Lui tissait avec des pinceaux. "devant les créations de l'un et de l'autre ont se dit que l'étoffe elle même a eu l'idée de la forme et, réciproquement, que la forme a choisi l'étoffe", écrit
Florence Delay page 103. Elle parlait de Zurbaran, comme elle aurait écrit dans les drapés de Balenciaga.
Deux géants sont réunis par les mots de
Florence Delay pour un surprenant hommage à la
Haute Couture, l'un né en 1598, l'autre Balenciaga est né en 1895 à Getaria. Zurbaran par la magie de son inspiration et de son art, a dessiné des toiles, qui clandestinement s'invitent aux défilés du grand couturier, comme les dessins préparatoires aux collections récentes.
Ma découverte de Zurbaran date de l'exposition qui lui fut consacrée au Grand Palais en 1988. ce fut un choc émotionnel, son art de la nature morte est devenu pour moi la référence, l'Everest, l'ultime beauté de ce que les Anglais nomment "Still Alive", toujours vivant.
L'autre indicible grâce de Zurbaran se cache dans ses drapés, capables d'exprimer le chagrin, la douleur ou l'allégresse, suggérées d'une simple touche, presque banale, couchée entre les ombres et l'éclatant.
Ma seconde rencontre avec Zurbaran eu lieu en 2006 à Fuente de Cantos, ce petit bourg d'Extamadure où il est né. Figurent dans cette très modeste demeure que l'on peut visiter, posés sur une table ses éternels citrons.
Florence Delay comblent un vide, comme un pont, nous franchissons l'univers de Zurbaran pour nous projeter vers Balenciaga, le miracle de le
Haute Couture. Ce jeune créateur, est devenu une icône pour les autres maisons. Christian Dior affirmait, page 100 : "La
haute couture est un grand orchestre que seul Balenciaga sait diriger, tous les autres créateurs que nous sommes, suivons simplement ses indications."
En réalisant l'hommage à Balencilaga, c'est la magie de la création et sans doute l'énigme Zurbaran qui gifle nos sens et nos pauvres écrits pour rendre compte de la magnificence de ses robes, toutes portées par des saintes qui ne les auront embellies que pour aller au ciel.
L'idée d'éphémères splendeurs est la géniale révérence finale du peintre totalement transfiguré par la foi.
Comme St François, page 97: "vierges ou mariées, elles ont couru jeunes, ardentes, comme insouciantes de la mort physique,vers l'autre vie à laquelle elles croyaient et à laquelle croyait leur peintre. "
Les « jeunes saintes » apparaissent à nos yeux sous d'audacieuses robes rehaussées de capes, de pourpoints, de basquines, de brocarts, ou d'une simple chemisette brodées, les plus belles sont les plus discrètes, les associations de pastels les plus subtiles, roses, menthes, raisins, comme si la richesse devait se faire douce pour la beauté singulière d'Apolline.
Ayant la sûreté des choses délicates:
La soie et le gazar, le taffetas, l'escot
Qui chantent les transports de la chair et du mot.
Ce génie subtil et longtemps oublié, offre une exceptionnelle entrée dans le domaine du beau, le récit de
Florence Delay révèle la profonde symbiose des modèles, avec leur propre parure éphémère, une transfiguration de leur vie déclinée au plus éternel de la féminité.
Celui qui a du affronter la perte de ses enfants, de ses deux épouses, nous laisse pantois devant le pauvre inventaire, reçu par sa veuve, de ce génie sans chevalerie ni orgueil.
L' essentiel est encore à accomplir, revoir ces deux géants, et avoir avec soi ce livret Zurbaran, partir en pèlerinage, aux sources de ses compositions, et tomber sous le charme amoureux de ces beautés célestes, Marguerite, Agathe, Lucie , juste et Rufine...
à la recherche du mystère Balenciaga."