La Bruyère, portrait de nous-mêmes

Les mœurs des hommes varient selon les pays et les siècles , mais pas leur cœur ni leurs passions .

Voyez l’avare : mort , il dépense plus en un seul jour qu’il ne faisait en dix années ; et son héritier plus en dix mois , qu’il n’a su faire lui- même en toute sa vie .

Jules Renard , styliste parmi les stylistes , écrit dans son journal : ´La Bruyère , le seul dont dix lignes lues au hasard ne déçoivent jamais ´ .

Un misogyne , ce n’est pas un homme qui dit du mal des femmes . c’est un homme qui en dit plus de mal que ce qu’on en dit généralement à son époque .

Je vois que vous lisez les Caractères. Il n'existe pas de meilleur endroit pour s'y plonger qu'un lieu comme celui-ci, en profitant de la douceur de l'air.
- Je ne m'y plonge pas, je les picore. C'est un régal à saisir avant que les nuages là-bas ne nous chassent.
- Louable gourmandise
- Lire les classiques me rajeunit. Autrefois, on étudiait au lycée les portraits de La Bruyère. Comme ils m'amusaient, j'y reviens de temps à autre.

Humanité à griffes et à crocs, plus carnassière que les bêtes sauvages, s’attribuant même, orgueil extravagant, le privilège de se croire infiniment supérieure aux animaux par la propriété exclusive de la raison , raison pourtant si folle.

Il jubile de plonger sa plume dans la philosophie et la théologie , de s’envoler dans les sphères cristallines de la raison raisonnante.

L’on doit se taire sur les puissants. Il y a presque toujours de la flatterie à en dire du bien ; il y a du péril à en dire du mal pendant qu’ils vivent et de la lâcheté quand ils sont morts.