive pas assez souvent.


Pour un lectorat du second cycle secondaire, 15 ans et plus.


Pour les bibliothécaires et professeurs: Il n'y a pas de scène explicitement sexuelles, plutôt des allusions et blagues salaces, avec du sexe implicite. Il n'y a pas de scène de violence outrancières non plus.
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C'est l'histoire de Julie d'Aubigny devenue Madame (ou Mlle) Maupin que l'auteur nous raconte.
Cette jeune fille, née au XVIIe siècle, a la chance de bénéficier, via son père, de cours d'escrime (fait assez rare à cette époque). Bien qu'étant audacieuse et jouissant d'une certaine liberté, elle est obligée de se marier à 18 ans avec Monsieur Maupin. Elle s'arrange aussitôt pour l'envoyer en Province alors qu'elle-même reste à Paris. Elle tombe amoureuse de Sérannes qui, lors d'un duel, tue un homme. Une loi interdit les duels et donc, risquant la prison, Sérannes et Julie s'enfuient à Marseille. Ils gagnent leur vie grâce à des spectacles de duels dans lesquels ils déclament des vers tout en jouant de l'épée (rapière). Ils se séparent. Julie, ayant pris des cours de chant, est engagée dans un théâtre à Marseille. Lors des représentations, elle remarque la présence d'une jeune fille qui assiste régulièrement aux spectacles. Elles auront une relation. Les parents découvrant cette relation, la désapprouvent et expédient leur fille dans un couvent. Julie retrouve sa trace et la libère de façon assez rocambolesque (mais véridique, j'ai vérifié tellement cela me semblait exagéré et improbable). Elles s'enfuient ensemble mais leur passion s'éteint. Au cours de sa vie, Julie connaît plusieurs relations tant masculines que féminines.
Bretteuse accomplie, elle blesse un homme en duel et risque l'emprisonnement. Elle en réchappe grâce au Roi Louis XIV, qui la gracie sous prétexte que la loi ne s'applique qu'aux hommes.
L'auteur nous présente ici une héroïne aux multiples talents (l'escrime, le chant,…), qui n'a pas froid aux yeux, qui assume sa bisexualité, son indépendance et qui joue de ses charmes et de l'épée quand il le faut. Bien que les faits relatés soient réels (même si romancés) et que la vie de Julie Maupin foisonne de diverses aventures plus incroyables les unes que les autres, je l'ai trouvé un peu trop lisse, un peu trop « zéro défaut ». Elle ne doute jamais, elle se préoccupe peu ou pas des conséquences de ses actes,… Tout semble tellement facile pour elle. Bref, je ne conteste pas qu'elle ait été une vraie aventurière tant sur le plan personnel que professionnel mais je crois aussi qu'elle avait sans doute des failles. Celles-ci, évoquées dans le roman, n'auraient rien enlevé à l'aspect héroïque de cette jeune femme.
Une lecture plaisante, légère, drôle et un texte bien écrit mais un peu longuet dans certaines descriptions des combats au fleuret. Une héroïne à découvrir tant sa vie fut trépidante.
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Jean-Laurent del Socorro est un auteur de fantasy à veine historique dont j'ai beaucoup aimé les romans à destination des adultes, alors quand j'ai appris qu'il s'essayait à la pure fiction historique aux côté de L'École des loisirs et sa collection "Médium +", j'ai forcément eu envie de voir de quoi il en retournait.

Si comme moi, vous connaissez déjà la plume de l'auteur avec Royaume de vent et de colères, Boudicca ou Je suis fille de rage, vous ne serez pas surpris de le retrouver ici dans un récit de cape et d'épée en plein Grand Siècle. Vous serez peut-être un peu plus surpris de la modération de sa plume qui nous avait habituée à de belles envolées lyriques. Ici moins de fioritures, une écriture plus épurée, plus directe et un récit plus simple et concis mais non moins entraînant.

Avec lui, le lecteur découvre l'existence et de le parcours de vie d'une femme hors du commun ayant réellement existé : Julie Maupin, une amatrice d'escrime mais aussi de chant et de théâtre. L'auteur nous embarque dans l'aventure que fut la vie de cette femme hors du commun, qui a vécu bien des vies et porté bien des costumes, une femme libre qui est encore un modèle de nos jours. On est totalement dans la veine de ces ouvrages pour les jeunes visant à parler de l'émancipation des femmes et à leur redonner leur place dans L Histoire, tels qu'on peut en avoir depuis Les Culottées de Pénélope Bagieu. Personnellement, j'adore l'intention.

Je serai un peu plus critique sur la forme. En effet, Julie vit ses aventures aux côtés de Méphisto, Méphistolès, un ange déchu, rappelant l'effet de style dont l'auteur avait fait preuve sur Je suis fille de rage où la mort était aussi aux côtés du héros, et c'est seulement avec lui qu'on retrouve la verve dont sait faire preuve l'auteur à l'aide de joutes verbales jouissives. le reste du temps, j'ai trouvé l'auteur un peu timide par rapport à ce que je connais de lui et ça m'a déçue, même si je sais qu'on s'adresse à un public plus jeune que ce à quoi il a l'habitude et que ça l'a peut-être bridé, mais je ne vois pas pourquoi...

La narration, elle, en suivant d'assez près la vie de Julie est un brin répétitive, puisqu'on la suite dans une vie qu'elle s'invente jusqu'au moment de rupture qui provoque une fuite, un changement de lieu, et un cycle qui se répète à nouveau. A chaque nouveau lieu, une nouvelle rencontre, un nouvel amour, un nouveau masque, une nouvelle passion. Là où c'est sympa c'est qu'on voit Julie dans tout sauf son rôle de femme et d'épouse tel qu'on l'imagine au XVIIe. On est plutôt avec une femme indépendante, qui manie l'épée si elle en a envie, tout comme elle est capable de chanter dans un troquet ou de monter sur une scène de théâtre. On a aussi une femme très libre et passionnée en amour, aimant aussi bien hommes que femmes, et vivant tout avec emportement et naïveté.

J'ai aimé la figure que représentait Julie mais je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher au personnage décrit dans ces pages. Elle était par trop naïve et égoïste pour moi, ce qui m'a donné un sentiment de superficialité dans toutes ses attaches en dehors de Méphisto, figure indéboulonnable de sa vie. Je crois d'ailleurs que c'est lui que j'ai le plus aimé et qui m'a le plus fascinée dans son attachement imprévu à une mortelle. En revanche, tout comme Julie, les hommes et femmes qui passent dans sa vie m'ont laissée de marbre, tant ils ne sont que de passage.

Non, ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est vraiment son décor historique. L'auteur a vraiment capturé l'essence de ce siècle sous le règne de Louis XIV avec sa place de plus en plus grande accordée aux arts de la scène mais aussi ses figures féminines indépendantes à l'image de sa cousine La Grande Demoiselle. Il retranscrit cela à merveille dans ce récit romancé avec une autre grande figure féminine indépendante à la vie tellement haute en couleur.

Ainsi même si je n'ai pas retrouvé toute la force et la folie que je connais à la plume de Jean-Laurent del Socorro, Une pour toutes fut tout de même une bien belle lecture, édifiante pour les plus jeunes, mettant en scène une figure historique méconnue qui nous offre un sentiment de liberté puissant et communicatif qu'on a nous même envie de connaître. Un bien beau roman historique au féminin.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Mon amour pour cet auteur n'est plus à démontrer : entre fantasy et histoire, le voyage à travers son univers est intense.

Dans ce nouveau roman de Cape et d'épées, l'auteur met en avant un petit bout de femme, et quelle femme !
Mademoiselle Maupin, de son vrai nom Julie d'Aubigny, est la fille unique du secrétaire du comte d'Armagnac, responsable des écuries de Versailles au temps de Louis XIV.

Ce portrait passionnant d'une femme libre du XVIIème siècle élevée dans un monde d'hommes est tout à fait remarquable, on a envie, en tant que femme, de se mettre à l'escrime tout en étant chanteuse d'opéra, de se marier tant en trouvant une subtilité pour tout de même rester libre, de voyager tout en gagnant sa croûte grâce à des spectacles haut en couleurs, de provoquer de duels tout en échappant à la milice, …

La patte originale de ce bouquin est le compagnon de route de Julie, Méphisto, un de 7 princes de l'Enfer. Ce diable auquel on s'accroche car espiègle et solidaire à la fois, il sera l'ami de Julie.

Ce livre écrit comme un opéra en 5 actes au langage fleuri, un peu à la Bergerac, saura faire de vous une femme comblée et forte ! Si l'envie vous dit les techniques de l'escrime y sont tellement bien fouillées qu'il vous est possible de vous y mettre facilement !
« Cédez-moi votre victoire, mon jeune chevalier
Ou venez donc défendre votre honneur bafoué. »
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Il m'a fallu lire plein de tomes avant de succomber, enfin et comme beaucoup, à la plume de Jean-Laurent del Socorro.
Il y a dans ce tome l'irreverence et le panache d'un mousquetaire sans moustache. Comme si Cyrano était de fait Roxane, aventureuse et amoureuse de la vie, avec pour compagnon de route non pas un faible Christian mais un Mephisto taquin et magnifique.
Il y a dans ce livre un medley anachronique littéraire façon moulin rouge où l'on se trouve à sourire quand pour l'autre on fredonnait, à reconnaître tel ou telle plume. Plus que tout ce livre est une ode à la liberté, à la femme et plus que tout la vie. La dedicace en exergue étant peut-être ce qui m'a le plus émue.

Hardi Jean Laurent, je salue cette histoire
Que tu nous as servie telle une liqueur de poire
Je soulève mon chapeau à cette belle aventure
Moi qui aime lire sans demie mesure.
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critiques presse (1)
Ricochet
30 août 2022
Le récit se pare de courts passages en vers, d'extraits d'œuvres postérieures et déroule tambour battant une existence de saltimbanque, digne des pièces de théâtre jouées par l'héroïne. Une façon originale d'explorer le Grand Siècle dans ses petites gens comme à la Cour.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Franchement, Julie, la Vierge Marie, vous y croyez vrai-ment?
- Pourquoi pas? Vous existez bien, vous, après tout.
- Moi, c'est différent. Cette histoire vient d'une erreur de traduction de l'ancien Testament: Almah, ça veut dire «jeune femme» en hébreu, et non « vierge». C'est pareil pour Jésus, il aurait dû s'appeler Emmanuel, comme le prophète Ésaie l'avait prédit *.
- Quel que soit son nom, reconnaissez, Méphisto, qu'il a bien su résister à toutes vos tentations.
- Oh, je me suis joué du fils de Dieu plus d'une fois, croyez-moi. Mais, curieusement, vous n'en trouverez aucune trace dans le Nouveau Testament.
-À vous entendre, Méphisto, on aurait censuré la Bible.
- Mais bien sûr, Julie! Ayez donc un peu moins d'esprit saint, et davantage d'esprit critique. Ne dit-on pas que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire? Entre le concile de Nicée et celui de Rome, les papes successifs ont choisi les Livres qui allaient constituer les canons des deux Testaments
- et fait en sorte d'écarter les versions qui ne les arrangeaient pas.
pp.139-140
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Méphistophélès:

Grand pardon madame de vous importuner,
Et de marcher ainsi dans vos pas empressés,
Mais je suis certain d'avoir vu votre tête.

Julie:

Et bien maintenant, voilà, la chose est faite.
Adieu.

Méphistophélès:

Attendez! Savez-vous qui je suis?

Julie:

À part un effronté, non, pas du tout.

Méphistophélès:

Mais si!
Vous connaissez mon œuvre et comment je me nomme.

Julie:

Sûr de vous et collant: vous avez tout d'un homme.
Commenter  J’apprécie          20
- Qu'est-ce donc que cette tenue, Méphisto ? Je croyais que le sacré vous était intouchable !
- Une règle qui ne vaut que pour les lieux saints. Les bures sont comme les croix. Elles me grattent la peau autant qu'un tissu trop rêche, mais guère plus.
- Encore un mensonge de l'église.
- Ce n'est pas le seul. Apprenez que, face à un vampire, il est inutile de croquer de l'ail pour s'en prémunir. Cela ne vous empêchera pas d'être vidée de votre sang, mais vous empuantira la bouche assurément.
- C'est un moindre mal, face à la mort.
- Détrompez-vous : on passe l'éternité avec l'haleine de son trépas.
- Pourquoi les prêtres nous taisent cela ?
- Tout simplement parce qu'ils l'ignorent.
Commenter  J’apprécie          10
- Ce soir, Julie, tu as incarné une bien belle Pénélope. Cependant, le directeur de l'opéra doit mal te connaître. Tu es davantage une Ulysse aventurière qu'une femme qui patiente jusqu'au retour de son époux - monsieur Maupin peut en témoigner!

Nous éclatâmes de rire.

- C'est moi, ton père, qui suis Pénélope, à t'avoir attendue ici pendant ton voyage de dix ans en province.

-Il n'a duré que dix mois, c'est tout.

- C'est une éternité lorsqu'on tient à quelqu'un, crois moi. Pénélope ou Ulysse, je t'aime comme tu es, Julie, et je suis fier de toi.
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MEPHISTOPHELES

Mais si!
Vous connaissez mon œuvre et comment je me nomme.

JULIE

Sûr de vous et collant : vous avez tout d’un homme.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Jean-Laurent Del Socorro (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Laurent Del Socorro
Une longue discussion de la Garde de Nuit autour du roman Peines de mots perdus de Jean-Laurent Del Socorro.
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