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Critique de AnneVacquant


M. Chatel, instituteur fils d'instituteurs, nous raconte ses souvenirs d'enfance au temps des encriers encastrés dans les pupitres. Les classes d'automnes et les longs hivers contrastent avec l'été bleu et or et la couleur de juin : framboise comme la robe de la femme aimée.
Il est veuf. À René Guy Cadou et à Supervielle se mêlent alors l'amour perdu et les rêves de l'absence, la mémoire et l'imagination, sans colère ni rancune : « Il me faudrait des mots pour te chercher, pour te parler, et pour gommer l'espace entre mes rêves et toi lointaine. » (p 61)
Les temps se mélangent comme ceux de la grammaire et La cinquième saison est une saison qui n'existe qu'au coeur de la poésie. Comme il y a un irréel du passé, il y a un irréel du futur (p 133). Toutes les filles passées, présentes et futures sont « elle », la disparue juste avant ses trente ans. L'homme meurtri lui invente l'enfance qu'il n'a pas connue et l'avenir qu'elle n'aura pas, il l'a fait exister encore. Et il semblerait que l'écriture vaille mieux que la vie : « Je pense à ce vertige et cette soif : plonger dans le monde des livres, connaître ensuite son reflet » (p 110) et « Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mènent un peu plus près de ton sourire… » (p 50).
Le dialogue s'adresse à un « tu » mais c'est un monologue pour deux. S'il « ne veu[t] pas être le maître, dans ce théâtre d'ombres entre la mémoire et l'oubli. » (p 71), et s'il « apprend[s] comme il est simple et fort d'aimer tout seul. » (p 80), l'auteur rédige ce livre comme une lettre d'amour, qui est à la fois une lettre d'adieu.
Voir aussi anne.vacquant.free.fr/av/
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