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EAN : 9782221250297
150 pages
Robert Laffont (07/01/2021)
3.69/5   32 notes
Résumé :
Versailles, mercredi 1er janvier 1710, tôt le matin.
Philippe d'Orléans, le neveu de Louis XIV, attend la visite de son ami Saint-Simon.
Connu pour ses mœurs débauchées, le duc d'Orléans vit depuis dix ans un amour passionné avec sa maîtresse Mme d'Argenton, la seule femme qu'il ait jamais aimée.
Il ignore qu'une terrible menace, qui pourrait lui valoir un exil immédiat, enfle dans son dos. Mme de Maintenon, en particulier, le hait pour une plai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Non content, depuis maintenant dix ans, de bafouer ouvertement son épouse, propre fille du roi, avec sa maîtresse Mme d'Argenton, Philippe d'Orléans, neveu de Louis XIV, s'est fait une ennemie mortelle de Mme de Maintenon au travers d'une mauvaise plaisanterie. Inconscient de la disgrâce et de l'exil qui le guettent, il reçoit la visite de son ami Saint-Simon, venu le mettre en garde. Acceptera-t-il de quitter sa maîtresse pour regagner les faveurs royales et conserver sa place à la Cour ?


Mi-roman historique, mi-pièce de théâtre, ce bref récit s'inspire des Mémoires de Saint-Simon, pour imaginer une conversation entre deux éminents personnages de la cour de Louis XIV. L'un est prince, l'autre duc et pair de France, mais tous deux se retrouvent écartés du pouvoir par un monarque qui préfère cantonner les grands du royaume au rôle de courtisans et gouverner avec des secrétaires d'État roturiers. Une grande amitié lie les deux hommes que pourtant tout oppose : autant Philippe d'Orléans ne pense qu'à ses plaisirs au point d'y avoir gagné une réputation de débauché, autant le vertueux Saint-Simon est ambitieux et se fait un observateur attentif de la vie et de la société de Cour. Leur dialogue tourne ici à l'exercice de rhétorique, tandis que Saint-Simon s'évertue à protéger son ami de ses faux pas de préséance.


En nous exposant la cabale prête à se déchaîner pour un mot de travers, ce conciliabule entre Saint-Simon et Philippe d'Orléans nous révèle toute la sauvagerie du microcosme de la Cour versaillaise, que Louis XIV tient dans sa main en jouant des rivalités et des conflits d'intérêts. Dans ce Versailles, aucune position n'est acquise, seule la faveur royale fait et défait les existences entre les feux de la Cour et l'obscurité de l'exil, et les complots se multiplient sur la seule base de la rumeur et de la calomnie. L'arme la plus commune est la manipulation, dont cette histoire est un morceau de choix : d'une parole malheureuse au sacrifice d'une femme aimée, il aura suffi de quelques mots glissés dans une ou deux oreilles opportunes pour que la crainte amène le contrevenant à se châtier de lui-même.


Réussissant le tour de force de nous faire appréhender en quelque cent cinquante pages le nid de vipères que Louis XIV avait fait de la Cour de Versailles pour la tenir à sa main, ce huis clos imaginé avec une grande exactitude historique prend une singulière acuité lorsque l'on pense aujourd'hui à l'explosion de la désinformation, du complotisme et des lynchages médiatiques grâce à internet et aux réseaux sociaux.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Saint-Simon en touchait quelques mots dans ses mémoires, Jean-François-Si-Versailles-m'était-Delacomptée reprend l'idée au vol et transforme l'anecdote en cours de rhétorique : comment convaincre un libertin amoureux fou de sa libertine de larguer sa délurée pour se remettre avec Bobonne ? C'est que l'affaire est d'importance puisque Bobonne est fille de roi et que Louis, dorénavant coaché par madame De Maintenon, ne rigole plus avec la morale. le futur régent, puisque c'est de lui qu'il s'agit, résistera véhémentement aux arguments de son ami Saint-Simon, puis résistera mollement, et finira par faire amende honorable. Maintenon triomphera, celle-là même pourtant que Philippe d'Orléans surnommait, pour son influence sur le roi, le con-capitaine (comme le disait un de mes profs toujours partant pour être grivois tant il savait que nos progrès étaient à ce prix : « Traitez un homme de con, et vous faites une métaphore. Mais si c'est une femme, vous faites une synecdoque. »)
Et ne vous plaignez pas de connaître la fin de l'histoire : pas d'uchronie ici, mais Saint-Simon en chroniqueur de la Cour, toujours bien informé quoique trop imbu de son rang pour être toujours digne de confiance.
Des lors, pourquoi lire Delacomptée et son plaisant pastiche ? C'est que l'auteur a eu l'élégance de boucler son histoire en une centaine de pages, autant dire qu'il ne cherche pas à concurrencer son illustre modèle mais qu'il nous ouvre l'appétit et donne très envie de se lancer dans l'oeuvre originelle.
Un homme capable d'écrire « L'art de s'avancer et de parvenir, c'est l'art d'offrir sa main à qui l'on voudrait donner son pied » mérite assurément qu'on le fréquente.
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À l'ère du complotisme, de la désinformation, du bashing ou autres joyeusetés sociales contemporaines, il est intrigant de voir une de ses formes ancestrales à la cour du Roi-Soleil. La cabale est dirigée contre le duc Philippe d'Orléans et « son dédain du mariage, son mépris de la religion, son attrait invétéré pour ce qui outrage, ce qui souille », soupçonné entre autres de convoiter le trône vacant en Espagne, au détriment de Philippe V favori du Roi-Soleil. le tonton du libertin, Louis XIV en personne, n'est pas content. On imagine la rumeur sur l'impie avoir enflé en coulisses royales, s'être déformée en se nourrissant des frasques du neveu, avant d'atterrir finalement entre les oreilles de Saint-Simon, ami d'enfance du Duc, passé par là pour affaires personnelles. Et il se portera sauveur, Saint-Simon, de son ami d'enfance dont « la connaissance intime qu'il a de ses talents contrebalance celle qu'il a de ses faiblesses ». À vrai dire, il détient même la solution miracle pour le tirer de cette sale affaire.
C'est à une passionnante joute de rhétorique théâtrale à laquelle le lecteur est alors convié, le paquet de pop-corn à portée de main. À la manoeuvre, Saint-Simon le manipulateur, si habile cuisinier que c'est le duc lui-même qui finira par nommer l'impensable plan pour le sauver. À la défense, le duc d'Orléans, pour qui la solution imaginée est bien sûr inenvisageable.
Rapide texte improvisé à partir des mémoires de Saint-Simon, ce duel de mots entre amis à l'ombre du Roi-Soleil nous plonge dans un délicieux mélange de genres, entre huis-clos théâtral et roman d'époque. Une franche réussite.

"Le bon courtisan est un être double, triple, une enveloppe à ne jamais décacheter."

Un grand merci à Babélio ainsi qu'aux éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre dans le cadre de masse critique.
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Petit texte délicieux, qui n'est pas sans rappeler la démarche d'un Jean-Claude Brisville dans "le Souper". Saint-Simon en lanceur d'alerte face aux réseaux sociaux de l'époque, voilà qui est réjouissant ! Un échange brillant, un style grand siècle, une confrontation sans cesse sur le fil, tout cela est à consommer sans modération !
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Eh hop le voici mon premier coup de coeur de l'année 2021 ! Et pourtant, cette pépite semble passer largement inaperçue et c'est bien dommage !

Ce livre est dantesque ! Ce roman est à la fois un dialogue totalement fictif entre deux grands personnages du XVIIIème siècle et un récit criant de vérité qui dépeint parfaitement la société d'Ancien Régime et plus particulièrement le microcosme de la cour de France. Dans le nid de serpents – et ce sont des vipères bien venimeuses, pas de sympathiques couleuvres ! – qu'est la cour, les rumeurs se répandent tout aussi rapidement que sur Twitter ou Instagram aujourd'hui…

Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce petit roman, c'est sans aucun doute le rapport de force qui se met en place entre Philippe d'Orléans, qui traîne avec lui une image de débauché, soupçonné qu'il est d'avoir des moeurs légères et Saint Simon qui, lui, nous apparait comme un saint homme aux sages conseils… mais tellement manipulateur. En arrière plan, ce dialogue amène à nous interroger sur la complexité des relations humaines, la duperie et les ambiguïtés qui planent dans les plus hautes sphères de l'état.

C'est parfois drôle, très souvent intelligent, ça se lit très rapidement et je vous le recommande chaudement !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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critiques presse (1)
LeFigaro
15 février 2021
L’écrivain a imaginé un dialogue entre Saint-Simon et Philippe d’Orléans, deux amis que tout oppose.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La première qualité du courtisan accompli est de savoir masquer ses jugements. Se confier présente toujours un risque. Émotions, sentiments doivent rester tapis au fond de soi. Le bon courtisan est un être double, triple, une enveloppe à ne jamais décacheter. Ses paroles, son visage couvrent la vérité d’un voile qu’il craint d’ôter même dans l’intimité. Il n’a nulle part où se découvrir sans danger. Le théâtre de la cour ne baisse jamais le rideau.
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DUC D’ORLÉANS — Vous avez tort, il est équitable. Je saurai lui parler. Face à la vérité, les calomnies s’effondrent.
SAINT-SIMON — Contre les calomnies, la vérité ne vaut rien.
LE DUC D’ORLÉANS — Ma sincérité la rendra évidente.
SAINT-SIMON — Vous vous leurrez, Monsieur. Le ressort est bandé, prêt à se détendre. Votre oncle est outré de colère contre vous. Aucune sincérité ne le fera fléchir.
LE DUC D’ORLÉANS — On ne peut pas me détruire sur de simples soupçons.
SAINT-SIMON — Sous un gouvernement despotique, les soupçons sont des preuves.
LE DUC D’ORLÉANS — Ma bonne foi s’imposera.
SAINT-SIMON — Non, vous avez trop d’ennemis, et des ennemis trop puissants. Tel est l’effrayant pouvoir de la calomnie. L’acide de la rumeur, des clans qui intriguent dans l’ombre. Les attaques anonymes, la haine qui se répand sans limites ni contrôle.
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Quand un clan à la cour recherche la ruine d’un autre, tous ceux qui tentent de s’interposer y perdent des deux côtés. Le parti qui se juge en droit d’attaquer s’irrite des obstacles qu’on lui oppose, et celui qui se défend reproche à ses soutiens, s’il est vaincu, de l’avoir mal défendu, ou de l’avoir empêché de vaincre. Dans ces conditions, personne n’est content.
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SAINT-SIMON — Vous avez tort. Mme la duchesse d’Orléans est une femme admirable. Je ne connais personne qui s’exprime avec une éloquence aussi fine, qui écrive avec autant de justesse, ni qui sache entretenir avec autant de grâce la compagnie dont elle s’environne. Elle a cet esprit de Mme de Montespan, sa mère, qui ravit l’intelligence.
LE DUC D’ORLÉANS, se relevant brusquement pour aller et venir à nouveau — Et moi je ne connais personne qui soit aussi imbu de sa naissance et qui s’en flatte avec une fierté aussi déplacée. Déjà, avant que je ne l’épouse, elle me reprochait de n’être pas fils de roi. Elle ruisselait de ce mépris qu’elle continue de m’infliger du haut de sa bâtardise. Son éloquence, allons donc ! Je ne connais personne qui s’exprime avec autant de prétention, qui parle si lentement qu’on s’endort avant la fin de ses phrases, qui rougisse ou pleure pour un oui ou un non, ni qui passe ses journées alanguie sur des divans à médire de tous et de tout. Pensez-vous que si je la surnomme « Mme Lucifer », ce soit sans d’excellentes raisons ?
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Sa mère, la princesse Palatine, bien qu’elle l’aime profondément, admirative de ses capacités, ne se méprend pas sur ses failles. Elle le définit joliment par un conte : toutes les fées ayant été conviées à se pencher sur son berceau, elles l’ont doté de mille talents. Mais on a malheureusement oublié d’inviter une vieille fée qu’on ne voyait plus depuis longtemps. Vexée, la vieille fée s’est vengée : elle l’a doté du talent de rendre inutiles tous ceux qu’il a reçus.
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Videos de Jean-Michel Delacomptée (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Michel Delacomptée
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Jean Michel Delacomptée vous présente son ouvrage "Jean de la Fontaine, portrait d'un pommier en fleurs" aux éditions Cherche Midi. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2888713/jean-michel-delacomptee-jean-de-la-fontaine-portrait-d-un-pommier-en-fleurs
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