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Critique de Seraphita


« Dickens, barbe à papa et autres nourritures délectables » présente une série de textes très courts (2-3 pages) qui exposent chacun un petit rien, nourriture ou bien littérature, les deux se conjuguant à merveille. Philippe Delerm nous entraîne dans cette nouvelle ronde de petits riens vers des nourritures délectables, matérielles – nourriture (« purée vivante », « un luxe suisse » avec le chocolat Milka, « la barbe à papa »), boisson (« vin chaud »), ou bien spirituelles. Il nous invite à la (re)découverte de grands auteurs de la littérature et disserte sur la lecture et l'écriture dans ses rapports à la nourriture : c'est ainsi qu'il rend hommage à Sempé, Hergé ou Dickens ou bien évoque « la lecture et l'anorexie » puis « l'écriture et l'anorexie ».

Après « La première gorgée de bière » et « La sieste assassinée », l'auteur creuse un sillon. La recette est délectable mais a un goût de déjà-vu. Si j'ai pleinement adhéré à la lecture de certains petits riens (tel « vin chaud »), d'autres m'ont un peu moins captivée : les références culturelles de l'auteur ne m'étaient pas toujours familières, aussi je partageais moins l'implicite des textes, le ton de douce connivence qui pouvait en ressortir.

Un mot sur mon petit rien préféré : « Vin chaud » : cette boisson emporte toujours l'adhésion des invités, au contraire de la tisane ou de la petite mirabelle. Si l'on veut en donner une définition, on aura plaisir à dire : « c'est du vin avec de la cannelle, du citron. On le fait flamber quand il est sur le point de bouillir. L'alcool s'évapore » (p. 101). Comment justifier un tel engouement ? Delerm donne quelques pistes, usant avec brio de son écriture précise, sobre et ciselée : « une concentration de convivialité virtuelle plane sur ces deux mots réunis. Sonorités. L'énergie vitale, astringente et nasale de vin s'épanouit dans le chuintement rond, rouge-orange de chaud » (p. 102). Au final, une belle réflexion sur les rapports entre l'appétence physiologique pour une boisson et l'appétence psychologique pour les mots, entre la matérialité du breuvage et la spiritualité de l'écriture : « Vin chaud : c'est presque aussi bon que les mots » (p. 102).

Des petits riens à savourer, même si Delerm n'innove en rien par rapport à d'autres recueils, avec une certaine inégalité entre les différents textes présentés.
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