Frère Wulf, tome 2 : Le fléau du Tulpan

Je continue ma découverte de cette série spin-off de "l'épouvanteur".
On est toujours dans le même univers, ça me plait, mais il est quand même de plus en plus dark.
L'auteur nous fait découvrir un nouveau personnage qui se révèle porteur de nombreuses possibilités : Tilda. Et Wulf s'aperçoit qu'il a un pouvoir absolument génial, qu'il va devoir apprendre à maitriser.
Mais une petite chose m'a gênée pendant ma lecture : L'écriture. J'ai l'impression qu'elle va vers une simplification et c'est bien dommage.
Je lirai le 3e tome sans tarder même si je sais que ce ne sera pas une vraie conclusion à cette trilogie vu que l'auteur est malheureusement décédé.

De retour à Chippenden et ses environs, les comtés des paysans, des clans de sorcières, des épouvanteurs et des inquisiteurs à présent ( comme si les fantômes, les démons, les sorcières d'eau et la solitude ne suffisaient pas amplement au sort d'un épouvanteur).
L'auteur Joseph Delaney trouvera un nouveau souffle à la série en élargissant son univers d'une série dérivée, en permettant de renouveler les personnages tout en gardant la substance qui fait le sel de la série d'origine: l'émotion loin des familles et le frisson du métier.
L'auteur nous avait fait découvrir un nouveau jeune personnage, un ancien novice moine qui changera de voie en cours d'aventure. Frère Beowulf "Wulf" fut glissé près d'un épouvanteur pour en apprendre plus sur ses méthodes et les retourner contre lui, c'était un confident agent double qui mangera son pain noir auprès de l'épouvanteur Johnson, une brute épaisse efficace et impitoyable, spécialiste de la chasse aux sorcières, la vraie.
Nous reviendrons quelques mois plus tard, après l'installation De Wulf, nouvel apprenti de Johnson( il faudra lire le tome 1 pour connaitre les circonstances de ce retournement improbable).

Frère Wulf n'est pas comme Tom Ward, ce n'est pas un fermier. Nous aurions pu craindre et penser le personnage trop délicat pour l'affaire d'épouvanteur mais Wulf a les pouvoirs d'un septième fils d'un septième fils comme le veut la règle, il a ça en lui...sans être un septième fils d'un septième fils.
Delaney aime à cultiver les exceptions dans son éventail d'Épouvanteur puisque l'ancienne apprentie de Tom était la seule fille de leur métier.

Wulf est nettement plus réservé, accommodant, aussi calme, humble que Johnson peut être tempêteux, rustre et orgueilleux. Très pieux aussi, s'en remettant aux saints en cas de crise et étrangement se trouvant à chaque fois entendu.
Qui est frère Wulf?
Johnson l'engagera d'avantage comme le secrétaire de ses formidables futures mémoires et exploits plutôt que pour reprendre sa suite. Tom Ward craindra pour son entrainement car les créatures de l'obscur ne font pas de quartier ( et Tom a déja perdu une apprentie, Jenny. C'est peut-être un peu pour cela que Wulf aura choisi Johnson plutôt que Tom en tant que maître (ou bien parce que Tom aura affronté le Diable lui-même et eu une enfant avec sorcière). Cela fera beaucoup de règles monastiques à remettre en question.
Le vieux Gregory avait fait la leçon à Tom à ses débuts sur ses relations avec l'obscur à l'occasion mais Tom aura suivi son intuition et fait confiance à la demi-mesure ( sa mère étant aussi une Lamia).
Tom, Wulf, Jenny, ses personnages seront un peu hybride de quelque chose, déja en marge même de la protection magique avant d'être épouvanteur.
Wulf pensera t-il comme les autres que Ward est un aimant maudit qui attirera le malheur sur sa maison?

Quid de la nouvelle aventure?
"Le fléau de Tulpan".
Le titre aura un fort rapport avec la nature cachée De Wulf. Avec des circonstances à découvrir viendra à notre connaissance le terme "Tulpa". Quelqu'un finira par révéler à Wulf son statut de Tulpamancien...
Nous aurons chercher sur la toile, évidemment, les mythes sont si étendus:
"Un Tulpa (en tibétain སྤྲུལ་པ, en sanskrit निर्मित, en hindi निर्माण) est selon le Bouddhisme tibétain une entité spirituelle créée par la force de la volonté de son invocateur et forcée à se manifester dans le monde physique..."
En d'autres termes, un tulpamancien est un créateur, il peut donc donner vie aux créations de son imagination, son don est un prolongement de sa pensée, plus visible que l'emploi télékinésique, répondrions nous aux amateurs de SF.
Cette information, non des moindres, ouvrira le récit vers de nouvelles ouvertures magiques, de nouvelles pratiques autant que de nouvelles créatures, comme cela avait été le cas pour le peuple guerrier des Kobalos à tête de loup qui réduisait les femmes humaines en esclavage pour la procréation ( voir t 14, Thomas Ward épouvanteur). Les épouvanteurs sont équipés d'un carnet-bestiaire et le récit nous donnera l'impression comme eux d'être toujours à la découverte et l'étude du monde (ainsi même furent bâties les encyclopédies, suivant une accumulation et une transmission des connaissances acquises et vérifiées. Ce savoir qui passera de génération en génération et qui sauvera les vies des futurs épouvanteurs. L'ignorance en aura tué quelques un, c'est certain.
Il y a une part de travail historique finalement dans le métier d'épouvanteur).

Wulf nous plaira dans sa sincérité, contraint d'adopter un autre raisonnement sur l'au-delà et ce qui est bien ou mal.
Nous pourrons en dire plus sans en dévoiler de trop.
Alice, Tom, nous serons aussi ravis de les retrouver.
On aime toujours et encore lire du Delaney

En ramenant le premier tome à la bibliothèque pour reprendre directement le second, j'ai eu droit à un choc de ma bibliothécaire:

"- Vous avez vu qu'il est mort ?
- Qui, l'Epouvanteur ? Pourquoi vous spoilez l'histoire ?
- Non, l'auteur, Joseph Delaney, jamais il ne finira cette saga.
- ... "


A Joseph Delaney, qui m'a offert des premiers moments de lecture, de grand frisson et d'histoires qui font (un peu) peur, je lève mon verre et je remercie chaleureusement tout son travail.
J'ai encore récemment eu un message de mon frère qui m'évoquait son désir de recommencer la série en mémoire des "supers années où on se partageait les livres de l'Epouvanteur".

C'est toujours une déception et une tristesse profonde de découvrir qu'un auteur dont on aime le travail n'ira jamais au bout de sa saga. Ça m'avait déjà fait cette impression pour Kathleen Duey, de qui j'attendais avec grande impatience le dénouement de sa série le Prix de la Magie.

Sans aucun doute, je lirai avec grande avidité le tome 3 de la saga de Frère Wulf dès qu'elle aura été traduite, et finirai ma lecture avec cette nostalgie des lectures passées et cette tristesse que cette saga se termine ainsi.

Ma seule consolation est de me dire que la sorcière qui a récupéré les os de pouce de Joseph Delaney pour en faire un pendentif doit aujourd'hui être une entité particulièrement puissante.

Cette fois-ci, Joseph Delaney met le focus sur les nouvelles recrues de son univers : Wulf et la fille d'Alice et Tom. On découvre notamment les capacités extraordinaires de l'ex novice religieux qui ne s'attendait pas à vivre des aventures pareilles.

J'ai bien aimé l'originalité qu'a su insuffler l'auteur dans cette nouvelle série avec des anciens héros qu'il faut sauver, des nouvelles capacités magiques intrigantes, une palette de nuances de la perception du bien et du mal, etc.
Néanmoins, j'ai un peu moins accroché à ce deuxième tome car Delaney use de vieilles ficelles déjà utilisées et il y a parfois quelques facilités de scénario.

Ça reste tout de même une bonne série fantasy horrifique à partir de 11/12 ans, selon la sensibilité de chacun.e.

Le Fléau du Tulpan est le second tome de la saga spin off de l'Épouvanteur, Frère Wulf (au moins un 3ème tome est à venir).
Vu où nous en sommes dans l'histoire, je vais rester volontairement floue sur les enjeux de ce tome. Mais sachez que Wulf poursuit son apprentissage et va devoir faire face à un nouvel ennemi. Nous retrouvons toujours en arrière-plan l'histoire de Tom et Alice et nous en apprenons plus sur la nature De Wulf.

Comme toujours avec Joseph Delaney, son bestiaire continue à s'enrichir et c'est vraiment l'une des grandes forces de cette saga. Alors que l'on pensait en avoir fait le tour, il parvient encore à nous émerveiller.

L'auteur a fait des choix dans ce tome qui m'ont sacrément surprise. Peut-être qu'ils ne seront pas au goût de tout le monde mais pour moi, ce sont des choix nécessaires pour renouveler la série qui en est déjà à son 18ème tome (sans compter les hors-série…). Ces choix m'ont émue et c'est ce que j'attends de l'auteur au bout de tant de temps.

On retrouve les éléments de prédilection de l'auteur, à savoir un jeune garçon qui doit parfois agir à l'encontre de ce que lui conseille les adultes, faire preuve d'audace et surtout mettre en perspective tout ce qu'il pensait savoir sur la limite entre le bien et le mal.

J'aime toujours autant être dans cet univers, avec ces personnages que j'ai appris à aimer depuis des années et il me tarde désormais d'avoir la suite entre les mains.