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EAN : 9782070421824
160 pages
Gallimard (06/03/2003)
3.24/5   64 notes
Résumé :
« Un jour tu t'es laissée glisser vers un ailleurs qui te guettait de sa force tranquille et blanche... Pour une raison inexpliquée la 2 CV... a quitté... et percuté... est décédée dans la soirée... Je n'ai pas lu dans un journal ces mots qui ont dû y figurer, qui sont si secs et rassurants pour parler d'une mort bien propre à effacer.
Tu ne liras jamais ces pages que j'écris dans une école sage au vent mouillé d'automne. »
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Monsieur Chatel, instituteur, perd dans un tragique accident de la route sa bien-aimée. Tel un journal intime, il lui écrit et lui raconte ses journées, ses élèves, sa vie sans elle, le creux de son absence, ses peines et ses douleurs. Il se livre à elle comme si elle était encore là, il écrit certaines choses qu'elle aurait pu faire et s'invente même ses souvenirs. Et il a encore le courage de continuer à écrire, continuer à la faire vivre à travers ses écrits...

Philippe Delerm décrit ici le chagrin, la tourmente, les souvenirs, la douleur et surtout l'amour de cet homme pour sa femme. Elle, que l'on ne nomme qu'à travers ses héroïnes des contes qu'elle écrivait, prend une dimension intemporelle, presque irréelle. Lui, cet instituteur de campagne, lui redonne vie. Derrière une écriture tellement poétique, touchante, sans être larmoyante, légère ou parfois plus grave, l'auteur a vraiment réussi à donner un sens à cet amour.
Bien plus qu'un roman, c'est une véritable déclaration d'amour...

La cinquième saison... intemporelle...
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Bien plus qu'un roman, cet ouvrage pourrait être qualifié de journal intime ou plus exactement d'une longue lettre que le narrateur écrit à son amour perdu. En effet, celle qu'il a aimé et qui n'est jamais précisément nommé dans le livre est morte mais l'auteur ne peut faire totalement son deuil. Il continue à lui écrire, ravive des souvenirs qu'ils ont partagé ensemble (ou non) simplement pour continuer à la faire vivre dans sa mémoire, et par là, la faire continuer à exister. Lui, un petit instituteur à Saint-Lauren-des-bois, un petit village sur la Risle et elle, une ancienne illustratrice et auteure de contes pour enfants. Aussi, dans ce livre, est-elle plus connue par les noms de ses héroïnes tels ceux de Cécile et de Clémence qui reviennent régulièrement.

Un ouvrage sur la vie qui, bien que l'on ait perdu l'être qui comptait le plus pour nous, doit continuer et dans laquelle on doit s'impliquer si l'on ne veut pas passer à côté.
Un très bel ouvrage basé sur la base des regrets mais à la fois rempli d'espoirs et qui nous fait méditer, nous, lecteurs, sur la fragilité de la vie. A découvrir !
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N°954– Août 2015

LA CINQUIEME SAISONPhilippe Delerm – Gallimard.

On a tous dans le coeur un tableau noir et sa poussière de craie, la portée bleue d'un cahier d'écolier avec des mots écrits à l'encre violette dans le crissement d'une plume d'acier, pleins et déliés, le doux ronronnement des tables de multiplications, le lourd silence des dictées, les blouses grises et les punitions, la cour de récré poudreuse et les derniers jours d'école dans la touffeur naissante de l'été, les jeux de billes, de marelle ou de corde à sauter. Tout le parfum de l'enfance ! Plus tard ce seront des nattes et des taches de rousseur, les regards maladroits et les paroles timides, les garçons hâbleurs qui voudront se faire remarquer des filles qui les ignoreront du haut de leur beauté naissante. Leur indifférence et leurs yeux annonceront déjà les femmes qu'elles seront bientôt. Ce sera le temps des amours inventées, des menthes à l'eau, des illusions qui ne manqueront pas d'éclater, avec cette volonté de grandir vite et cette fascination de l'avenir mais aussi ce désir un peu fou de demeurer encore un peu dans le giron tiède de l'enfance.

M. Chatel est un instituteur, un Maître d'école comme on disait avant, soucieux de l'avenir de ses élèves à qui il transmet son savoir. Ils le respectent pour cela, parce qu'il leur apprend le calcul et la grammaire, même si ce n'est pas passionnant et qu'ils n'aiment pas vraiment cela. Ce n'est pas tout à fait un copain, pourtant il joue à l'occasion avec eux au foot sur la place du village, organise la kermesse de fin d'année scolaire. On l'appel « M'sieur » entre crainte et une complicité feinte. C'est un petit village où on a déjà abandonné la gare, sans doute non rentable, avec sa dernière épicerie qui fermera à la mort de sa propriétaire, son café à la lisière de la faillite, l'école elle-même disparaîtra bientôt, faute d'élèves. Ils partiront vers d'autres horizons ou au collège et ne seront pas remplacés parce que les temps changent et qu'on n'y peut rien.

Il se souvient de cette tranche de vie où il aimait cette jeune fille trop tôt disparue dans un accident. D'elle il n'a plus que des souvenirs, les albums pour enfants qu'elle a crées, ses aquarelles aux couleurs chaudes. Ils avaient tout pour vivre ensemble une vie heureuse et longue mais le destin en a décidé autrement. Parce que c'est un baume, il choisit de de lui écrire avec des mots d'encre bleue, de crier dans l'écriture tout cet amour perdu, tout ce gâchis, tout ce deuil impossible à faire. Ces mots, elle ne les lira jamais mais ils lui viennent à travers ses souvenirs qui renaissent dans la couleur d'une robe, la langueur d'une soirée d'été, une chanson de Duteuil ou de Souchon, une photo de David Hamilton... Il la fait revivre dans sa mémoire, habille ces années heureuses de phrases, entre leur enfance différente, leur rencontre, leur vie amoureuse, leurs vacances au soleil de Provence, leurs projets… Même si écrire est une forme de folie, entre vertige et exorcisme, c'est une sorte de longue lettre, tissée à petites touches intensément poétiques, un journal confié aux feuillets blancs d'un cahier où le deuil est présent à chaque page sans pour autant être exagérément larmoyant, mais à certains moments du roman j'ai pourtant eu l'impression d'un veuf qui parlerait à une tombe.

Bien sûr la vie continue mais l'absence reste et lui s'accroche aux mots qu'il investit de son chagrin. Ce sera une nouvelle rentrée avec ces feuilles qui tombent déjà et les matinées qui rafraîchissent, les encriers en porcelaine qu'on remplit d'encre mais cette femmes diaphane disparue sur une route rappelle que nous ne sommes que les pauvres usufruitiers de notre vie, même si nous choisissons de ne pas y penser, de vivre comme si nous étions immortels.

Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Un journal intime écrit après le décès d'une femme aimée. Beaucoup de pudeur,tendresse ,passė ,présent et futur s'entremêlent sous forme d'impressions fugaces ,un petit livre d'une poésie tout en douceur qui coule sereinement au fil des pages ,comme Philippe Delerm sait si bien le faire : un très grand poète aupres de qui nous cheminons et qui parfois nous fait retrouver sous sa prose ,le goût des choses anciennes.A conseiller pour les lecteurs sensibles à la poésie. ⭐⭐⭐⭐
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M. Chatel, instituteur fils d'instituteurs, nous raconte ses souvenirs d'enfance au temps des encriers encastrés dans les pupitres. Les classes d'automnes et les longs hivers contrastent avec l'été bleu et or et la couleur de juin : framboise comme la robe de la femme aimée.
Il est veuf. À René Guy Cadou et à Supervielle se mêlent alors l'amour perdu et les rêves de l'absence, la mémoire et l'imagination, sans colère ni rancune : « Il me faudrait des mots pour te chercher, pour te parler, et pour gommer l'espace entre mes rêves et toi lointaine. » (p 61)
Les temps se mélangent comme ceux de la grammaire et La cinquième saison est une saison qui n'existe qu'au coeur de la poésie. Comme il y a un irréel du passé, il y a un irréel du futur (p 133). Toutes les filles passées, présentes et futures sont « elle », la disparue juste avant ses trente ans. L'homme meurtri lui invente l'enfance qu'il n'a pas connue et l'avenir qu'elle n'aura pas, il l'a fait exister encore. Et il semblerait que l'écriture vaille mieux que la vie : « Je pense à ce vertige et cette soif : plonger dans le monde des livres, connaître ensuite son reflet » (p 110) et « Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mènent un peu plus près de ton sourire… » (p 50).
Le dialogue s'adresse à un « tu » mais c'est un monologue pour deux. S'il « ne veu[t] pas être le maître, dans ce théâtre d'ombres entre la mémoire et l'oubli. » (p 71), et s'il « apprend[s] comme il est simple et fort d'aimer tout seul. » (p 80), l'auteur rédige ce livre comme une lettre d'amour, qui est à la fois une lettre d'adieu.
Voir aussi anne.vacquant.free.fr/av/
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Aujourd'hui que les jours te font loin de mes mains, je pense à ces caresses qui me sont restées, à ces phrases de presque rien qui t'auraient amusée, à des histoires drôles - j'ai mal de ton rire lointain qui n'a pas résonné.
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C'est toi qui donnes la couleur, ce jour de juin l'été dernier. Tu me regardes et tu le sais. Parfois tu en auras assez de dessiner le jour, de mener les images. Mais ce soir tu veux bien. Plus tard quand nous ferons l'amour des caresses framboise me viendront. Car je ne voulais rien que ressembler au temps de toi. Tu es partie framboise.
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Il faut partir ou bien rester, cela revient au même gris. Je t'écris ça ce soir avec cette envie de mourir, la fatigue si longue; le chagrin seul me tient ici, brûlure au creux de la poitrine.
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Les filles sont un autre monde, et je m'en souviendrai. Elles deviendront cet ailleurs difficile où je te reconnais, pays à inventer pour le bonheur de passer la frontière.
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Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mène un peu plus près de ton sourire ; le souvenir ne te rend pas, mais tu sourds quelquefois de cette folie douce de t'écrire, avec au bout le son-vertige de ta voix.
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Vidéo de Philippe Delerm
Rentrée littéraire 2023 - "Les Instants suspendus" de Philippe Delerm
« Ce n'est pas un éblouissement, pas une surprise. On est tout à coup dans cette lumière-là, comme si on l'avait toujours habitée. On vient de sortir du tunnel. le train n'a pas changé de cadence, il y a juste eu un petit crescendo dans la musique, moins un bruit de moteur qu'une tonalité nouvelle, offerte au vent. Une infime parenthèse entre deux talus, et d'un seul coup : le paysage. Montagne, lac ou forêt, château en ruine ou autoroute, on sait tout absorber, tout devenir. »
Comme on les chérit, ces instants suspendus dans nos vies. Passer le doigt sur une vitre embuée. La mouche de l'été dans la chaleur de la chambre. le jaillissement du paysage à la sortie du tunnel ferroviaire…
Philippe Delerm n'invente pas ces moments, il les réveille en nous. Il leur donne une dimension d'horizon infini. On ne savait pas qu'on abritait tous ces trésors, Delerm les met en écrin. Entre humour subtil et nostalgie, un recueil dans la droite ligne de ses grands succès, La Première Gorgée de bière, La Sieste assassinée ou Les Eaux troubles du mojito.
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