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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Carlos Perez s'est suicidé dans son entreprise.
Le lieu choisi en dit long sur l'origine de son désespoir.
Quelques mois plus tard, sa veuve, assistée d'une avocate, est au Tribunal afin d'intenter un procès à l'employeur pour 'harcèlement moral, institutionnel, organisé'.
L'entourage est sceptique :
« Tu crois qu'elles ont leur chance ?
- Pourquoi pas ? On en a beaucoup parlé, les juges auront peut-être envie de faire un exemple...
- Moi je n'y crois pas. Ça fait plutôt baroud de la dernière chance pour elles.
- Et puis les juges... Ils y connaissent quoi, à l'entreprise ? »

Retour sur le CV de Carlos.
Ses parents ont quitté l'Espagne en 1974, sa mère n'a jamais bien parlé le français, son père est ouvrier. C'est merveilleux pour lui d'avoir réussi le concours de 'Centrale'.
Le diplôme en poche, il est enthousiaste à l'idée d'intégrer l'industrie automobile - son père lui a transmis sa passion pour les voitures.
Mais une fois en poste, les difficultés et désillusions s'enchaînent, le monde de l'entreprise est une machine qui broie les plus faibles ; la boîte doit être compétitive - le collectif doit suivre, voire précéder, donc anticiper, changer de cap au gré du vent.

Inspiré de l'essai 'Travailler à en mourir' (Hubert Prolongeau et Paul Moreira), ce témoignage est d'autant plus intéressant qu'il montre subtilement que le suicide 'au travail' s'inscrit dans un noeud - de plus en plus serré - de difficultés imbriquées.
La personnalité de Carlos est déterminante, différente de celles de collègues moins sensibles, qui résistent mieux aux mêmes obstacles, déceptions, affronts. Sa vulnérabilité est liée à son parcours personnel, à ses ambitions, à sa rigueur et son sérieux de 'bon élève' qui l'empêchent de prendre du recul, de passer outre certains comportements hiérarchiques dictés par une logique globale, de lâcher prise une fois rentré chez lui.
Pour ne pas y laisser des plumes, il faut s'impliquer, mais pas trop, savoir dire non, comme lui conseillent des collègues qui le voient dégringoler :
« Je crois que tu aurais la vie plus cool si de temps en temps tu t'en foutais un peu. T'es pas responsable du monde entier. Il y a des décisions qui te dépassent. (...) Faut dire Amen pour ne pas se faire écraser, vieux. »
« Parce que tu crois encore à leur reconnaissance? Alors là, mon gars, tu te fourres le finger in the eye... bien profond. »

Facile à dire...

Le roman noir d'Elisa Vix, 'Elle le gibier', le montre très bien aussi.

En fait, en relisant le début de la BD avant de rapporter l'album à la bibli (j'ai hésité à faire un billet, même), je perçois le cynisme de certains cadres, comme le DRH, à l'issue de l'entretien de recrutement de Carlos :
« Je crois qu'on peut miser sur celui-là. Il vient de très bas et il a envie de bien faire pour montrer qu'il reste un bon élève. A mon avis, ce sera un bon cheval. »
Alors je pourrais tout aussi bien recommencer ce billet et exprimer un avis beaucoup plus sévère sur la hiérarchie, que j'ai souvent envie de dédouaner, car les encadrants aussi sont sous pression, entre le marteau et l'enclume...
Pas le courage, sujet trop douloureux.
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Voici une excellente bande dessinée, pas forcément très gaie mais de salubrité publique, qui renvoie aux suicides des salariés de Renault ou de France Télécom.

Cet album reprend des éléments du livre Travailler à en mourir : Quand le monde de l'entreprise mène au suicide de Paul Moreira et d'Hubert Prolongeau, ce dernier étant coscénariste de la BD.

Inspiré de faits réels, « le travail m'a tué » décrit avec minutie et finesse l'engrenage qui va conduire un cadre modèle au suicide et dresser un constat dur mais lucide de l'évolution du monde du travail. Cette douloureuse immersion dans ce que le management moderne a fait au monde de l'entreprise est assez terrifiante,

L'histoire raconte la destinée d'un jeune fils d'ouvriers immigrés espagnols, qui va rentrer dans la boite de ses rêves, grande pape de l'industrie automobole .

Trente ans plus tard, la boite de ses rêves l'a compressé, et usé jusqu'à la corde. Les méthodes de management sans logique les objectifs individuels toujours en hausse, mais aussi l'envie de toujours prouver de quoi il est capable, vont conduire Carlos à la plus dramatique des décisions ( c'est le tout début de l'album on spoile pas) , à savoir sauter dans le vide dans le lieu de travail et se tuer .Basée sur les faits réels qui se sont déroulés chez Renault, la BD illustre magnifiquement cette spirale infernale qui broie ceux qui sont victimes d'une entité qui n'éprouve aucune espèce de considération pour ceux qui la fait vivre, , qu'elle tort et retort sans se soucier des conséquences.

Ce récit dur prend une autre résonance à l'heure ou se déroule le procès pour harcèlement moral des anciens dirigeants de France Télécom. Il faut vraiment lire ce récit fascinant bien que très dur, dans lequel beaucoup de salariés pourront se retrouver.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le management, un joli mot pour enrober l'horreur et la bêtise, un truc inventé pour satisfaire les actionnaires et justifier les licenciements, un mot avec lequel on parvient à dégouter ceux qui aiment leur travail, qui recherchent la satisfaction du travail bien fait, un mot qui place des comptables froids et sans âme au dessus des créateurs (qu'il faut presser comme des citrons, qu'il faut mâter). Ce livre m'a révolté, même si j'étais d'avance acquis à la cause. C'est un livre nécessaire, un livre qui donne de quoi s'indigner. le dessin est simple, en bichromie, s'effaçant derrière le propos, mais l'histoire de cet ingénieur dans ce grand groupe automobile est racontée avec justesse, restant dans le sensible, l'intime. Il aimait son métier, il l'avait choisi, mais ce n'est évidemment pas le problème des actionnaires. Ce que cette bande dessinée démontre, c'est que les méthodes de management s'adaptent avant tout aux chiffres, au dépend de l'humain… C'est un récit romancé, mais inspiré de faits réels. La distance avec la réalité choisie par les auteurs ne marginalise pas cette histoire au contraire, elle la généralise, parce qu'il s'agit d'un système réel dans le monde de l'entreprise. le dossier explicatif à la fin de l'histoire la replace dans le contexte, le cas du personnage de l'histoire correspond à un personnage réel. C'est totalement accusateur. et justifié, car il y a eu de nombreux morts.
Des livres comme celui-ci ont le mérite d'exister.
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Des débuts merveilleux avec des étoiles dans les yeux et des paillettes au coeur jusqu'à la chute sur le carrelage de l'entreprise. Enfin, chute… Suicide, pour être précis.

L'histoire d'un employé au sein d'une grosse entreprise qui, au fil des restructurations, des plans, des changements managériaux et structurels, le presse, et le presse encore plus dans une vertigineuse perte de sens et d'injonctions délirantes.

Un album très bien monté qui démontre au fil des planches la progressive perte de contrôle de Carlos.

Une entreprise responsable ET coupable !
Lien : https://www.noid.ch/le-trava..
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"On en fera un bon cheval de course" ou comment presser un jeune ingénieur pour en tirer tout son jus. C'est pas Omar qui l'a tué mais Renault, tout le monde l'a compris. le pire, c'est que la victime de ce harcèlement au travail s'appelle Carlos. A l'heure où ce roman graphique était dessiné, je ne sais pas si Carlos GOSHN s'était fait arrêter, mais on comprend en lisant ces pages les terribles méthodes de ces dirigeants qui veulent avant tout favoriser les actionnaires ainsi que leur portefeuille.
On peut transposer cette entreprise à d'autres, comme La Poste, ou d'autres... Je comprends la volonté de cet homme de donner tout ce qu'il a, il aime son métier, ses supérieurs lui rappellent son âge, les objectifs toujours plus hauts, et lui il s'enferme.
J'aime ces ouvrages qui reviennent sur des faits de société injustes et les décortiquent. Ils sont plus faciles à lire qu'un livre et dans ce cas, je pense que beaucoup d'entre nous reconnaitront la pression du travail sur nos vies.
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★★★★☆ le travail m'a tué [#Futuropolis], Chronique d'un suicide annoncé

Inspiré d'une histoire vraie, l'album se base sur Travailler à en mourir, enquête édifiante et minutieuse de Paul Moreira et Hubert Prolongeau.

Le travail m'a tué montre comment un homme brillant, travaillant avec entrain et passion, vivant avec une femme aimante et père d'une adorable petite fille peu se retrouver broyé par des pratiques managériales inhumaines, sacrifié sur l'autel du profit et de la rentabilité…

Servi par le trait épuré et expressif de Grégory Mardon, ce récit de Hubert Prolongeau et d'Arnaud Delalande brosse un tableau peu reluisant du monde de l'entreprise et hantera durablement le lecteur… Il y a quelques années, le travail pouvait tuer… Depuis ? Rien n'a vraiment changé… Combien de drame semblable à celui-ci faudra-t-il pour que l'on replace l'humain au coeur des préoccupation des dirigeants ?



Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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terrible, cette BD, qui montre la descente aux enfers d'un cadre dans l'automobile. Créatif, passionné par ce domaine, il est embauché tout jeune, prêt à donner beaucoup de lui-même dans son équipe. Mais plusieurs restructurations, des exigences toujours plus grandes et intenable, le fractionnement du travail, l'invasion dans sa vie privée, l'informatisation sans réelle formation, les déplacements... vont avoir raison de lui, de sa motivation, et le conduire au suicide sur son lieu de travail. Nous suivons le personnage dans son entreprise et chez lui; nous comprenons ses réactions et les répercussions sur sa vie privée. Sa veuve intentera un procès contre l'entreprise qui fera jurisprudence. une sensibilisation aux méthodes de gestion humaine.. inhumaines
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Une passerelle dans les hauteurs d'un bâtiment en verre. Un homme s'assied sur la rambarde. Vraisemblablement épuisé, il chute.
Ce drame médiatise pour la première fois en France le phénomène, jusqu'à caché comme un secret honteux, du suicide au travail.
Basé sur la vague de suicides au sein du groupe Renault, cette bande dessinée relate l'histoire de Carlos Perez, un jeune ingénieur, issu d'un milieu modeste. Passionné par les voitures, motivé et soucieux de la qualité de son travail, il s'investit à fond dans tous les aspects de sa vie professionnelle. Quitte à multiplier les heures supplémentaires, quitte à partir à l'étranger pour de longues missions, quitte à négliger sa famille, quitte à oublier sa santé. Piégé dans un engrenage impitoyable, Carlos se trouve face à une issue forcément mortelle. Son cas fera lors jurisprudence grâce au combat de sa veuve.
Cette tragédie est illustrée par les dessins bichromes de Grégory Mardon. L'utilisation subtile de la couleur, l'accent porté sur les regards et les expressions des visages couplés à un découpage resserré introduisent une tension insoutenable qui donnent plus que force au sujet que mille discours. Cet album est autant une dénonciation d'un massacre social qu'une invitation à la vigilance des vivants.
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Un jeune homme d'origine modeste accède au saint graal : une école d'ingénieur prestigieuse et surtout un poste dans la boite de ses rêves. Très investi dans son job, trop investi pour une entreprise comme tant d'autres qui ne voient dans leurs employés que de simples pions sans âme et sans état d'âme. Investi jusqu'au drame.
D'autant plus glaçant et terrifiant que ce n'est pas une fiction.
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J'espère que les belligérants de cette sordide affaire ont eu cet album dans les mains.
Mais est-ce bien réellement eux les fautifs de cette vague de suicides ?
Ne serait-ce pas plutôt un système pervers que l'on appelle le libéralisme.
Le profit avant tout, les salariés étant corvéables à merci d'une organisation qui s'emballe et nous échappe complètement.
Un récit glaçant sur les pertes de repères et de sens du travail dans une grosse entreprise comme Renault.
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