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Confortablement installé sur mon canapé, pas de cuir noir mais d'un brun taupe, j'ouvre les premières pages de ce premier roman d'Eva Delambre. Et d'entrée de jeu, je me sens envahi par cet étrange sentiment qui m'est difficilement définissable mais qui interpelle sérieusement mon esprit, une sensation même de plénitude qui flotte dans la pièce : je regarde alors en bas de la page et vois le numéro 2 s'afficher en police Times New Roman 8. Une conclusion s'impose vite à moi : un livre qui dès la page 2 parle ouvertement d'une fellation, je crois que je vais adorer. Pas besoin de faire les présentations, du style 'Bonjour moi je m'appelle Tom et toi, c'est quoi ton p'tit nom, baby ?' Non, un droit au vif du sujet, un « suce-moi » direct, franc et jouissif. Oh oui Mmmm, je suis sûr que je vais franchement bien apprécier un tel bouquin. Deux collègues de travail, un homme, une femme. Puis une étincelle dans le regard, l'envie d'un petit jeu, voilà comment tout cela commence et bascule. Je regarde autour de moi, mes collègues de boulot : un chauve, un gros, un vieux, un barbu. Merde que des mecs. Putain, ce n'est pas à moi qu'une telle opportunité va s'offrir. Faut sérieusement que je pense à une reconversion professionnelle si je veux entretenir l'espoir d'une telle étincelle. Mais quel pied, j'ai pris à lire ce roman et à suivre non pas les jeux sexuels qui se durcissent de plus en plus et s'enfoncent dans la démesure, mais à poursuivre le cheminement psychologique des deux protagonistes. Parce qu'il s'agit avant tout de se mettre dans la tête de cette femme et de cet homme, qui pour pimenter leurs vies et surtout par amour, vont dériver d'une simple fellation sur un canapé vers un univers plus gothique et baroque de l'amour, celui des chaînes et des fouets, celui de la frustration et de la jouissance. Oui, j'ai joui en même temps que ces deux héros accompagnés de fidèles compagnons partageant la volupté de ces plaisirs extrêmes. Alors, je reconnais volontiers – et avec une certaine délectation pour les âmes que cela pourrait choquer – qu'il y aura toujours des détracteurs pour trouver que les dialogues ne sont guère développés, mais peu importe l'intellectualisation des mots ou la crudité des phrases, je te rappelle simplement que ta maman a du t'apprendre à ne pas parler la bouche pleine ! Parce qu'il est effectivement et souvent question de bouche… Mais pas que ça ! Soit rassuré, il y en a pour tous les goûts, tous les plaisirs, tous les trous… Mais ne t'y trompe pas non plus. Derrière ces artifices de cuir, de laisse et de collier, de séances d'humiliation et de violence, il y a une grande et belle histoire d'amour. Avec un grand A et un grand H, quand l'Humiliation se mêle à l'Hamour, à en devenir Humide, à être en Hérection continue sur 436 pages. Je pense qu'il y a toujours à apprendre d'une lecture, à découvrir, à imaginer. Avec « Devenir Sienne » et Eva Delambre, crois-moi, j'ai beaucoup appris. J'ai découvert un autre monde, une forme d'amour que je n'avais pas encore exploré. Même avec une imagination fertile, je n'étais pas parvenu à exploiter cette notion de plaisir mêlé à l'humiliation, cet abandon de soi. Abandon total de son corps pour un amour profond et sans concession. L'amour et cette étrange sensation où tout s'écroule autour de soi, où le silence demeure et les faits restent. L'acte de la perversion, de l'humiliation, de la frustration ; tous ces actes qui se réunissent dans une seule finalité, la jouissance et le bonheur d'aimer et d'être aimé. Ne te trompe pas, ce livre parle d'amour, même si les dérivés pour y arriver sont « spéciaux». Ce roman est beau, ce roman est intense, ce roman est jouissif. Je vous ai déjà dit que j'avais adoré ce roman ?!… « Devenir Sienne », appelle-moi désormais Maître. Lien : http://leranchsansnom.free.f.. + Lire la suite |