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Critique de afriqueah


Dans un grand couloir du Musée des Beaux Arts de Séville, s'alignent des tableaux colorés de saintes peintes par Zurbaran. Vert émeraude, « rose opalescent, étole entre menthe et réséda, » bleu céleste, rouge cerise, pierres précieuses, galon d'or, sacs brodés, ceintures recherchées, capes en soie…..toutes colorées, alors que, le souligne Florence Delay dans « Haute couture », les moines sont toujours vêtus de blanc chez Zurbaran.

Les saintes sont calmes, plaisantes, tranquilles, alors qu'elles viennent toutes de subir les tortures les plus abominables. Si l'on s'approche, ou si on lit cet excellent livre, on s'aperçoit que Catherine d'Alexandrie porte une roue dentée et une épée démesurée, Sainte Marine* un bâton avec crochet qui lui a déchiré les chairs et derrière Sainte Marguerite d'Antioche se cache un diable : elles portent les instruments de leur supplice comme si l'après supplice, le retour vers Dieu débouchait sur une immense paix.
« l'équilibre du tableau tient… au déséquilibre entre douleur et douceur, oubli et promesse. La tenaille, détail oublié de la cruauté terrestre, la palme, sortie du jour céleste. Jamais congé à la terre ne m'a paru aussi radical, jamais arrivée au ciel plus désirable. »
Et oui, Agathe de Catane , tranquillement, semble apporter une corbeille de fruits… ce sont ses deux seins, coupés, mais je vous rassure, ils repousseront grâce au ciel.
Certaines saintes dont les actions bénéfiques (donner du pain ou de l'argent aux pauvres, malgré l'ordre contraire,) lorsqu'elles sont prises sur le fait, affirment avoir des roses , même en février, elles nous présentent ces roses grâce à Zurbaran.( mon commentaire : les roses nourrissent moins que le pain, mais, bon).
Les romains ne pouvaient tuer une vierge, alors ils essayaient de trainer ces rétives à toute raison, et qui préféraient le Christ, au bordel, tout simplement.
Vous vous en doutez, cela ne marche pas, Sainte Inès est recouverte d'une chevelure si épaisse que d' autres supplices sont essayés ,en vain eux aussi.


Toutes ces saintes, vierges pour la plupart, sont convoitées par un homme puissant, mais ne cèdent pas, car le Christ les possède et leur fait convoiter un monde merveilleux. Elles résistent, toutes, sont torturées, résistent encore, même les lions et les diables se rangent à leur côté.

Et Zurbaran les fait revivre des siècles après.


Moins connu à son époque que Vélasquez, avec qui il est ami, Zurbaran est le fils d'un drapier, d'où ces splendeurs de tissus , brocarts et soie que Florence Delay nous détaille et rapproche de Balenciaga. D'où le titre.


Au XVII siècle, cette apologie de la foi n'est sans doute plus tellement prisée et les tableaux avaient pour principal débouché le nouveau monde, des bateaux partaient avec savon, huile et peintures et l'oeuvre de Zurbaran, multiple, a été dispersée.

Sans doute n'a t'il jamais été payé, puisqu'il meurt pauvre.

Puis le sinistre Soult, au temps de l'invasion de Napoléon, a bien vu les richesses picturales espagnoles et volé, tout simplement, les Murillo, Zurbaran, Greco et Goya et autres géniales peintures. Elles ont été exposées puis revendues à l'Espagne.

Aussi avons nous le Musée des Beaux arts de Séville et le livre Haute couture pour nous guider.


* Sainte Marine, pour rester ave son père dans un couvent se fait passer pour un garçon… accusée de viol, il reconnaît, vit avec l'enfant, et on ne s'aperçoit que c'est une femme qu'après sa mort.

A lire, a lire, à lire.

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