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EAN : 9782743654962
240 pages
Payot et Rivages (12/01/2022)
2.5/5   4 notes
Résumé :
Je regarde mes enfants. Ils ont quatre ans, ils ont cinq ans, ils ont six ans. Je regarde leur enfance : ce n’est pas la mienne que je cherche à retrouver et je ne cherche pas à me réenchanter à leur contact. Je voudrais comprendre ce qu’ils vivent : c’est de leur enfance, telle qu’elle se développe sous mes yeux, que je parle, même s’il m’arrive inévitablement d’utiliser ces beaux instruments d’optique que sont la mémoire et la nostalgie.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Que peut bien faire un philosophe lorsqu'il devient père ?
Eh bien… philosopher, ce qui veut dire consigner les réflexions sur la vie et le monde que lui inspirent la naissance et la croissance de ses jumeaux.
S'il est vrai que « la philosophie n'a généralement pas grand-chose à dire des nourrissons » (p.15), Vincent Delecroix se refuse à explorer ce territoire sur le mode du « lyrisme kitsch ».
Dès ses premières pages, il parle de cette « radicale impuissance » qui saisit tout nouveau parent et le laisse littéralement « démuni ».
Ce sentiment de désarroi peut provenir de l'impression qu'à la naissance de ses enfants, sa propre enfance se termine.
Or, pour Vincent Delecroix l'enfance ne se termine jamais. Il ne s'agit pas ici d'infantilisme (« ce faux ami de l'enfance »), ni non plus de l'idée que dans l'enfance sont les clés de nos traumatismes ou difficultés.
Non, pour lui les âges ne se succèdent pas. Ils s'accumulent.
Ils forment une stratification, comme des couches archéologiques.
Delecroix rejette toute perspective évolutionniste qui veut que l'enfant soit une ébauche de l'adulte, une étape. Et que l'éducation fera sortir « l'homme de l'enfance ».
L'âge adulte n'abolit pas l'enfance qui est interminable.
En nous, tous les âges coexistent. Comme un « tissage permanent ».
Ce constat sous-entend que la naissance est « un processus continu », et non un « événement ». Qu'on peut être « neuf » chaque jour.
Delecroix offre aussi cette idée stimulante que l'on communique avec ses petits non pas en se souvenant de sa propre enfance, mais en vivant celle qui reste en nous, dans une zone où
tout est enlacé.
« Ma fille s'endort enfin, mais je ne sais plus si c'est elle qui est dans mes bras ou si c'est moi qui suis dans les siens. »

Ailleurs, l'observation de ses enfants qui érigent des tours en Kapla, des petites planchettes de bois, amène Vincent Delecroix à philosopher sur l'« homo faber » qui construit gratuitement, sans finalité, dans une inutilité proche de l'« oeuvre d'art ».

Sont aussi passés en revue, et remis en perspective : l'acquisition du langage ; l'idée fausse que l'enfance est un « monde enchanté (il faut préférer le « désenchantement ») ; les dessins d'enfant (« ils ne savent pas ce qu'ils font ») ; les photographies ; la Petite Souris ; les Playmobil, etc.

Heureusement, dans le dernier chapitre, le philosophe s'interrompt pour dire qu'un « livre est une chose dérisoire au regard de la vie vivante » et qu'il est temps « d'aller jouer aux Lego ».

Vincent Delecroix a écrit une sorte d'album, dont on tournerait les pages. Sa pensée est souvent complexe, mais extrêmement stimulante et originale.



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Je n'ai pas aimé ce livre. Vraiment pas. Je pensais lire l'enfance de deux enfants à travers les yeux de leur père et cela n'a pas été le cas. du tout. Enfin pas de la façon dont je l'imaginais.
C'est un livre ou l'enfance des deux enfants de l'auteur est décortiquée de façon "lointaine", sans aucune émotion, sans aucun sentiment.
Tout geste, toute réaction, tout jeu est analysé tout au long du livre si bien qu'on ne sait finalement rien de l'enfance de ces enfants. Ils sont analysés c'est tout.
Certaines phrases, certains morceaux de phrases m'ont fait sourire mais sans plus.
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Je tiens déjà à remercier masse critique et au édition Bibliothèque Rivages pour l'envoie du livre. Je n'ai pas accroché du tout. Je lis rarement des livres philosophique. le sujet l'avait attiré et principalement la couverture. Les mots choisi ne m'ont pas inspiré. En revanche le sujet est intéressant. Encore merci pour cette découverte malgré tout. Cela m'aura permis d'essayer un nouveau genre. J'attend d'autre avis avec impatience.
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critiques presse (3)
LeMonde
01 mars 2022
L’enfance est une création permanente, explique à sa manière sensible le philosophe dans son nouvel essai.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
18 février 2022
Dans Leur enfance, Vincent Delecroix observe ses jumeaux grandir. Au lieu de produire une théorie de l’enfance, il s’agit pour le philosophe et romancier de penser à partir de l’enfance. C’est un ouvrage fascinant, de haute tenue, où la réflexion n’empêche pas l’émotion, notamment avec le quotidien de ses enfants.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaCroix
24 janvier 2022
Vincent Delecroix a la conviction que ce n’est pas en arrière que l’enfance nous porte : c’est dans le présent qu’elle nous place et nous tient. Dans ces éclats d’enfance, il réussit à refléter la lumière de cet âge, tout en faisant briller la très belle force d’un lien.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
L’enfance est le mot pour désigner l’incapacité première au langage naturel ou animal (système de signes) qui gît comme sa condition transcendantale, donc toujours actuelle, dans la parole proprement humaine. Elle est le silence – in-fans, non-parlant – non pas d’où émerge la parole, mais qui seul rend possible l’aptitude à la parole, c’est-à-dire la différenciation entre le langage (comme système sémiotique partagé avec les animaux) et la parole (système sémantique), et c’est pourquoi elle désigne une « position intermédiaire entre langue pure et langage humain, entre sémiotique et sémantique3 » : « L’enfance est précisément la machine […] qui transforme la pure langue d’avant Babel en discours humain4. » Il n’y a pas d’enfance dans le langage animal, simplement l’acquisition programmée, et la plupart du temps instantanée, d’un système de signes. À l’inverse et contrairement aux définitions traditionnelles héritées d’Aristote, « l’homme n’est pas de ce point de vue “l’animal doté de langage”, mais plutôt l’animal qui en est privé et qui doit par conséquent le recevoir de l’extérieur».C’est ce qui fait que l’enfance ne passe pas, bien qu’elle soit toujours déjà dépassée dans la parole.
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Le meilleur étant atteint, il ne peut que s’en désintéresser. Et si un jour il devait décider de détruire tout cela, ce ne sera pas pour recommencer – ce qu’il ferait serait soit moins bien, soit, au mieux, exactement le même –, mais pour ranger les planchettes dans leur boîte et ne plus jamais y toucher.Mais moins encore que cela, qui demeure une manière de penser cette activité rudimentaire et pauvre – empiler, avec une préoccupation minimale pour l’équilibre et la solidité, des planchettes jusqu’à ce que ça tombe – comme une activité de construction. Pour penser la révolution moderne, Hannah Arendt avait opéré une distinction devenue célèbre et sans doute féconde, au sein de la vita activa, entre le travail et l’œuvre, en conséquence entre l’animal laborans et l’homo faber. L’activité du travail, inscrite dans la nécessité de la conservation et de la reproduction de la vie naturelle, ne laisse rien derrière elle, insiste Arendt, elle est consommation d’énergie et elle est absorbée dans un cycle naturel ou quasi naturel, tandis que l’œuvre au contraire a pour caractéristique essentielle la durabilité.
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Que l’enfance soit mouvement et cheminement, c’est simplement une évidence. Qu’elle doive se comprendre exclusivement en fonction d’un but ou du parachèvement de « l’homme fait », c’est ce qui, de manière irrémédiable, en fausse la perception. Mais indépendamment de la contrainte qu’exerce cette téléologie supposée, on admettra la difficulté, à chaque fois, de se remettre dans le sens du courant de la vie pour penser comme ils pensent, sentir comme ils sentent. Il est presque impossible de ne pas anticiper et de lire leur vie actuelle indépendamment d’une perspective linéaire et évolutive : nous savons ce qui doit se passer, les situations sont des seuils et des étapes, on n’y voit aucun absolu. On oublie aussitôt qu’ils ne sont pas dans ce temps-là et que pour eux l’enfance n’est pas un processus mais un état ou plutôt une succession discontinue d’états vibrants : à chaque moment, ils sont dans le perpétuel, lequel n’est pas sans mouvement mais au contraire traversé de lignes prodigieuses de devenirs dont la caractéristique propre est qu’elles ne sont orientées par aucune finalité.
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La transgression de toute mesure imposée par les lois de la solidité et de la stabilité, de la conservation, et c’est pourquoi ils ne s’arrêteront pas tant que l’édifice ne se sera pas écroulé. L’hybris s’y exprime de manière si radicale que l’on peut penser que la déception ou l’exaspération consécutives à la ruine inévitable relève moins du chagrin de voir anéantie une si belle œuvre que d’avoir dû s’arrêter par la force des choses – l’impitoyable arrêt de la mesure – et de constater l’impossibilité d’actualiser l’idée d’infini (ou du moins d’indéfini). Ce n’est pas n’importe quel plaisir esthétique qu’ils auront goûté jusqu’à l’écroulement fatal : c’est le sublime.Mais simultanément cette démesure n’est jamais inconsciente : ils savent inéluctable l’écroulement et chaque planchette supplémentaire est un gain extraordinaire arraché à la finitude. L’écroulement n’est pas une surprise, son anticipation fournit même la condition de l’activité. Indissociable de l’infini qu’ils tâchent de mettre en œuvre, la certitude de la destruction polarise et dynamise cette mise en œuvre.
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Ainsi le terme d’« enfant » lui-même, que certes il leur arrive d’utiliser pour se désigner eux-mêmes, et surtout la notion assez vague et fluctuante que recouvre ce terme pour eux, leur viennent d’ailleurs, c’est-à-dire de l’extérieur, du règne de l’objectivité, quelque chose comme une catégorie d’état civil et le plus souvent, surtout, négative : la délimitation imposée par les interdits et, au mieux, par leur propre impuissance, la limite de leur pouvoir. Est enfant celui qui ne peut pas faire certaines choses, qui n’en a pas les moyens ou qui n’en a pas le droit.La définition nous paraît pauvre, mais en avons-nous une autre, nous autres adultes ? Du moins tant que nous chercherons à comprendre l’enfance à partir de bornes, en cherchant à la délimiter – un territoire, un âge –, il semble que nous ne disposions que de deux instruments assez rudimentaires, qui constituent les structures primitives d’une vision juridique : ce que l’on peut faire, ce que l’on a droit de faire.
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Videos de Vincent Delecroix (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Delecroix
CONVERSATION Présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Vincent Delecroix, philosophe Camille Riquier, philosophe Corine Pelluchon, philosophe
Ce n'est jamais l'espoir qui fait vivre: ce sont les aléas de la vie qui donnent à l'espoir ses ailes ou, au contraire, les lui coupent. On le sait bien d'ailleurs: l'espoir, on le «nourrit», on le «caresse», on le «fait naître», on le «soulève», on le «suscite» - comme si, en lui-même, il n'était qu'immobile attente, tantôt confiante, tantôt naïve, de l'avènement d'un Bien, d'un événement favorable, gratifiant, bénéfique. D'ailleurs, une langue telle que l'espagnol, n'a qu'un seul verbe pour dire attendre et espérer. Aussi une vie qui ne se s'alimenterait que d'espoirs serait-elle aussi anémique qu'un amour qui ne vivrait que d'eau fraîche - car bien tenue est la limite qui les sépare des illusions, des douces tromperies (ameni inganni) dont parlait Leopardi. Certes, dans l'Ancien Testament, Dieu lui-même est nommé Espoir ou Confiance, les Pères de l'Eglise en ont fait une vertu théologale, et du «principe espérance» de Ernst Bloch la philosophie contemporaine s'est nourrie. Mais lorsqu'on dit que l'espoir fait vivre - ou que l'espoir est toujours le dernier à mourir - il faudrait entendre que pour faire vivre l'espoir, il faut d'abord commencer soi-même, autrement dit «faire le premier pas» de l'action, le mettre en mouvement en faisant «un pas en avant», en s'engageant, en allant si l'on veut vers Dieu, par la foi, en allant vers l'autre, par l'amour et l'amitié, en allant vers autrui, par la bienveillance, l'hospitalité, la solidarité.
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